Nos espérances

Excellent roman d’une grande vérité sur les femmes d’aujourd’hui
De
Anna Hope
Traduction : Élodie Leplat
Editions Gallimard,
368 p.
22 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

London Fields, 2004, un pique-nique réunit trois amies inséparables depuis l’adolescence.  Libres, intelligentes et cultivées, elles débordent de vitalité et savourent leur bonheur présent. Elles réalisent qu’à vingt-neuf ans, des voies multiples s’ouvrent encore à elles pour se construire un avenir personnel. En 2010 pourtant, à trente-cinq ans, l’insatisfaction est là, chacune a un combat à mener contre elle-même. Hannah se sent maudite, parce qu’elle n’arrive pas à avoir d’enfant. Elle, qui a si bien réussi sa carrière professionnelle, ne supporte pas cette défaite intime, qui l’obsède jusqu’à exaspérer Nathan, son mari, ou à envier rageusement  les parents qu’elle rencontre. Lissa tente vainement une carrière de comédienne, en lui sacrifiant tout, y compris la possibilité d’être mère. Confrontée à ses désordres amoureux, elle est perçue comme une perdante. Quant à Cate, sans avoir vraiment décidé quoi que ce soit, elle se retrouve totalement débordée par son bébé, encombrée par son compagnon et poursuivie par le  sentiment d’avoir tout raté. 

Leur amitié connaîtra de nombreux remous, car la rivalité a toujours pesé dans leurs relations. Capables d’élans généreux et de moments d’intense complicité, elles n’échapperont  pas aux jalousies, aux trahisons, voire aux rancoeurs. Quel bilan dresseront-elles en se retrouvant à London Fields en 2018 ?

Points forts

• Hannah, Lissa et  Cate incarnent  fort bien ces jeunes femmes des années 2000  en  quête d’une identité introuvable. Quelle place accorder à l’épanouissement professionnel par rapport à une relation amoureuse stable ou à la construction d’une famille ? Curieusement les libertés conquises par la génération précédente ne semblent pas les aider dans leurs choix, au contraire même ! 

• Comme l’annonce l’épigraphe, la maternité recherchée, refusée ou regrettée, reste primordiale dans leur vie. Elles prennent conscience du rôle déterminant de leurs propres mères,  exemples à imiter ou à fuir. L’une d’entre elles souffrira d’ailleurs de la perte de la sienne trop tôt. 

 • Le temps qui passe : même si elles ne s’en soucient pas jusqu’à vingt-neuf ans, elles se posent des questions à la quarantaine sur leur avenir qui semble rétrécir et elles se retournent  vers leurs parents présents, absents ou morts. 

Quelques réserves

• La construction sophistiquée du roman, en alternant les différentes époques et les personnages, s’apparente trop à un artifice connu des ateliers d’écriture.

• Des détails triviaux parfois, dont le lecteur se passerait volontiers.

Encore un mot...

En retraçant la vie de ces trois héroïnes très contemporaines, Anna Hope dévoile avec un réalisme saisissant leurs talents et leurs failles, alors que leurs  « espérances » se heurtent à leurs doutes et à leurs désillusions. Elle souligne aussi l'ambiguïté de l’amitié, jamais dépourvue de la rivalité originelle, toujours menacée par l’envie. Un roman d’une grande vérité sur les femmes d’aujourd’hui.

Une phrase

Elles ne sont plus jeunes, mais ne se sentent pas vieilles. La vie est encore malléable et pleine de potentiel. L’entrée des chemins qu’elles n’ont pas empruntés ne s’est pas encore refermée. Il leur reste du temps pour devenir celles qu’elles seront. p. 17

On s’est battues pour vous. On s’est battues pour que vous soyez extraordinaires. On a changé le monde pour vous et qu’est-ce que vous en avez fait ? (p. 78)

L'auteur

Née à Manchester, en 1974, Anna Hope a été actrice. Elle a publié Le chagrin des vivants (2014) et La salle de bal, prix des lectrices de Elle 2018.

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