
Willy and the Poor Boys
Production : John Fogerty
Label Fantasy Records
Sortie le 2 novembre 1969
Infos & réservation
Thème
CCR doit sa renommée à des choix d’inspirations variées et maîtrisées : Rock pur classique, mais avec leur originalité, Blues, Folk, et le style des bayous (qui donnera son nom à un autre album). Leur attirance pour le delta du Sud-Est fera qualifier leur style de Swamp Rock, alors qu’ils ne sont pas du pays.
Ce groupe californien de Rock finit par connaître le succès mondial, après dix ans d’obscur labeur (de fin 1958 à 1967) de galères et de mise au point.
Leur début est freiné par l’enrôlement quelque temps de deux membres dans l’armée U.S. pendant la Guerre du Vietnam.
Ils vont réaliser sept albums en cinq ans, avant de se séparer en 1972.
John Fogerty continuera sa carrière en solo, et le voilà devant nous en 2025 ! En effet, vous avez une occasion exceptionnelle d’entendre et de voir John Fogerty sur scène au Zénith de Paris le 26 juin prochain !
Points forts
Comme toujours, le CCR alterne habilement entre créations et reprises.
Leur album comporte dix titres :
Down on the corner
Voyez les photos de la pochette, prises dans les quartiers pauvres de Los Angeles. Le batteur use d’une planche à laver avec des dés à coudre à ses doigts, le bassiste se sert d’une cordelette tendue avec un manche en bois, reposant sur une caisse de lessiveuse. La maquette a été réalisée avec un magnétophone en extérieur, puis l’ingénieur du son a fait le reste. Rien de plus authentique pour une chanson des rues.It came out of the sky
Conte adulte sur un Rock endiablé :
Un objet tombe du ciel à la campagne dans le champ de Jody, et provoque affolement, commentaires et “ dinguerie” un peu partout.Cotton fields
Blues des plantations du sud, complainte pour un bébé qui remue dans son berceau.Poorboy shuffle
Instrumental à l’harmonica ronflant, avec une ligne de basse de derrière les cotons qui ont pourri sur place. Enchaînement subtil sans transition avec le blues suivantFeelin’ Blue
Avec le désespoir du pauvre hère, sous la pluie, loin de sa maison (comme Lucky Luke) qui est l’objet du dédain et à terme de la cordeFortunate son
Une des chansons phares du groupe, du pur Rock, dénonçant l’injustice de ceux qui ne vont pas au Vietnam du fait des relations haut placées, ceux qui sont nés avec une cuillère d’or dans la bouche, tous…à l’inverse des malchanceux (“ it ain’t me”) qui sont des “Fils de personne” (rappelez-vous de la version de Johnny Hallyday).Don’t look now
Balade sur les inégalités et les sacrifices dans le monde du travail.Midnight Special
Autre blues du Sud au sujet d’un train légendaire dont la ligne menait à un pénitencier, dans l'espoir d’obtenir une grâce du Gouverneur.Side o’ the road
Instrumental où les frères Fogerty se renvoient la balle avec virtuosité.Effigy
Un dernier blues pour clôturer ce quatrième album aux plages courtes, sonnant comme un avertissement : l’incendie pourrait mettre en péril la figure de l'autorité !
Quelques réserves
Celle-ci est réservée aux militaires; je n’en ai pas à l’égard de cet album.
Encore un mot...
Le CCR est lié à l’époque de la Guerre du Vietnam : ils y ont échappé ou en sont revenus, mais ils ont pris fait et cause contre elle. Leurs tubes de 1969 (Green River, Bad Moon Rising, Run through the jungle) servent de thème musical à un nombre incalculable de films, de séries et de montages sur les réseaux sociaux.
Leur musique, au sommet de sa popularité, soutient le moral des appelés pris entre le sens du devoir et l’envie de rentrer indemnes à la maison le plus vite possible.
Le Génie musical du CCR s’exprime, comme pour tous les grands groupes, dans la signature vocale forte, les riffs des guitares, reconnaissables entre tous, et le tempo bien assuré. Les amateurs vous diront “ça sonne le Creedence”. Le CCR s’exprime dans la forme également : dans chaque album, à l’exception de celui-ci, on trouve des arrangements résolument longs (I put a spell on you, Suzy Q, Born on the Bayou, I heard it through the grapevine) de 6 à 11 minutes ou plus ; ce qui est un problème pour le format en 45 tours et les Radios chargées de les passer.
Cela a permis à chaque musicien de s’exprimer sous forme de longs solos, de plages instrumentales auxquelles viendra se joindre un saxophoniste, dès 1970
Une phrase
« The White House said, "Put the thing in the Blue Room",
The Vatican said, "No, it belongs to Rome"
Jody said, "It's mine, but you can have it for seventeen millions" ! »
L'auteur
Les chansons sont signées de John Fogerty, à l’exception de deux titres (Midnight Special (1934) et Cotton fields (1940)) empruntés à Lead Belly natif de Louisiane (1885-1949), et aux nombreux Bluesmen qui les ont chantés avant lui.
John Fogerty : Chant, Lead guitar, harmonica, orgue
Tom Fogerty : Deuxième guitare, Chant
Stew Cook : Basse, Chants
Doug Clifford : Batterie
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