Signes

Le sourire kaléidoscopique de Carolyn Carlson
Chorégraphie : Carolyn Carlson
Musique : René Aubry
Décors et costumes : Olivier Debré
Lumières : Patrice Besombes
Avec les Étoiles, les Premières Danseuses, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra
Durée : 1h25
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Opéra Bastille
Place de la Bastille
75012
Paris
Du 21 juin au 16 juillet 2023

Thème

Créé en 1997 à l’Opéra Bastille, Signes est le fruit d’une collaboration entre trois grandes figures de la musique, de la peinture et de la danse. Inspiré par le sourire de la Joconde, Olivier Debré explore les mille et un visages de la joie à travers une série de tableaux aux couleurs vives et lumineuses. Sur les variations musicales composées par René Aubry, Carolyn Carlson traduit les sensibilités et les émotions en gestes, donnant vie à un ballet de nuances souriantes et poétiques.

Points forts

De même que l’existence précède l’essence, ici la nuance précède la danse. Pour répondre à la commande de l’Opéra de Paris en 1997, Carolyn Carlson a d’abord planté le décor de Signes dans les abstractions lyriques d’Olivier Debré. À partir de sept tableaux du peintre français – qui a également réalisé les costumes –, la chorégraphe a composé autant de vignettes dansantes, placées sous le signe du sourire. Tel un panache d’impressions colorées, du rouge carmin intense au bleu pastel irisé, le ballet se déploie comme un polyptyque fantastique, où défilent d’immenses formes géométriques et des personnages fantaisistes. Unies à la musique tantôt méditative, tantôt sautillante de René Aubry, la danse et la peinture distillent des ambiances kaléidoscopiques d’inspirations orientales et sinisantes, pleines d’humour et de gaieté. 

Sur chacune des sept toiles de fond, le corps de ballet déploie une palette singulière de pigments vivants. Le premier signe, celui du sourire, forme des vagues de silhouettes vêtues de noir, traversant au ralenti la scène voilée. Dans un registre presque bucolique, la « Loire du matin » fait place à des personnages facétieux, répétant une série de mimiques et d’enfantillages comme une joyeuse ritournelle. Le tableau des « moines de la Baltique » met en relief un ensemble exclusivement masculin, où les interprètes vêtus de costumes rouges et de noirs se livrent à un rituel martial envoûtant. Le duo incarné par Marion Gautier de Charnacé et Milo Aveque signe également un pas de deux remarquable aux « couleurs du Maduraï ».

Les dessins les plus somptueux sont esquissés par les deux figures principales qui traversent tous les tableaux. Hannah O’Neill est tout simplement radieuse dans cet univers de couleurs vives et chatoyantes. Étoile solaire dans une robe jaune ambré, ou étoile polaire aux reflets nacrés sur les « Monts du Guilin », la souplesse de ses arabesques se prolonge avec grâce jusqu’au bout de ses doigts. Quelques mois après sa nomination, elle inscrit son nom en lettres d’or sur ce ballet, avec celui des grandes danseuses qui l’ont précédée, de Marie-Claude Pietragalla à Marie-Agnès Gillot. À ses côtés, Florent Melac en impose par sa prestance et son élégance. Si les traits concentrés de son visage montrent qu’il cherche parfois ses marques, il est clair que le long manteau bleu royal lui va comme un gant. Des pas de deux dans « L’esprit du bleu » jusqu’à la « Victoire des signes », le duo de solistes fait naître une alchimie entre leurs couleurs primaires, offrant de sublimes moments d’onirisme et de calligraphie chorégraphiés.

Quelques réserves

Je n’en vois aucune, tant ce ballet de  Carolyn Carlson est un kaléidoscope enchanteur de gaieté  et poésie.

Encore un mot...

Malgré un contexte troublé, le Ballet de l’Opéra de Paris achève sa saison aux couleurs éclatantes d’Olivier Debré, sur les rythmes chantants de René Aubry. Porté par une nouvelle génération de danseurs, le ballet emblématique de Carolyn Carlson prouve qu’il a encore de beaux sourires devant lui.

Une phrase

« Le monde souffre de notre incapacité à exprimer notre humanité profonde. C’est pourquoi la danse est si populaire : elle nous offre une communication universelle par l’émotion, par la perception, sans le détour de la parole. Une langue sans mots : voilà la danse », Carolyn Carlson, livret de spectacle Signes, Opéra de Paris, 2022.

L'auteur

Née à Oakland (Californie, États-Unis) en 1943, Carolyn Carlson a fait ses classes au San Francisco Ballet et dansé avec les plus grandes compagnies du monde : Alwin Nikolais à New York, l’Opéra de Paris, le Teatro Danza, La Fenice à Venise, le Théâtre de la Ville à Helsinki… Lorsqu’elle arrive en France en 1971, son univers est pétri des conceptions du mouvement et de la pédagogie d’Alwin Nikolais. Un an plus tard, elle compose Rituel pour un rêve mort, un manifeste poétique qui définit une danse philosophique et spirituelle. Au terme « chorégraphie », Carolyn Carlson préfère celui de « poésie visuelle ».

Son travail a largement contribué à l’épanouissement des danses contemporaines françaises et italiennes, et fonde notamment l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson à La Cartoucherie en 1999. Son répertoire compte plus d’une centaine de pièces, dont Density 21,5, The Year of the horse, Maa, Signes et Writings on water. En 2006, elle est la première chorégraphe à recevoir le Lion d’Or à la Biennale de Venise. De 2014 à 2016, elle a été artiste associée au Théâtre National de Chaillot avec la Carolyn Carlson Company, puis développe de nouvelles formes de créations (une exposition muséale, un long-métrage dansé au cinéma…). En 2019 elle obtient la nationalité française et est élue l’année suivante membre de l’Académie des Beaux-Arts section chorégraphie.

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