Gauguin, l’Alchimiste

La matière dans le coeur, dans la peau et dans les mains
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Grand Palais
3 Avenue du Général Eisenhower
75008
Paris
0144131717
Jusqu'au 22 janvier 2018: Tlj sauf le mardi de 10h à 20h
Vu
par Culture-Tops

Thème

« Un peu de boue, et aussi un peu de génie ». Ce pouvoir de transfiguration, c’est celui de la matière selon Gauguin : une force qu’il a appris à exploiter tout au long de sa carrière, non seulement en peinture, ce qui a fait sa renommée, mais aussi en céramique, en sculpture ou en gravure, oeuvres plus confidentielles mais toutes aussi représentatives de l’homme et de l’artiste. C’est par ce traitement inépuisable de la matière chère à Gauguin, qu’elle soit physique mais aussi mystique ou sociale, que le Grand Palais choisit de jeter un nouveau regard sur l’immense production artistique de cet artiste, principal annonciateur de l’art moderne et l’un des plus grands artistes du XIXème siècle. 

Points forts

- Le spectre de la matière - sa diversité, son abondance, sa malléabilité - est une clé d’entrée originale et très maligne : évoluant dans une exposition à la fois thématique et chronologique, le visiteur verra d’abord sa curiosité éveillée dès l’entrée, dédiée aux premières années de travail de l’artiste, plus secrètes, au cours desquelles il produisait statues de bois et portraits en cire de ses enfants. Puis, après un passage en revue de l’époque de Pont-Aven, le visiteur se réjouira de finir sa visite, l’impatience exacerbée, par une large plongée dans l’oeuvre océanienne du peintre, la plus célèbre et peut-être la plus émotionnelle. 

- L’oeuvre de Gauguin est large, et le travail de recherche et de bibliographie tout aussi énorme, autant sur le processus créatif, les croyances ou le mode de vie de l’artiste : quel plaisir de découvrir par exemple les panneaux qui décorent l’entrée de sa maison-atelier aux Marquises ! 

Pourtant, bien que monumentale et fournie, la rétrospective reste tout à fait digeste et intelligible à un visiteur novice, qui profitera d’une vision presque exhaustive de l’oeuvre de Gauguin. 

Quelques réserves

- Il en est un, majeur : malgré un sujet exceptionnel et un traitement original, la scénographie de cette exposition est d’une platitude et d’une froideur stupéfiante. Je ne suis pas adepte des fanfreluches, de l’interactivité ou de la présence à outrance du multimédia dans les musées, mais je relève et regrette que pour cette rétrospective et pour plusieurs autres visitées récemment, l’innovation scénographique ne soit pas poussée à des niveaux supérieurs, et que l’art de l’exposition ne parvienne pas à se moderniser.

- Dans le cas présent, seulement deux courtes vidéos viennent ponctuer la succession terriblement linéaire des salles sombres - toujours sombres - de l’exposition, où l’on est parfois même surpris par l’ennui tant la mise en valeur des oeuvres est statique, froide et uniforme.

- Il est vrai que les productions de Gauguin sont telles qu’elles pourraient se suffire à elles-mêmes : mais quel dommage, lorsque l’on conçoit une rétrospective dont le sujet est l’extraordinaire traitement de la matière, que cette exposition ne soit justement pas à la hauteur de sa propre matière, c’est à dire l’oeuvre puissamment sensible et émotionnelle de Gauguin…! 

Encore un mot...

Une exposition majeure, mais qui par la sécheresse de sa scénographie, ne parvient pas à la hauteur de son sujet, et soulève la question du besoin de plus d’innovation et d’audace dans la mise en avant de notre patrimoine artistique. 

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