Jean Gabin dans la Guerre 1939-1945

Un grand bonhomme, ce Gabin
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris – Musée Jean-Moulin
23, allée de la 2ème Division Blindée – Jardin Atlantique
75015
Paris
01 40 64 39 44
Jusqu’au 18 février 2018: Du mardi au dimanche : 10h à 18h
Vu
par Culture-Tops

Thème

Cette exposition lève le voile sur un pan méconnu de la vie de Jean Gabin, ses années de guerre de 1939 à 1945. Par patriotisme, le grand acteur de cinéma s’est engagé dans le conflit militaire et n’a pas craint d’aller « à la riflette » comme il disait.

Points forts

1) Dans une vaste salle, de grands panneaux illustrés jalonnent comme autant d’étapes les années de guerre trépidantes de Jean Moncorgé alias Jean Gabin. Reproductions de photos, d’affiches, de coupures de presse, de courriers officiels…, toutes sont clairement légendées, bien racontées, avec une volonté affirmée de didactisme. Dans des vitrines, quelques souvenirs personnels du fusilier marin Moncorgé (un ceinturon, un étui à pistolet, deux casquettes d’officier et son sac, à son nom, frappé de son matricule).

2) Réserviste de la classe 1924, Jean Gabin est d’abord mobilisé comme premier maître à Cherbourg en 1939, mais la drôle de guerre s’enlise. Refusant de participer à des productions cinématographiques allemandes, il finit par partir à Hollywood, tombe très amoureux de Marlène Dietrich et paraît dans deux films dont « L’Imposteur » de Julien Duvivier, à la demande du cabinet du général de Gaulle.

En avril 1943, il s’engage dans les Forces navales françaises libres. Embarqué à bord d’un escorteur de pétrolier, l’Elorn, il traverse l'Atlantique en convoi à destination de l’Afrique du Nord. Ils sont attaqués par des sous-marins allemands et bombardés par la Luftwaffe au large du cap Ténès. Petite anecdote savoureuse : se trouvant trop âgé pour porter le bachi, le bonnet de marin à pompon rouge, Jean Gabin demande la faveur d’être promu second maître, grade qui lui permet de porter une casquette.

3) À Alger, il est nommé instructeur au Centre Siroco, l’école des fusiliers marins. Un excellent pédagogue aux dires de ses supérieurs et de ses élèves parmi lesquels Roland Lesaffre, qui sera son partenaire dans « L’Air de Paris » de Marcel Carné, et le boxeur Marcel Cerdan.

4) Lui qui pourtant a le terreur du feu et souffre de claustrophobie, il n’hésite pas à se porter volontaire pour devenir chef du char Le Souffleur II. Au printemps 1945, il participe à toute la fin de la campagne de la division Leclerc : la libération de la poche de Royan puis la campagne d'Allemagne qui le conduit à Berchtesgaden, au nid d'aigle de Hitler.

5) À la fin de la guerre, il est décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre. Démobilisé en 1945, il refuse d’attendre quelques jours, comme le lui propose son supérieur Dan Gélinet, pour défiler sur les Champs-Elysées le 18 juin 1945 en présence de de Gaulle. Il ne souhaite pas parader. Il regardera quand même le défilé d’une fenêtre de l’hôtel Claridge, ému aux larmes.

6) Par pudeur, il n’évoquera jamais ses faits d’armes. Revenu au cinéma, il refusera de camper le résistant des « Portes de la nuit » et le film « Paris brûle-t-il ? ». D’ailleurs, à l’exception du « Napoléon » de Guitry où il joue brièvement le maréchal Lannes, il refusera tous les films de guerre et tous les rôles de militaire. C’est à peine s’il ressortira sa casquette de fusilier marin pour son rôle de vieux loup de mer mythomane dans « Le Drapeau noir flotte sur la marmite » de son ami Michel Audiard en 1971. En fait, il restera fidèle à sa maxime : « La guerre, c’est pas du cinéma ! ».

Quelques réserves

Ce petit musée passionnant situé au dessus de la gare Montparnasse est bien discret. Il faut vraiment le chercher pour le trouver. Pourquoi est-il si mal et si peu indiqué dans la gare ? Pourtant rien de mieux pour patienter entre deux trains que d’en faire la visite.

Encore un mot...

Merveilleux comédien, Jean Gabin fut un des très grands du cinéma français ; à la ville, l’homme avait la même hauteur. La sincérité de son engagement militaire pendant la Seconde Guerre mondiale, la qualité de ses services, son courage, sa modestie et surtout l’élégante discrétion qu’il adoptera toute sa vie sur cette période forcent le respect.

Une phrase

Raymond Thiebault, conducteur du char Le Souffleur II, dont Jean Gabin était le chef : « On avait du respect pour lui. Parfois on ne comprenait pas sa motivation à venir se mettre dans un pétrin pareil. Pour sûr, nous étions tous admiratifs de son engagement et de son comportement amical et sincère avec nous. Côté militaire, il n’a pas démérité et a été un bon chef de char sur qui on pouvait s’appuyer. »

L'auteur

Commissaire de l’exposition, Patrick Glâtre est chargé de mission Images & cinéma à la direction de l’Action culturelle du Conseil départemental du Val-d’Oise, là où Jean Gabin a passé son enfance, à Mériel où un musée lui est entièrement consacré. Passionné par son sujet, Patrick Glâtre a écrit deux livres, « Jean Moncorgé-Gabin, acteur de la libération de Royan », aux éditions Bonne-Anse; et « Gabin-Dietrich, un couple dans la guerre »,  chez Robert Laffont.

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