Miss.Tic, Je suis partie pour rester

La première exposition parisienne d’une figure tutélaire de l’art urbain
Entrée libre.
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Galerie Mathgoth
1, rue Alphonse Boudard
75013
Paris
Jusqu'au 25 octobre, du mercredi au samedi de 14h30 à 19h00 le dimanche de 15h00 à 18h00

Thème

Trois ans après la disparition de la pionnière du street-art, la galerie Mathgoth organise la première exposition dans le 13ème arrondissement, à deux pas de son atelier. Cet événement est le fruit d’un travail avec Antoine et Charlotte Novat, qui forment l’entité Atelier Miss.Tic, ses beaux-enfants, et Mathilde et Gautier Jourdain, fondateurs de la galerie Mathgoth.

À la suite de l’hommage institutionnel rendu au Palais des Papes en 2024, cette exposition parisienne propose une déambulation plus personnelle dans l’univers de l’artiste, en écho à la rue où elle a commencé.

L’exposition :

Depuis les années 80, Miss.Tic a tatoué les murs parisiens, avec légèreté et gravité, humour et provocation.

Du 13e arrondissement à Montmartre, ses pochoirs ont exprimé la liberté, le désir, l’amour, l’ironie, la fragilité et ont raconté la ville, son rythme, ses histoires, ses passants.

Plasticienne et poétesse, Miss.Tic a été l’une des premières artistes à afficher la poésie dans la rue, à mêler texte et image dans l’espace public, bien avant que le Street Art ne devienne un phénomène reconnu. Par la force tranquille de son œuvre et sa personnalité affirmée, elle a su s’imposer dans un milieu largement masculin.

Le parcours permet de découvrir une soixantaine d’œuvres, des objets personnels, des documents de travail, des photos inédites, des matrices de pochoirs jamais exposées. Une salle entière est dédiée à des vidéos d’archives, livrant un regard sensible sur son processus de création.

L’exposition met en lumière des grandes thématiques qui traversent son œuvre (la politique, l’érotisme, l’humour, les rapports entre les hommes et les femmes) toujours empreintes de liberté, poésie et tendresse souvent désarmante.

  • Paris, une histoire capitale

Née à Paris et révélée sur les murs parisiens, Miss.Tic a fait de la capitale une véritable complice. Ses pochoirs, visibles du 13ème arrondissement à Belleville, en passant par Bastille ou les Halles, sont de véritables confidences offertes à la ville, qu’elle considérait comme la plus belle galerie à ciel ouvert du monde.

  • Des éclats de philosophie sous la peinture

Sous l’humour et la poésie, l’œuvre de Miss.Tic porte une véritable dimension philosophique. Ses réflexions livrent ses éclats de lucidité, ses doutes jetés sur les murs comme autant d’invitations à penser. 

  • Présidente d’une politique sans parti

Miss.Tic a fait de l’art une arme politique. Ses aphorismes détournent les slogans, démasquent les discours d’autorité et dévoilent l’absurde des certitudes. Sans dogmes ni bannières, elle oppose à la langue du pouvoir une parole libre, ironique et poétique.

  • La charge érotique

Chez Miss.Tic, l’érotisme n’est jamais ornemental. Ses silhouettes féminines, à la fois séduisantes et irrévérencieuses, font chavirer les clichés de la femme fatale par l’humour et l’autodérision. 

Points forts

L’exposition s’attache à mettre en lumière le style unique, poétique et militant de Miss.Tic :

Ses œuvres de « poésie urbaine et jeu de mots », associent des phrases courtes, percutantes à des silhouettes féminines stylisées, inspirées des ombres chinoises ou des graffitis. 

- Un jeu avec l’espace public : l’artiste a toujours détourné les murs parisiens pour en faire des supports de réflexion sur la société, le genre, ou l’art lui-même.

- Une influence littéraire : le travail de Miss.Tic dialogue avec la poésie surréaliste (Breton, Prévert) et la philosophie, tout en restant accessible.

- Un engagement féministe et politique : Miss.Tic utilisait l’espace public traditionnellement masculin, pour réaffirmer la présence des femmes en dénonçant les stéréotypes.

- Une critique sociale : ses œuvres abordent aussi avec ironie la précarité, la consommation, ou la gentrification. 

- Lanonymat comme arme : Miss.Tic signait rarement ses œuvres, préférant que le message prime sur l’ego, une posture rare dans le street art.

- Une technique maîtrisée : contrairement aux graffitis classiques, ses pochoirs permettaient une exécution rapide et précise, avec des jeux de couleurs limitées (noir, blanc, rouge) pour un impact visuel fort. En plus des murs, elle intervenait sur des affiches, des panneaux de signalisation, ou des objets abandonnés, transformant le banal en politique.

Pionnière du street art féminin dans les années 1980–2000, Miss.Tic était l’une des rares femmes à marquer le paysage parisien, ouvrant la voie à des artistes comme Banksy pour le texte ou Invader pour l’appropriation de l’espace.

Quelques réserves

Aucune réserve! Cette exposition est incontournable pour les amateurs d’art urbain, les féministes, les poètes, les nostalgiques de Paris et les amoureux de la poésie dans la ville.

Encore un mot...

Le catalogue de l’exposition (20 €) est en vente dans la galerie : 68 pages - 87 illustrations couleur.

Une illustration

La poésie est un luxe de première nécessité ©Atelier Miss.Tic

L'auteur

Miss.Tic, de son vrai nom Radhia Novat, est née à Paris en 1956.  Dès 1985, elle choisit le pochoir comme technique principale et les murs de Paris comme terrain d’expression directe, inventant un langage visuel et littéraire qui mêle aphorismes percutants et silhouettes de femmes libres, impertinentes et intelligentes.

Fille d’un ouvrier tunisien et d’une mère normande, Miss.Tic grandit à Montmartre puis à Orly. Son enfance est marquée par un drame : à dix ans, elle perd sa mère, son frère et sa grand-mère dans un accident de voiture. Ce choc la laisse handicapée de la main droite, et profondément traumatisée. Elle n’a que 16 ans à la mort de son père. Elle rejoint des troupes de théâtre de rue et voyage longuement, notamment en Californie. A 29 ans elle revient à Paris, où elle commence à peindre sur les murs de la ville.

Son pseudonyme vient du personnage de Disney Miss Tick : une sorcière rusée mais toujours perdante face à Picsou.

Ce nom, à la fois féminin, ironique et légèrement désenchanté, annonce le ton de toute son œuvre. 

Au début, Miss.Tic ne peignait que du texte, faisant de la poésie une présence forte et visible dans la rue. Rapidement, pour donner plus d’impact et de force à ses messages, elle ajoute des portraits féminins. D’abord ses autoportraits dans des poses simples, puis des figures féminines issues des magazines de mode, qu’elle détourne avec ironie pour leur donner des mots et une pensée. Elle comprend également que la brièveté est essentielle, et ses textes se font plus courts et plus denses. 

Son travail, profondément singulier, marque une rupture dans l’art urbain : Miss.Tic est la première à inscrire la poésie dans la rue, faisant du texte un élément aussi essentiel que l’image.

Son travail novateur est immédiatement remarqué : première exposition collective et première exposition personnelle en 1986. Deux ans plus tard, le Fonds municipal d’art contemporain de la ville de Paris fait l’acquisition de 6 œuvres sur papier, confirmant son importance dans le paysage artistique.

Miss.Tic mène de front son travail de rue et d’atelier. Elle mêle interventions éphémères et œuvres pérennes, développant un art accessible, poétique et critique. Au fil des années, elle collabore avec des marques, crée des timbres-poste, conçoit des affiches pour le cinéma et réalise des commandes publiques.

En 1997, elle est arrêtée en flagrant délit par la police à Paris et condamnée à une amende de 20 000 francs pour peinture sans autorisation. Elle ne comptait plus les innombrables gardes à vue qu’elle avait déjà vécues avec son acolyte nocturne, Mr. Lolo. Mais après le choc de cette condamnation officielle, elle décide de ne plus peindre illégalement et demande systématiquement l’autorisation préalable pour ses interventions dans l’espace public.

Reconnue très tôt par les galeries et les institutions, elle est régulièrement exposée en France comme à l’étranger.

Certaines de ses œuvres ont intégré d’importantes collections publiques, dont le Victoria and Albert Museum de Londres, le Mucem à Marseille, le musée Ingres de Montauban, ainsi que, depuis février 2025, le Centre Pompidou, qui a fait l’acquisition de dix-sept de ses œuvres. Elle figure également dans la collection permanente de la Cité internationale de la langue française, à Villers-Cotterêts.

Miss.Tic est décédée à Paris en mai 2022 laissant derrière elle une œuvre à la fois populaire et profondément littéraire, qui continue d’interpeller.

La galerie Mathgoth

Fondée à Paris en 2010 par Mathilde et Gautier Jourdain, collectionneurs passionnés, la galerie Mathgoth est dédiée à l’art urbain. 

Avec une sélection exigeante d’artistes, elle s’est imposée comme un acteur majeur du Street Art et a initié plus d’une cinquantaine de fresques monumentales à Paris et dans sa région, ainsi que dans d’autres villes comme Calais, Marseille, Nancy, Boulogne-sur-Mer, Épinal ou Verneuil-sur-Seine.

Curateurs d’expositions ambitieuses et exigeantes, Mathilde et Gautier Jourdain conçoivent des projets singuliers, comme Accord de Paris (2019) avec Bordalo II ou 60 ans d’Éphémères avec Gérard Zlotykamien (2023). Ils sont également sollicités par des musées pour des commissariats institutionnels : Conquête Urbaine (2019) au musée des Beaux-Arts de Calais, retraçant l’histoire de l’art urbain à travers plus de 60 artistes, ou

Stories (2023) au musée de L’Hospice Comtesse de Lille, première rétrospective institutionnelle de Jef Aérosol.

Depuis la création de la galerie, Mathilde Jourdain en assure la direction et a orchestré plus de 80 expositions d’envergure. Gautier Jourdain est quant à lui membre fondateur de l’association Le M.U.R. Oberkampf et de la Fédération d’Art Urbain.

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