Hillbilly élégie

Du lourd, sur un sujet casse-gueule
De
JD Vance
Editions Globe
Notre recommandation
4/5

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Thème

C’est un récit autobiographique dans lequel l’auteur nous décrit simplement sa vie au sein de sa famille de pauvres « péquenots » des collines des Appalaches dans ce que nous appellerions l’Amérique profonde. C’est la description du mode vie des « petits blancs », descendants des pauvres immigrés européens qui ont trouvés du travail dans les aciéries du Midwest puis quand les usines se sont éteintes, ils sont restés là en espérant des jours meilleurs. Le chômage s’est installé puis l’alcool, la drogue, les couples désunis, l’ennui, le surendettement, la volonté de travailler qui s’effiloche et les enfants abandonnés à la rue. 

Dans ce milieu déprimant émerge la figure de la grand-mère prolétaire de JD Vance, riche du sens de l’honneur, du devoir et de l’effort, qui le protégera et le motivera à faire des études jusqu’à sortir diplômé de Yale.

Points forts

Cela aurait pu être un mémoire pompeux et rébarbatif sur la condition ouvrière lorsque le travail a disparu. Mais en parlant à la première personne, JD Vance rend le récit alerte, vrai et captivant sans tomber dans le mélo.

C’est un récit intéressant car il parle sans langue de bois et sans honte d’une réalité souvent cachée : aux Etats-Unis il n’y a pas que les noirs qui sont pauvres et ce n’est pas en comptant uniquement sur les aides sociales que l’on peut s’en sortir. C’est une bonne analyse de la manière dont ces « petits blancs » deviennent déconnectés des réalités de la vie au point de ne plus pouvoir prendre de décisions pour eux-mêmes mais aussi pour leurs enfants.  

Le livre illustre bien comment historiquement la classe ouvrière blanche qui votait Démocrate a basculé vers un vote Républicain massif à la dernière élection gagnée par Donald Trump.  

Quelques réserves

Le livre peut déranger ou agacer car la démonstration de l’auteur est très orientée et sévère : si les pauvres restent pauvres c’est principalement à cause d’eux.

JD Vance ne semble pas reconnaitre que dans nos sociétés l’Etat a le devoir d’aider les régions en faillite économique à se reconvertir et de maintenir la qualité des services publiques, surtout les écoles pour que la population puisse rebondir en restant sur place. Car pour les pauvres il est souvent impossible de faire ses valises pour aller chercher du travail ailleurs, surtout s’ils sont d'une intelligence moyenne, ce qui n'est manifestement pas le cas de JD Vance...

Encore un mot...

« Aide toi et le ciel t’aidera » surtout si tu es fils et petit-fils de prolétaires vivant dans une région en faillite économique. On peut ne pas être d’accord avec cette affirmation mais JD Vance défend honnêtement son point de vue. 

Ce livre est aussi un beau témoignage sur le bonheur pour un enfant d’avoir une famille, même la pire !

Une phrase

"Tel était le monde dans lequel je vivais : un monde de comportements irrationnels. Nous créons notre propre pauvreté en achetant des téléviseurs géants et des iPad. Nos enfants sont bien habillés grâce à des crédits à la consommation aux taux d’intérêts stratosphériques et à des prêts à très court terme. Nous achetons des maisons trop grandes pour nous, achats que nous refinançons au prix fort, puis, ne pouvant plus rembourser notre emprunt, nous les quittons en laissant derrière nous une vraie décharge. L’épargne n’est pas notre hobby préféré. Nous dépensons pour avoir l’air riche. Et quand le brouillard retombe-que la faillite s’abat ou qu’un proche paie pour nous arracher à notre idiotie - il ne reste plus rien. Rien pour payer les études des enfants, aucun investissement pour produire de la richesse, pas de filet de sécurité au cas où on perdrait son job. Nous savons que nous ne devrions pas tout claquer ainsi. Nous nous en voulons, mais nous le faisons quand même."

L'auteur

J.D. Vance, né en 1984, est un jeune avocat, diplômé de Yale. Il vit en Californie et travaille dans une société d’investissement en Capital Risk. C’est, pour l'instant, son unique livre.

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