La femme qui tuait les hommes

De l'artillerie lourde, beaucoup trop caricaturale
De
Eve de Castro
Editions Robert Laffont
Notre recommandation
2/5

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Thème

Deux histoires se croisent, celle de Jeanne, ancienne couturière à l’opéra de Paris et celle de Lena, paysanne russe au tournant du 20e siècle. 

Jeanne n’a pas eu beaucoup de chance avec leshommes : ils voulaient tous la sauter et ne s’en privaient pas, que ce soit les artistes du cirque dans lequel elle travaillait jeune fille ou ceux qu’elle a côtoyés plus tard dans leur loge au Palais Garnier. Son seul amour, Maurice, est mort prématurément à Samara en Russie, la mettant ainsi en relation avec l’histoire de Lena. 

Léna n’a pas eu de chance, elle non plus, en épousant un alcoolique qui la battait grave et dont elle s’est vengée en le tuant d’abord, puis en tuant les maris de toutes les femmes battues ou malheureuses qu’elle rencontrait - et Dieu sait qu’il y avait du monde!

Pas de chance encore pour Léna avec Lénine, qu'elle adorait, bien qu’elle ait compris son ignorance quant à la vraie souffrance du peuple: il n’avait aucune considération pour elle, en retour.

Suprême vengeance de Léna et des autres par Jeanne qui, dans son âge avancé, fait écrire la vie de Lena par un auteur de roman, furieux coureur de jupon et mépriseur des femmes. Elle empêche cet homme-là de toucher son prix littéraire en le jetant par la fenêtre. Bien fait !

Points forts

1. C’est bien écrit.

2. Les contextes historiques et sociaux font voyager et sont décrits de façon intéressante : notamment une vision réaliste de la Russie tsariste, une analyse perspicace de la mainmise de Lénine sur le peuple russe…

Quelques réserves

1. Les très nombreux allers et retour dans le temps et dans l’espace compliquent la lecture

2. Qu’il y ait eu des ivrognes qui battaient leur femme dans la Russie de 1900, c’est certain et c’est horrible, qu’il y ait eu des artistes qui lutinaient des couturières au palais Garnier, c’est certain aussi. Mais à lire cet ouvrage, on est vite consterné par l’obsession de son auteur.

Encore un mot...

Je pense que pour faire passer une idée, quelle qu’elle soit - en l’occurrence les hommes sont (ou étaient) des salauds - il faut mettre un peu de finesse dans le message. Là, c’est de l’artillerie lourde.

Une phrase

« Parce qu’on fabrique ses rêves avec les matériaux qu’on a. Je viens d’en bas, Volodia. Je suis de ceux qui tirent un jour après l’autre, le dos rond, la nuque basse, comme mon batelier tirait ses barges le long du fleuve. En levant la tête, j’ai rarement vu beaucoup plus loin que le seuil de l’isba où une femme pleurait sou le joug d’un homme. Cette femme était ma sœur, elle avait besoin de mon aide. Cet horizon-là m’a suffi. »

L'auteur

Eve de Castro est diplômée de Sciences Po et a fait des études de droit international et d’histoire avant de devenir écrivaine. Elle est lauréate du Prix des libraires, Prix des Deux-Magots ("Nous serons comme des dieux"), et Prix Maurice Genevoix. Elle est également scénariste ("Le roi danse") et journaliste; elle collabore notamment au Figaro littéraire.

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