
La Terrasse
Parution en août 2024
352 pages
21 €
Infos & réservation
Thème
C’est l’été, au Portugal. En observant une galerie de personnages inconnus, mais qui sont là, à la terrasse, en vacances, le narrateur, lui aussi à la terrasse et en vacances, imagine, par un exercice de déchiffrement à distance, quelles sont leurs personnalités, leurs rapports et le vécu intérieur de leurs existences passées. Qui sont les personnages ? Un Américain et sa femme, un autre couple, une mère avec son fils, un très jeune couple, une femme seule avec une robe céladon, un jeune homme qui écrit, et Tiago, le serveur.
Sur la terrasse, les comportements ont le goût de l’inachevé, que ce soit l’amorce d’un désir qui reste en suspens, la communication qui n’aboutit pas entre des gens qui s’y emploient pourtant et qui s’aiment, le sentiment de solitude nourri par la déconsidération de soi-même ou par l’image omniprésente d’un père disparu ou encore la promesse d’un amour juvénile…
Mais le narrateur, parfois, se trompe et s’en rend compte, ce qui lui permet de construire d’autres spéculations à nouveau imaginaires.
À ce propos, qui est le narrateur qui parle à la première personne et est un personnage en scène comme les autres ?
Points forts
L’auteure imagine dans leur détail les composantes des personnages, d’une part celles à la fois majeures, omniprésentes et d’autant plus puissantes qu’elles sont souvent silencieuses et d’autre part celles subtiles, infimes, secrètes, telles des ondulations insaisissables et pourtant composantes si importantes puisqu’elles constituent l’identité et la nature profonde des êtres.
L’auteure évoque les ébauches d’actions, les bifurcations qui auraient pu être prises, les choix qui n’ont pas été faits et qui auraient pu changer le destin des êtres. Mais ces devenirs avortés, ces abandons d’engagements constituent également des composantes essentielles inscrites dans notre nature profonde.
Quelques réserves
Quelques longueurs et légères redondances, mais peut-être sont-elles nécessaires dans cette œuvre qui est un récit de lenteur, une lenteur appropriée.
L’auteur pousse ses analyses imaginaires si loin qu’on peut se demander si l’on ne quitte pas parfois l’authenticité du récit pour un exercice de virtuosité.
Encore un mot...
La plume est vive, élégante, agréable à lire, un peu satisfaite d’elle-même parfois, mais délicate et ponctuée de temps à autre d’un commentaire espiègle d’un ou deux mots.
C’est une œuvre d’amour. Amour par l’attention toute en profondeur que cultive Christine Montalbetti sur les êtres, amour par la tendresse et la douceur qui imprègnent son discours, amour aussi par l’invitation sous-jacente qui nous est peut-être adressée d’adopter ce même regard sur ceux qui nous entourent.
Une phrase
« Je sentais bruire toutes ces vies autour de moi, et j’avais l’impression qu’il suffisait que je pose mon regard sur tel client ou telle cliente de cet hôtel pour qu’aussitôt le fil de son histoire se dévide. » p.23
« Et sans doute la vérité de la personne dont on parle, dans tout ça, au lieu de se dévoiler, s’épaissit de couches successives, sans doute que chaque avis, au lieu de la révéler, l’obscurcit. » p.326
L'auteur
Née en 1965 au Havre, Christine Montalbetti, ancienne élève de l'École Normale Supérieure, est maître de conférences en littérature française à l'université Paris-VIII après avoir occupé cette fonction à l'université de Rennes 2 à partir de 1994.
Auteure de plus d’une dizaine de romans, Christine Montalbetti a reçu à Berlin le prix franco-allemand 2014 de littérature contemporaine pour Plus rien que les vagues et le vent (P.O.L, 2014).
Elle est auteure de trois pièces de théâtre dont La Conférence des objets, 2020, prix Emile Augier de l'Académie française.
Sur Culture-Tops :
Ajouter un commentaire