L'amour est aveugle

Entre Stevenson et Tchekhov, un Boyd grand cru.
De
William Boyd
Ed. du Seuil, 484 p.
Recommandation

Le dernier roman de William Boyd est une réussite sur toute la ligne. L'amour est peut-être aveugle, mais un très grand talent ça se voit... 

Notre recommandation
5/5

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Thème

Brodie Moncur, ce grand écossais à lunettes, est doté d'une oreille absolue. Devenu accordeur de piano hors pair chez Channon à Edimbourg, il part exercer ses talents à Paris. Ses initiatives commerciales modernes et audacieuses propulsent la marque écossaise au sommet : il a l'idée géniale de payer des concertistes célèbres qui joueraient sur un de ses instruments. Il rencontre alors John Kilbarron, le « Liszt irlandais » à la vélocité unique, qui l'engage à son service. Brodie tombe fou amoureux de sa compagne Lika, une jeune cantatrice russe d'une grande beauté. Unis par une passion réciproque et clandestine, les deux amants  tentent d'échapper à la jalousie maladive du virtuose, le plus souvent ivre, et à la surveillance menaçante de son frère lors d'un séjour mémorable en Russie. Mais tout va se gâter pour ces amoureux imprudents : la découverte d'une tuberculose sévère pour lui, un duel qui tourne mal, une fuite éperdue, une rupture déconcertante et enfin l'exil dans une île indienne ...

Points forts

  • Un roman européen en diable par le trio, composé d' un écossais amoureux de la compagne russe d'un irlandais, et par les lieux traversés : de « l'austère et froide Ecosse » à la France rayonnante, en passant par l'ardente Russie ...
  • Des descriptions très vivantes des villes, des quartiers, des hôtels, et aussi des coutumes, des habitudes, des saveurs dans le contexte choisi de 1894 à 1906.
  • Brodie, un personnage très attachant : le seul de sa nombreuse famille à comprendre qu'il doit se libérer de la férule de son père détesté, un ivrogne despotique. Entreprenant et sociable, il aime la vie et séduit tous ceux qu'il rencontre. Egaré par le désir insensé qu'il éprouve pour Lika, il l'aimera aveuglément jusqu'au bout, en refusant de voir les ombres de ce personnage trouble.
  • Passion amoureuse et passion musicale se rejoignent, comme si l'amour et la musique exerçaient le même pouvoir envoûtant. Un moment-clé est celui de la chanson folklorique, souvenir de sa mère, jouée par Brodie au piano, qui fait pleurer Lika.

Quelques réserves

  • Je n'en vois pas.

 

Encore un mot...

Un roman enlevé, plein de rebondissements et de surprises, dans le milieu musical, à l'aube du XXème siècle. On retrouve avec bonheur les talents de William Boyd : la vraisemblance des personnages dans une histoire bien ficelée,  la dérision et l'ironie de son ton, ainsi que la légèreté et l'aisance de sa plume. Un très bon cru de la part de cet écrivain anglais si francophile, qui s'inscrit dans la filiation de Stevenson et de Tchekhov !

Une phrase

Ou plutôt deux:

  • « Une tornade ... On pouvait être un excellent et talentueux pianiste, comme Dimitri, mais des artistes comme Kilbarron atteignaient un niveau inaccessible, presque surhumain. » p. 106
  • « Il y a trois choses indispensables pour devenir un pianiste de ma stature, annonça Kilbarron sans trace d'arrogance ... Sensibilité, virtuosité, vélocité. » p.125

L'auteur

William Boyd, né en 1952, vit entre Londres et la Dordogne. Il est l'auteur d'une quinzaine de romans souvent primés, de nouvelles, de pièces de théâtre et d'essais. Citons Un Anglais sous les tropiques (1984), A livre ouvert (2002), La Vie aux aguets (2007).

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