
Le bon Denis
Publication le 3 avril 2025
127 pages
18,50 euros
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Thème
C’est l’histoire d’une petite fille en quête d’un père fantôme cherchant et questionnant une mère hautaine, impassible, floue.
Arrivée à un âge qui demande à creuser son propre sentiment pour comprendre, partant d’une réalité à reconsidérer, cette petite fille devenue adulte, ne pouvant se suffire des réponses trop évasives de sa mère, s’envole vers le pays où habite « ce » père.
À partir d’une image forcément idéalisée par des informations nébuleuses et insuffisantes, la jeune fille va découvrir les « morceaux » d’un puzzle familial plus complexe.
Au-delà de l’histoire d’un couple et du questionnement de l’enfant, c’est l’histoire de l’identité et des apparences.
« Sombre, peau, nez camus, lèvres grosses », phrase écrite trois fois, tout s’inscrit là, part de là dans cette inscription de ces apparences et de ses interférences, face à un couple mixte dont chaque protagoniste est issu de sa propre « géologie ».
Points forts
La construction en quatre parties qui sont presque indépendantes dans leur narration.
La relation mère-fille (difficile, jamais vraiment entre deux adultes, toujours figée dans la relation d’enfant à parent).
La description du père « volatilisé » dont l’image s’impose au fur et à mesure du récit.
La quête de la petite-fille, jeune-fille, femme ; on sent bien ses trois états.
La partie 2 sans point ni virgule où s’ écrit l’enfance de la femme et du mari, m’a semblé vouloir « faire couple ». Pas de séparation.
La fin qui libère alors qu’elle aurait pu l’enfermer.
Quelques réserves
L’écriture au début de ma lecture m’a paru être un peu appliquée…
Encore un mot...
…Mais au fur et à mesure j’en ai goûté toute la qualité. Pas de clichés, des mots portant tout de suite leur sens sans fioriture inutile. Et ce récit - publié dans la collection Traits et portraits des éditions Mercure de France, où s’insèrent des photos personnelles, familiales - devient à la fois roman et récit.
Une phrase
“Il me semblait qu’elle inventait des faux secrets pour mieux m’éloigner des vrais, ceux qu’elle scellait farouchement en son cœur devenu sauvage, fier, primitif.” (p. 26)
“Le peu que je savais de Denis, je consacrais les semaines suivantes à tenter de l’enrichir au travers d’une quête rêveuse, prudente, tâtonnante.” (p. 35)
“On a peur comme on respire, comme on vit, et ce que serait une existence dénuée de peur n’est pas même imaginable.” (p. 55)
“Tant de malentendus, de stupeurs extravagantes et de rancœurs absurdes pouvaient naître d’une maîtrise défectueuse du langage.” (p. 100)
L'auteur
Prix Femina en 2001 pour Rosie Carpe, Prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes, prix Marguerite Yourcenar en 2020 pour l’ensemble de son œuvre, Marie Ndiaye a écrit une vingtaine de romans, une dizaine de pièces de théâtre (Royan. La professeure de français, Gallimard, 2020) et des romans de jeunesse (Le Souhait, École des loisirs, 2005). Elle poursuit son œuvre vaste et constante reflétant la quête intérieure et infinie de ses personnages.
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