Les deux morts de Charity Quinn

Les meurtriers ne sont pas toujours ceux auxquels on pense... Beau suspense !
De
Katerina Autet
Robert Laffont, coll. La bête noire,
Juillet 2022
270 pages
19€
Notre recommandation
4/5

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Thème

A Georgetown, dans le quartier chic de Washington, Charity Quinn, avocate célèbre qui défend des criminels et souvent obtient leur relaxe, ce qui lui vaut pas mal de désapprobation, est victime d'un accident, apparemment domestique : le miroir au-dessus de son lit est tombé sur elle, lui défigurant le visage. Néanmoins, la "Crim" envoie sur place deux inspecteurs débutants, Helena et Ethan qui vont peu à peu envisager une tentative de meurtre. Qui aurait intérêt à voir mourir l'avocate ? Ses filles ? Son majordome ? Son associée ? Son futur mari ? Et pourquoi, sur son lit d'hôpital, garde-t-elle obstinément le silence ?  Qui, au final, trouve le moyen de la faire mourir dans cet hôpital ?

Points forts

Tout  est excellent dans ce roman policier : le suspense est parfaitement maîtrisé et l'intrigue bien ficelée. Les protagonistes, dont les portraits sont en grande partie intelligemment détaillés, sont attachants et surprenants. Le style, vif, enlevé, nous tient en haleine.

Autre aspect intéressant : sans être une critique de la justice américaine ni un roman sur le droit et les avocats, il pose la question de la défense de criminels avérés. Certes, tout  un chacun a le droit d'être défendu mais jusqu'où peut aller un avocat ? La question est d'importance...

Un point amusant : Shakespeare  est constamment évoqué, en particulier par sa pièce Le Roi Lear dont on se souvient qu'elle met en scène deux filles qui veulent s'emparer du royaume par la flatterie  et la ruse. Mais le roi s'aperçoit trop tard de la vraie nature de ses filles... Autrement dit, il faut se méfier des apparences. Charity, de même que les deux inspecteurs de police, en font l'expérience.

Les lieux décrits ici existent vraiment et l'auteur en a une parfaite connaissance. On se promène avec elle dans les bons endroits de Washington, les petits restaurants sympathiques, les salons de thé délicieux, les musées fabuleux.

Quelques réserves

Quand on recommande un livre comme "excellent" les réserves sont évidemment minimes... Néanmoins, s'il faut en émettre une, je dirai celle-ci : puisqu'il y a deux meurtriers, on l'a compris, le portrait psychologique du premier et ses motivations pour attenter à la vie de Charity, semblent moins détaillés, et donc moins crédibles, que celles du second.

Et peut-être une autre, de détail : la typographie du journal intime de Charity  est en italique, pas aisée à lire. Heureusement, les pages de ce journal ne sont pas très longues.  Cependant, il faut faire l'effort de les lire, tant  elles ajoutent  d'informations sur la personnalité de l'avocate.

Encore un mot...

A la fin de l'ouvrage, Katerina Autet précise qu'elle a été fascinée, comme des millions d'Américains, par une affaire  judiciaire qui a défrayé la chronique dans les années 90 , celle de O.J. Simpson ancien joueur de football célèbre et acteur de cinéma accusé d'un double meurtre et défendu par une armée d'avocats... et finalement reconnu non coupable.

Une phrase

Question de l'inspecteur à Dorothy, avocate associée au cabinet de Charity :
- Madame Prendergast, décririez-vous Charity Quinn comme une bonne personne ?
- Ma foi...je dirais que... Oh ! (elle abrège, prétextant qu'elle a fait tomber sa cuillère pour se donner le temps de répondre ) : j'y ai beaucoup réfléchi  et je suis arrivée à la conclusion que la plupart des personnes se voient comme des gens bien. Même les criminels que Charity défendait. Ils considéraient qu'ils avaient leurs raisons pour agir comme ils l'avaient fait, qu'ils avaient des excuses, mais qu'au fond, ils étaient gentils... Je crois que personne ne veut reconnaître son côté obscur.
Cette femme était loin d'être aussi bête qu'elle en avait l'air" (p. 129 et130)

L'auteur

Katerina Autet est née en Russie, a passé son adolescence aux Etats-Unis puis a choisi définitivement la France. Son premier roman La chute de la Maison Whyte  a été distingué du Prix de la Renaissance française (en 2020) qui récompense un ouvrage rédigé en français dont l'auteur n'est pas de langue maternelle française. Ce roman avait également reçu le Grand Prix des Enquêteurs.  Les deux morts de Charity Quinn est donc son deuxième roman.

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