Les secrets de la femme de ménage.
Traduit de l’américain par Karine Forestier
Parution en 2024
408 pages
8,60 euros
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Thème
- Petite piqûre de rappel : La femme de ménage
Une jeune fille est aux anges. Elle vient de trouver un travail comme femme de ménage chez un couple riche, habitant une demeure cossue dans un quartier huppé. La donzelle est d’autant plus contente qu’elle sort de prison à la suite d’une sinistre carambouille. On lui montre sa chambre dans les combles. Premier hiatus : elle a bien un verrou sur sa porte mais le verrou est bizarrement situé à l’extérieur de sa chambrette. L’épouse a un comportement azimuté. Elle ouvre le réfrigérateur, jette les bouteilles de lait par terre et ordonne à la soubrette de nettoyer. Tout à l’avenant. La jeunette va se réfugier entre les bras du mari. Las ! Fatale erreur ! Le vrai dingo était le mari, à la perversité infinie….
Ne pas oublier que l’auteur est plus ou moins psychiatre.
- Les secrets de la femme de ménage
Millie vient de trouver de nouveaux patrons, toujours dans un quartier luxueux, dotée d’un salaire mirobolant pour faire le ménage dans une maison nickel ! La maîtresse de maison est murée toute la sainte journée dans sa chambre, en chemise de nuit. Elle implore Millie de l’aider à s’échapper d’un mari hyper violent qui la massacre en permanence. N’écoutant que son bon cœur, Mille essaie de la sauver et là, tout s’enraye. Millie se trouve accusée de meurtre et toutes les preuves sont contre elle. Funeste situation. Comment va-t-elle s’en sortir ?
Ne pas oublier que l’auteur est plus ou moins psychiatre.
Points forts
- La narratrice a indéniablement des talents de conteuse. Elle a intégré tous les codes des livres page turner. L’écriture est alerte, les situations sont inédites, les coups de théâtre sont fréquents. Manifestement, à l’abri de son cabinet médical, elle doit entendre des patients sérieusement atteints. Et les inventions de ces derniers à l’esprit retors sont inimaginables.
- Le personnage de Millie, héroïne récurrente de cette mini-série, est attachant. Elle a tout de même le chic pour se retrouver régulièrement dans la panade, et plus si affinités et il y a affinités ! Le tout rime avec circonstances aggravantes. Mais, elle croit en sa bonne étoile et par moments, elle est bien la seule…
- Les personnages secondaires sont soigneusement brossés. Son petit ami, l’avocat, a bien de la constance à croire à ses mensonges sans trop se poser de questions. Cela en devient suspect tellement nous-même, nous n’y adhérons pas. Et l’acharnement de la police envers notre Cosette nous semble d’une injustice monstrueuse. Comme dans tout bon thriller, il y a le jeu Good cop Bad cop [gentil flic/méchant flic, une tactique psychologique anglo-saxonne dans les négociations et les interrogatoires]. C’est de bonne guerre. Et, plus on avance dans la lecture, moins on fait confiance aux protagonistes. On se méfie de tout le monde, ce qui manque singulièrement de sérénité.
- La traductrice, Karin Forestier, est excellente, pleine d’humour et rend la lecture fort sympathique.
Quelques réserves
- Le schéma répétitif dans chaque roman : on sait d’emblée que l’héroïne va atterrir chez un couple ultra riche, accueillant, charmant même et qui, sous des aspects de normalité et de vie sociale ordinaire, se révèle complètement frappadingue. Heureusement les méthodes sont différentes et les intrigues aussi. Mais les démarrages d’histoires sont similaires.
- Le problème des héros récurrents est que l’on sait d’avance qui ne leur arrivera rien de très grave puisqu’ils interviendront dans les romans suivants. Cela plombe un peu le suspense dès lors qu’ils ne risquent pas de se faire trucider.
Encore un mot...
- [en parlant de sa relation avec Brock, son petit ami :] « Me voici donc dans la relation la plus normale et la plus saine de ma vie d’adulte, et bien déterminée à tout faire foirer, apparemment. Le problème est que je suis coincée. Si je lui avoue la vérité sur mon passé, il pourrait me quitter, et je ne le veux pas. Mais si je ne lui dis pas… » P.33
- [en regardant la télévision :] « L’écran zoome sur la photo d’un homme d’une quarantaine d’années, avec la légende : « Douglas Garrick, PDG de Coin Stock ». Je fixe des yeux l’écran, les cheveux bruns et les prunelles marrons de cet homme, son double menton et les plis autour de ses yeux lorsqu’il sourit à l’objectif. Et devant la photo de Douglas Garrick, je prends conscience d’une chose. Je n’ai jamais vu cet homme de ma vie ...
« Qui est celui que j’ai tué hier soir ? » P. 249
Une phrase
Freida McFadden est médecin. Elle est spécialisée dans les lésions cérébrales. Ceci explique cela. Manifestement, elle va puiser dans ses expériences professionnelles les ressorts de ses romans. Son premier ouvrage, La femme de ménage (2022) est un succès planétaire. Il est suivi de La psy (2023) puis des Secrets de la femme de ménage (2024), puis la même année, de La femme de ménage voit tout. Entretemps, elle a commis une bluette, Le mariage de la femme de ménage, sorte de nouvelle, et un nouvel opus vient de paraître, Le boyfriend. Tous ces livres ont des tirages phénoménaux et sont édités par la suite aux Editions J’ai lu.
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