Où bat le cœur du monde

Quand le jazz fait parler les muets, un roman intense, rythmé, syncopé...
De
Philippe Hayat
Editions Calmann-Lévy
435 pages
20,50 euros
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Ce beau titre résume un joli roman sur le combat entre les origines et le destin, la fidélité et l’émancipation, l’amour d’une mère et la passion du jazz. Il raconte l’histoire inventée de Darry Kid Zak (alias Darius Zaken), enfant juif de Tunis des années 30, choyé par ses parents jusqu’à un jour de malheur où il perd ensemble la parole et son père.

A l’appel de cette musique qui surgit d’ailleurs et bouscule, le héros troque son univers sucré de blanc de province pour les cruautés sombres de peau de l’Amérique du jazz. Le succès enfin arrivé, il revient trop tard vers sa mère et sa terre natale dans l’effervescence tumultueuse de l’indépendance de la Tunisie.

Points forts

Le cœur n’est jamais loin dans ce livre. Tant dans le tableau des étapes du musicien, dans les senteurs de la Tunisie « protectorale » que dans l’évocation d’une enfance heureuse, bercée par l’ambition des parents, entretenue par une mère de combat face à la fatalité, poursuivie par le rêve rythmé du jazz décrit, dans un langue inspirée, belle et chaude, par un auteur maître de ses sujets.

En cachette puis à la suite des troupes américaines ayant débarqué en Italie, Darius Zaken va connaître les soubresauts de la solitude misérable du musicien muet, blanc au milieu d’artistes noirs, adepte improbable d’une musique neuve qui n’a pas encore percé chez les Blancs. Sa volonté, son talent, sa quête de reconnaissance l’ont éloigné d’une mère qui n’aura vécu que pour lui jusqu’à la fin. Le livret comme la musique de ce concerto pour clarinette d’une vie de jazzman sont un moment de lecture intense, rythmé et syncopé.

Quelques réserves

Je n’en vois pas d’autant qu’ici la fiction, dans son genre, joue aussi bien que la réalité.

Encore un mot...

Une histoire de passion pour une musique qui fait passer son héros de l’enfance d’un monde à la maturité d’un autre, qui donne un air à des paroles absentes et qui place une mère au coeur d’un destin. A lire sans musique puis à relire à l’écoute des airs de jazz si bien racontés.

Une phrase

“Ton nom, c’est le client qui te le donne.”
“Je posais mes pas sur ses notes.”
“J’ai voulu pleurer comme mon père mais je n’avais pas de larmes.”
“Oui, dormons et le destin dormira avec nous.”
“J’avais décidé de ne plus être juif.”“Combien fallait-il supporter pour mériter de vivre ?”
“Cette musique nègre la consolait mieux qu’une prière.”
“Un enfant porté par la confiance de ses parents, rien ne peut l’arrêter.”
“A Dieu, ces Noirs demandaient : laissez-nous vivre. Aux hommes : laissez-nous être.”

L'auteur

Diplômé de Polytechnique et de l’ESSEC, entrepreneur à succès dans l’industrie et les nouvelles technologies, dirigeant militant de l’entrepreneuriat et de la transmission (association 100 000 entrepreneurs) et investisseur (fonds Serena capital), Philippe Hayat, né en 1964, avait déjà publié un livre remarqué : Momo des Halles (2014). Où bat le cœur du monde est son second roman.

Commentaires

Chapon
lun 19/10/2020 - 17:02

Je viens de terminer ce livre.
L'ensemble est beau, mais les descriptions musicales et instrumentales trop étendues pour moi qui ne connais pas la musique...

Mandelotte
jeu 14/09/2023 - 11:01

J'ai dévoré ce bouquin. L'écriture est légère, le sujet quoique grave parfois est très bien développé. Sur fond d'évènements historiques, l'histoire de ce petit bonhomme juif qui ne vit que pour la musique et rève de jouer avec les plus grands jazzmen est tantôt grave, tantôt douce, tantôt poignante... J'ai souri beaucoup, j'ai pleuré souvent... J'ai ressenti tant d'émotions contraires et j'ai aimé ca. A tous je conseille cet ouvrage et transmets mes chaleureux remerciements à Philippe Hayat.

Anonyme
jeu 29/02/2024 - 12:18

Merci Mr Hayat de m'avoir plongé dans cette période que j'ai aussi vécu à Tunis de 1937 at 1962 . Quelle belle histoire. Je n' ai jamais lu un livre aussi merveilleux. Je vais me pencher sur vos autres réalisations. Un maltais de Tunis

Yvette A.
dim 17/03/2024 - 14:00

Je n'ai jamais lu un livre aussi MERVEILLEUX !
"FLAMBOYANT" a écrit Le Figaro magasine .
A 20 ans (j'en ai 79 !) je n' écoutais que du jazz : Louis Armstrong , Duke Ellington , Dizzy Gillespie ...

Merciiiii Monsieur Philippe HAYAT .

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir