Chateaubriand. Mémoires D’Outre-Tombe

Les illusions perdues d’un homme au soir de sa vie
Adaptation et interprétation: Hervé Briaux
Collaboration artistique: Emmanuelle Goizé
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre De Poche Montparnasse
75 bl du Montparnasse
75006
Paris
01 45 44 50 21
Du 18 janvier jusqu'au 16 mars 2024. Du mardi au samedi à 21h

Thème

  • Devant le miroir il a retiré tous ses masques un par un,. Et d’ abord celui du « grand paon » romantique décoché par Julien Gracq, puis celui du diplomate- séducteur un peu boursouflé, enfin sous la couche craquelée du maquillage, surgit soudain le visage pur de l’enfance. 
  • Apparaît alors le petit chenapan joyeux et turbulent, qui jouait sur les brise-lames de la plage de l'Éventail à Saint-Malo, mais aussi l’enfant mélancolique, écrasé par un père rigide à Combourg, dans ce château froid, désert et ennuyeux. 
  • Au soir de sa vie, Chateaubriand reconstruit un monument du temps. Il a perdu ses illusions: gloire,honneur, amour, tout n’est donc que chimères puisque « L’ homme avance dans un présent entre deux néants. » 
  • Et dans cette introspection précédant le grand départ, François- René, vicomte de Chateaubriand, se regarde regarder : vaniteux il est, vaniteux il se contemple…
  • Lentement remontent à la mémoire des fragments de sa vie. Il s’ agissait  bien alors de tout vivre, de dévorer hommes et paysages, de se frotter à l’autre - le sauvage ou l’ Empereur - d’embrasser le siècle et l’Histoire, vite, car le monde est si vaste !

Points forts

  • Plongé dans l’ obscurité au début, Hervé Briaux impose d’ emblée sa voix et sa présence : Chateaubriand est seul, il se démène avec ses fantômes, il parle à la lune, aux étoiles, aux oiseaux et aux arbres. 
  • A la fin de la représentation, le comédien avoue à son public qu’il ne connaissait pas les Mémoires d’ Outre-Tombe… Pourtant, après un long cheminement dans l'œuvre, il réussit à toucher avec délicatesse le cœur intime du grand écrivain.  
  • Un décor dépouillé avec quelques tableaux sur le sol, des meubles recouverts. Le départ est imminent, mais brusquement le comédien quitte la scène, il va et vient, la mort ne peut vous figer, Chateaubriand demeure vivant.

Quelques réserves

  • Aucune pour les admirateurs de Chateaubriand. 
  • Les plus jeunes, qui ne connaissent pas encore l’écrivain, peuvent préférer (comme moi) Le Voyage en Amérique d’un  jeune breton de vingt deux ans, fougueux , enthousiaste, et parfois un peu exalté…

Encore un mot...

  • Comme Montaigne récemment mis en scène au Théâtre de Poche (avec Hervé Briaux), Chateaubriand est hanté par l’idée de la mort, des ruines, de la décomposition. 
  • Certaines citations retenues par Briaux évoquent étrangement le style de Blaise Pascal, son profond pessimisme. Mais François-René a t -il consenti au fameux « pari pascalien » ?

Une phrase

  • « Il y a des temps où l’on ne doit dépenser son mépris qu’avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux. »
  • « La mort en nous touchant ne nous détruit pas, elle nous rend seulement invisibles. »( proverbe indien cité par Chateaubriand).

L'auteur

  • Né à Saint-Malo en septembre 1768 (ce jour de tempête où « sa mère lui infligea la vie »), Chateaubriand est l’ emblème du préromantisme. 
  • Écrivain, ambassadeur, ministre et grand voyageur, il a exploré l’ Amérique, la Grèce, l’Égypte, la Palestine. 
  • Ses œuvres les plus connues sont Atala, René et bien sûr les Mémoires d’ Outre –Tombe, son autobiographie magistrale. 
  • Chateaubriand s'éteint en 1848, et est enterré face à la mer sur le Grand Bé, un îlot au large de Saint Malo.

Commentaires

Marc Delaunay
mar 13/02/2024 - 12:19

Belle chronique... Le grand homme aurait aimé !

Pierre Four
mar 23/04/2024 - 13:40

Il faut y aller car un spectacle avec autant de tenu est finalement rare… Cependant on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec « le Montaigne » écrit et joué par le même Hervé Briaux qui de toute évidence fut plus inspiré par Montaigne! Cela manque cruellement d’enthousiasme , on est loin me semble-t-il du ChateauBriand de Jean D’Ormesson.

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