
La promesse de l’aube
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Thème
Adaptée du célèbre texte de Romain Gary, La promesse de l’aube, la pièce met en scène l’amour excessif d’une mère, dévouée à son fils, dont elle trace le grandiose chemin dès l’enfance, en lui promettant un avenir exceptionnel en France, pays qu’elle a choisi depuis les années de vaches maigres à Wilno (Vilnius) en Lituanie.
Points forts
Un texte à l’humour implacable porté par des comédiens de talent dans un décor épuré.
Une efficacité dans la mise en scène, où le récit fait écho à l’action.
L’espace intimiste de la scène rend l’impression de la proximité des liens mère/fils.
Quelques réserves
- Une tendance à la caricature des sentiments, notamment dans l’excès patriotique envers la France, ou dans l’omnipotence d’une mère.
Encore un mot...
Lorsque l’amour inconditionnel d’une mère se confond avec la confiance absolue envers le pays des droits de l’homme, il donne au fils une voie toute tracée au service de la France. La biographie de Romain Gary semble donner raison aux visions de sa mère, puisqu’à la sortie de la guerre, où il s’engage du côté gaulliste, il embrasse la carrière diplomatique.
- Même si la fiction se mêle au récit romancé, l’ascension de celui qui reste un « métèque » reflète le désir de rendre justice à une mère qui n’a pas ménagé sa peine pour élever son fils malgré les difficultés.
Une phrase
- « Ce fut seulement aux abords de la quarantaine que je commençai à comprendre. Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d’amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n’y a plus de puits, il n’y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l’aube, une étude très serrée de l’amour et vous avez sur vous de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu. Je ne dis pas qu’il faille empêcher les mères d’aimer leurs petits. Je dis simplement qu’il vaut mieux que les mères aient encore quelqu’un d’autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n’aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. »
L'auteur
Romain Kacew est né le 8 mai 1914 dans la communauté juive de Vilnius (Lituanie), alors sous domination russe. Ses parents se séparent et, avec sa mère, il gagne Varsovie avant de partir pour la France en 1928. Naturalisé en 1935, il est appelé au service militaire pour servir dans l'aviation. Incorporé à Salon-de-Provence en novembre 1938, il est élève observateur à l'Ecole de l'Air d'Avord. Breveté mitrailleur le 1er avril 1939, il est le seul des 300 élèves à ne pas être nommé officier, ce en raison de ses origines étrangères...
En juin 1940, le sergent Kacew se trouve à Bordeaux-Mérignac et rejoint les forces aériennes de la France libre. Après sa démobilisation en décembre 1945, il entre dans la carrière diplomatique et publie son premier roman, Éducation européenne. Secrétaire d'ambassade, il exerce ses fonctions en Bulgarie et en Suisse. En 1952, il est secrétaire à la Délégation française auprès des Nations Unies à New-York, puis à Londres en 1955. En 1956, il est nommé Consul général de France à Los Angeles et reçoit le Prix Goncourt pour Les Racines du ciel.
- En 1975, il devient le seul écrivain doublement récompensé par le Prix Goncourt, attribué cette année-là à son pseudonyme Émile Ajar (Ajar qui signifie « braise » en russe) pour La Vie devant soi. Cette mystification littéraire ne sera connue qu’après le suicide de Romain Gary, le 2 décembre 1980.
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