Lettre d’une inconnue

Une inconnue qui nous est tellement familière
De
Stefan Zweig
Adaptation : Bertrand Marcos, d’après la nouvelle de Stefan Zweig, Lettre d’une inconnue
Mise en scène
Bertrand Marcos
Avec
Ophelia Kolb
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Studio des Champs-Elysées
15 avenue Montaigne
75008
Paris
01 53 23 99 19
Jusqu’au 30 décembre 2022, du mercredi au samedi à 21h, le dimanche à 16h

Thème

  • L’inconnue écrit cette lettre à l’homme qu’elle a aimé, passionnément, humblement et dans une totale soumission. Une confession magnifique de cet amour dans lequel elle s’est engloutie toute sa vie, fait de désir autant que de désintéressement.
  • Cet amour l’a traversée toute sa vie, de ses 13 ans jusqu’à son dernier jour. Jusqu'à s'abîmer, se perdre et se nier. Dans le silence et l'indifférence.
  • L'histoire qu'elle lui confie aujourd'hui est la sienne. Celle de son amour absolu et secret. De son obsession aussi. L'obsession de lui. L'histoire de celle qu'elle est devenue parce qu'il ne l'a jamais reconnue : une femme sans visage, sans nom et sans vie, qui s'est lentement effacée aux yeux du monde.
  • Alors qu’elle se prépare à mourir, suivant le fils qu’elle a eu de lui dans la mort, l’inconnue écrit le récit de cet amour sublime et tragique.

Points forts

  • Le texte est récit d’une passion absolue, dans laquelle l’inconnue s’est totalement dissoute et oubliée. Avec une blessure béante : la perte de leur enfant – mais Il n’en sut jamais rien de son existence, elle ne voulait pas l’importuner ou le déranger – qu’elle éleva seule comme le prolongement et le souvenir de Lui. Pas d’apitoiement sur elle-même, pas un plainte, mais l’acceptation pleine et entière de son statut de femme de l’ombre, qui s’est donnée toute entière à cet homme qui ne l’a jamais reconnue lorsqu’à différentes étapes de sa vie, il la croisa pour la séduire et l’abandonner à nouveau.
  • Le jeu, d’Ophelia Kolb est à la hauteur du texte. Tour à tour enjouée et perdue, joyeuse et détruite, elle incarne la passion amoureuse dans les – rares – moments de bonheur et le désespoir lors des – fréquents – moments d’abandon et de désenchantement. Quelle performance !
  • Avec son jeu qui alterne la retenue et l’expression la plus tragique, Ophelia Kolb se glisse dans les paroles de cette inconnue à qui elle prête magnifiquement sa voix, son visage et ses émotions. Elle arrive ainsi à nous saisir aux tripes grâce à l’intensité de sa déclaration d’amour qui éclate à chaque phrase.
    Son interprétation est de celle qui marque une carrière, pourtant déjà riche en beaux rôles, tant au théâtre qu’au cinéma ou à la télévision.

Quelques réserves

Aucune, d’autant que même le décor, minimaliste, met en valeur la comédienne.

Encore un mot...

  • Lettre d’une inconnue à tout juste cent ans, même s’il ne fut traduit en France qu’en 1938. Cette nouvelle fut publiée dans un recueil avec Amok ou le fou de Malaisie.
  • Ce sera le premier best-seller de Stefan Zweig, avec plus de 70 000 exemplaires vendus en huit ans. Il fut adapté au cinéma par Max Ophüls, à la télévision par Jacques Deray et de nombreuses fois au théâtre.

Une phrase

  • « C'est à toi seul que je veux parler, c'est à toi que je dirai tout pour la première fois ; tu sauras tout de ma vie qui n'appartenait qu'à toi et dont tu n'as jamais rien su. Mais tu ne connaîtras mon secret que lorsque je serai morte, quand tu ne me devras plus de réponse ; et encore faut-il que ce mal, qui à cette heure souffle le chaud et le froid dans mes membres, annonce vraiment la fin. »
  • « Je te raconte tout cela, aimé, toutes ces petites choses presque ridicules, pour que tu comprennes comment tu as pu, dès le début, prendre un tel ascendant sur l'enfant timide et craintive que j'étais alors. Avant même que tu n'entres dans ma vie, il y avait déjà autour de ta personne une auréole, un monde de richesse, d'étrangeté et de mystère".

L'auteur

  • Stefan Zweig est né le 28 novembre 1881 à Vienne et mort le 22 février 1942 à Petropolis, au Brésil. Ami de Sigmund Freud, Arthur Schnitzler, Romain Rolland, Richard Strauss, il a fait partie de l’intelligentsia juive viennoise en se faisant le chroniqueur de cet âge d’or.
  • Il connait le succès dans les années 1920 et 1930 avant de s’exiler avec l’arrivée au pouvoir d’Hitler, dont il mesure très vite l’immense danger qu’il représente pour les Juifs.
  • Il s’installe à Londres et se fait naturaliser britannique, avant de s’installer à Rio de Janeiro. Avec l’apogée des succès militaires des forces de l’Axe, il perd complètement espoir et décide qu’il ne peut plus continuer à assister ainsi, sans recours, à l’agonie du monde. Il met fin à ses jours en compagnie de sa femme Lotte qui refusa de lui survivre.

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