T.I.N.A.

La révolution par “La Chenille“ !
De
Garance Legrou
Durée : 1h30
Avec
Alexandre Pavlata et Lucie Reinaudo
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre des Béliers parisiens
14bis rue Sainte-Isaure
75018
Paris
01 42 62 35 00
Jusqu'au 24 mars, les dimanches à 19h45
En tournée : du 5 au 7 août festival théâtre Bourbon

Thème

  • Sur scène s’avance une comédienne et mime habillée en clown Auguste, qui entretient l’attente du public.

  • Quand elle se décide à prendre le spectacle en mains, c’est pour décortiquer avec nous des pratiques, des modes et des objets aussi divers qu’un curriculum vitae ou une lettre de motivation, ramenés à leur absurdité ontologique, le terrifiant “quart d’heure américain“ dans les boums (entendu comme « darwinisme social le plus complet »), le solo de saxo si discordant dans les morceaux Pop des années 1980-90, ou encore une Vierge que l’on retourne pour rappeler la neige… de Bethléem... 

Points forts

  • L’adéquation entre le titre de la pièce - inspiré de la formule (There Is No Alternative) du libéralisme triomphant (sous ses vocables “ultra” pour les uns et “néo” pour les autres) à partir des années 1980 - et son matériel expérimental assez hétéroclite (voir rubrique précédente) s’opère très progressivement, ce qui stimule notre curiosité.

  • Mais au fil du spectacle, les analyses bourrées d’humour critique de Garance Legrou s’avèrent très pertinentes, et il n’est pas rare que l’on se dise « Tiens, au fond c’est vrai, je n’y avais pas pensé ! »

  • La déconstruction qui s’opère sous nos yeux fait apparaître “l’ordre néolibéral“ comme fil rouge de tous les objets et situations examinés, jusque dans cette toile cirée kitschissime dont nul ne se doutait des enjeux planétaires qu’elle recélait ! Garance Legrou montre par là un engagement sans concession contre “l’ordre ultra-libéral”, poussant la radicalité jusqu’à prôner une réhabilitation de la danse de La Chenille ! On attend désormais avec impatience et gourmandise son opinion sur Big Bisou (Carlos) ou Les Sardines (de Patrick Sébastien)…

  • La déclamation finale, adressée à une jeunesse exposée au revival des années 1974-92 (cf. le succès des Enfants de la télé), est percutante et touche juste. Elle au passage met en valeur le remarquable travail des lumières assuré par Fabrice Peinau. 

Quelques réserves

  • Le début de T.I.N.A. mime le théâtre contemporain dans une sorte de tentative de « démocratie participative » à la Ségolène Royal 2007. Il peut faire rire autant que provoquer l’embarras d’une partie du public, à moins qu’il ne s’agisse d’une forme de teasing. Mais cette première impression s’efface vite et la mime prend le contrôle de la pièce avec un art consommé. 

Encore un mot...

  • Dans la grande salle de ce théâtre des Béliers parisiens à la programmation épatante, on assiste à un spectacle hybride, « mi-théâtre mi-stand up mi-clown et mi-séminaire Pôle Emploi », fait avec trois fois rien et qui attire un public complice et ravi (mais pas de la crèche).

  • La jauge était atteinte, la standing ovation au rendez-vous, le bouche-à-oreille a fonctionné à plein, alors, qu’il y ait ou non une alternative, qu’attendez-vous ?

Une phrase

  • « Vous faites un magnifique public… d’enterrement. »

  • « Tout est politique, même la coupe mulet ! »

  • « Je suis une femme blanche cis- et hétéro pour qui c’est difficile de se présenter comme une femme blanche cis- et hétéro… »

L'auteur

  • Garance Legrou, qui a écrit et interprète ce spectacle, a une formation d’historienne à la Sorbonne, puis de comédienne aux conservatoires du 10e et du 18e arrondissements de Paris.

  • Elle débute sa carrière en 1998 dans Si je veux sous la direction d’Alain Sachs, puis dirige le théâtre des Bains douches au Havre, où elle signe une demi-douzaine de mises en scène, avant de partir aux USA une dizaine d’années.

  • De retour en France en 2009, elle fonde sa compagnie (ETC pour “Elucubrations Tragi-Comiques“) et se forme également à l’art du clown.

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