Drôle de justice

Toute ressemblance avec des faits et des personnages existant ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence…
De
Jean-Marie Rouart, de l’Académie Française
Mise en scène
Daniel Colas
Avec
Daniel Russo, Florence Darel, Julie Savard, Thibaut de Lussy, Baptiste Gonthier, Eliott Cren
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de Passy
95 rue de Passy
75016
Paris
01 82 28 56 40
Jusqu’au 4 janvier 2026. Le mercredi, vendredi, samedi à 19h – le jeudi à 21h – le jeudi à 21h

Thème

  • La justice à deux vitesses, vous connaissez ? La justice et le pouvoir, ça vous intéresse ? Qui n’a pas entendu parler de la « République des juges » ?  De tout cela,  et surtout depuis quelques affaires retentissantes comme le procès d’Omar Raddad (l’auteur s’en était emparé avec passion) jusqu’aux affaires Sarkozy avec la conclusion provisoire (?) que l’on sait, il en est fortement question dans la pièce à la fois très drôle et hyper-mordante  de Jean-Marie Rouart.  

  • Le concept (manœuvres politiques, injustice, favoritisme, rapports père/enfants) est brillamment illustré par Daniel Russo, dans le rôle d’un haut magistrat très avisé sur son plan de carrière, mais fébrile. Ce paterfamilias autoritaire,  en attente d’une promotion exceptionnelle à la Cour de cassation, est au centre de ce qui s’apparente plus à un vaudeville judiciaire qu’à une comédie de mœurs à la Jean Anouilh, mais nous n’en sommes pas loin.

Points forts

  • Le jeu et le ton juste de comédiens excellents dans l’ensemble, avec une mention particulière pour Daniel Russo, à la fois machiavélique, roué, cynique,  mais aussi indulgent  et attendrissant lorsqu’il s’agit de ses enfants ou de son épouse, à qui il laisse la bride sur le cou : avant tout ne pas faire de vagues… Priorité à l’avancement ! Face à lui, Thibaut de Lussy se montre à son aise  en commissaire de police discret et élégant et tient la rampe en menant l’enquête (il est vrai qu’il est un peu chez lui au théâtre de Passy).

  • La mise scène au cordeau est très rythmée, avec une juste balance entre la mise en lumière des intervenants qui se succèdent à un cadence effrénée et la fébrilité du magistrat, assailli par les nouvelles qui s’accumulent, alors qu’une seule l’intéresse : sa nomination. 

  • Le rôle principal est tenu, il faut le souligner, par un unique téléphone… rouge qui sonne pour tout le monde, c’est à dire pour chaque membre de la famille. Un bon numéro !

Quelques réserves

  • Un tout petit peu suranné, malgré les références a une actualité sensible…
  • Les jeunes sont moins convaincants que les anciens, notamment le fils de famille, qui sur joue légèrement.

Encore un mot...

  • Après l’exotisme et la tentation coloniale du Bar de l’Oriental, l’auteur donne dans le boulevard et revient à sa passion, la justice. Un double registre où son humour fait merveille. Deux univers bien distincts. Lequel est le plus attractif ? A vous d’en juger…

Une phrase

  • « Ce qu’il y a de bien chez les magistrats, c’est qu’ils ne se condamnent jamais entre eux. »

L'auteur

  • Jean-Marie Rouart est né en 1943 à Neuilly. Issu d’une famille d’artistes peintres, il est le fils de l’impressionniste Augustin Rouart et le petit neveu de Julie Manet. Pour la petite histoire, ses multiples échecs dans ses études (il a été collé au bac trois fois  et ses premières tentatives infructueuses d’auteur ne l’ont pas empêché  de mener une carrière brillante au Figaro littéraire et surtout d’être reçu à l’Académie Française en 1995.  

  • Ce faux dilettante est officier de la Légion d’honneur depuis 2009 et Commandeur des arts et des lettres (depuis 1995). Véritable esthète, à l’instar de son ami Jean d’Ormesson, il a écrit cependant plus de 35 ouvrages, avec des œuvres   littéraires et historiques souvent primées : Les Feux du pouvoir (1977), Bernis Cardinal du plaisir (1998), La fuite en Pologne (prix Roberge de l’Académie française en 1974), Ils ont choisi la nuit (prix de l’Essai de l’AF en 1985), Le dictionnaire amoureux de Jean d’Ormesson (2011), Napoléon ou la destinée (prix du Guesclin en 2012).

  • Rouart s’engage parfois en faveur d’une justice équilibrée (cf. L’affaire Omar Raddad, la défense de Françoise Sagan ou de Gérard Depardieu). Tout récemment est sorti La Maitresse italienne, alors que Drôle de justice  est sa troisième pièce de théâtre.  Jean-Marie Rouart a enfin animé un diner littéraire mémorable organisé par Culture-Tops en 2015. Culture-Tops a chroniqué Le Bar de l’Oriental  en 2024. 

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