UN SAC DE BILLES

INTERPRETATION MAGISTRALE DU CHEF D'OEUVRE DES MEMOIRES D'ENFANCE
De
Joseph Joffo
Freddy Viau
Mise en scène
Stéphane Daurat
Avec
James Groguelin
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

LE LUCERNAIRE
53, rue Notre Dame des Champs
75006
Paris
01 45 44 57 34
Du 4 septembre au 20 octobre 2019, du mardi au samedi à 18h30, le dimanche à 15h

Thème

1941. Paris occupé. Les nazis sont partout faisant la chasse aux juifs dans Paris,  notamment près de la place Clichy, à deux pas de Montmartre. Le père de l'auteur du livre dont est tiré la pièce y tient un modeste salon de coiffure. La Gestapo vient s'y faire coiffer sous l'œil farceur des 2 gamins, héros de l'aventure que l'on va nous conter. Le décor est campé, la scène remplie de malles de toutes sortes, de valises empilées, en carton bien sûr. 

Bientôt, pour échapper aux rafles,  Joseph 10 ans et son frère Maurice, 12 ans, doivent fuir, leurs  parents restant "pour régler quelques affaires" ; ils doivent, suivant les instructions de leur père, traverser toute la France et gagner la zone libre pour y retrouver leurs 2 grands frères près de la frontière italienne. A tout prix. C'est une question de vie et de mort. Avec pour tout bagage un ticket de métro chacun , deux musettes garnies , quelques  billets de 1000 franc et un serment "Ne jamais avouer qu'on est juif . Jamais. même sous les coups".

 Après le livre, best seller mondial, et 2 films formidables, ce "seul en scène" doit relever en quelque sorte un défi : raconter, faire revivre cette folle équipée de deux enfants mus par l'instinct de survie qui, à force d'ingéniosité , de charme et.... de chance vont déjouer tous les pièges pour atteindre leur but.

Points forts

- La virtuosité de l'interprète, James Groguelin, qui jouant tour à tour Joseph et Maurice, entre autres, réussit à donner vie à tous les personnages de cette aventure et à susciter l'intérêt à chaque péripétie, à chaque rebondissements du drame qui émaillent la route semée d'embûches des 2 enfants. La fin est connue bien sûr mais le suspense est maintenu en permanence, à chaque interrogatoire, à chaque rencontre inquiétante, à chaque rebondissement dramatique. Un exemple : le voyage chaotique en train jusqu'à Dax. Les deux enfants ne doivent leur salut qu'à la complicité d'un brave curé qui les prendra sous son aile dans un brouhaha d'accents gutturaux impérieux "Papieren, schnell, schnell..."

- Le texte lui même qui, sur un fond dramatique, reste, par contraste, empreint de légèreté et d'humour. Ils ont plus d'un tour dans leur sac, ces gamins . C'est l'âge de la débrouille sans honte ni complexe, merveilleusement illustrée par un interprète à casquette et bretelle, légèrement gouailleur mais au regard émerveillé et à la voix  douce.
Deux moments forts parmi d'autres : tout au début et qui donne le ton : le troc par Maurice de son  étoile jaune contre un sac de billes, justement, et plus tard le trafic d'huile d'olive et son petit marché noir à Nice, avec l'armée Italienne occupante  très " bon enfant".

Quelques réserves

Une fois l'effet de surprise passé, à la vue de ce grand escogriffe au milieu de ses innombrables valises qui prétend raconter une histoire d'enfants mais qui se révèlera vite un excellent conteur, il n'y en a guère, si ce n'est un léger flou au terme de la parenthèse heureuse de Nice (toute la famille est réunie) qui voit l'arrestation, le départ pour Auschwitz et la disparition définitive du père lorsque les Allemands envahissent la zone dite libre. Il faut dire que la période était confuse. La fin, c'est la délivrance pour les deux petits, relève du miracle grâce à la présence d'esprit d'un prêtre, champion des faux certificats de baptême et d'un médecin faux dur, attendri et complaisant question circoncision . C'est un peu rapide, sur scène, légèrement escamoté. Dommage.

Encore un mot...

Ce que l'on savait du livre. Une aventure unique, une histoire sans pareil, un témoignage, sans haine ni revendications, sur une époque qui nous appelle au devoir de mémoire. Une leçon de courage et d'humanité dans un monde... inhumain

Ce que l'on découvre au théâtre. L'adaptation vivante, fidèle et l'interprétation magistrale d'un chef d'œuvre

Une phrase

"Nice est occupée par l'armée italienne, alliée de l'Allemagne. Mais avec les Italiens, c'est beaucoup plus détendu. Parce qu'un type a du se gourer dans le bon de commande, l'armée italienne croule sous le ravitaillement d'huile d'olive, ça arrive par camion entier. Alors, avec Maurice, on en fait donc une monnaie d'échange. Certains soldats italiens nous prennent des tomates contre l'huile puis nous,  nous échangeons l'huile contre de la viande... en faisant une petite marge. Une organisation bien "huilée" qui nous permettra de racheter le Négresco. On est dans une ville de rêve? Alors, on rêve".

L'auteur

Joseph Joffo est né en 1931 de parents russes fuyant les pogroms. Il a 10 ans au moment des faits et 3 frères et 3 sœurs. Ses parents tiennent un salon de coiffure dans le XVIIIe avant la guerre, et pendant les 2 premières années de l'Occupation; Ils se sortiront  tous de ces années de plomb et se retrouveront à Paris en juillet 44, tous sauf un, Roman, le père si avisé. Muni de son seul certificat d'études obtenu en 1945 et d'un diplôme de coiffeur, Joseph reprendra, quelques années plus tard, le salon familial. Il en fera un empire et deviendra le coiffeur du tout Paris. 30 ans plus tard il publiera ses souvenirs, un Sac de Billes, best seller planétaire avec 20 millions d'exemplaires vendus, traduit en 18 langues, adapté 2 fois au cinéma.

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