Avant de s'envoler

Le futur Pinter français ?
De
Florian Zeller
Mise en scène
Ladislas Chollat
Avec
Robert Hirsch, Isabelle Sadoyan,Claire Nadeau, Anne Loiret, Léna Bréban, François Feroleto
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de l'Oeuvre
55 rue de Clichy
75009
Paris
01 46 06 10 17
Jusqu'au 15 janvier 2017

Thème

Un couple qui a 50 ans de vie commune et, semble-t-il, réussie, est confronté à l'ultime vieillesse et à ces questions élémentaires: arriverai-je à éviter que l'autre meure avant moi ? Comment faire pour que mes enfants ne me mettent pas dans une maison de retraite ?

Points forts

1 Jamais, sans doute, depuis sa première pièce, "L'Autre", Florian Zeller n'ait-il aussi bien réussi à faire passer l'essentiel à travers l'expression des petits riens de la vie.

2 La mise en scène de Ladislas Chollat est d'une sobriété impressionnante, au sens littéral du terme: on est "engagé" personnellement dans ce bout d'existence entre la vie et la mort, comme si c'était de nous qu'il s'agissait.

3 Les acteurs sont remarquablement dirigés par Chollat.

Bien sûr, tout le monde soulignera la présence, si humaine et parfois si sobrement tragique, de Robert Hirsch. 

Mais toute la distribution ou presque est remarquable. J'ai été particulièrement impressionné par la performance d'Isabelle Sadoyan, d'une simplicité et d'une vérité confondantes dans le rôle de la mère; et par celle d'Anne Loiret dans le rôle de la fille, pleine de bonnes intentions mais réaliste et qui souffre d'être si peu aimée.

Quelques réserves

Il y a là, donc, tous les ingrédients ou presque pour que cette pièce soit une grande pièce.

Mais je ne sais pas pour quelle raison obscure ou sous quelle influence intellectualiste Florian Zeller a choisi de tout compliquer en mêlant les temps, d'un instant à l'autre, soit que lui vienne de mourir, soit qu'il s'agisse d'elle, avec va et vient permanent entre ces deux hypothèses, obligeant le spectateur à faire une gymnastique cérébrale pénible et vaine, qui le détourne de ce que la pièce a de plus fort.

Encore un mot...

J'ai évoqué Pinter à propos de cet art que Zeller a d'exprimer l'essentiel à travers des petits riens. Mais pour parvenir au niveau de Pinter -ce dont il est capable, j'en suis persuadé- il faudra qu'il accepte de se délester de tous les artifices pour se colleter directement et simplement avec toutes les complexités de la vie humaine, qu'il sait si bien appréhender. Patience...

Une phrase

- "J'ai eu une vie, je ne dis pas le contraire, mais, au final, qu'est-ce qu'il en reste ?"

- " Une vieille plante dans un vieux pot, voilà ce que je suis".

- "Les gens qui cherchent à comprendre quoi que ce soit sont des imbéciles".

L'auteur

Romancier de talent -il a obtenu, à 25 ans,en 2004, le Prix Interallié pour "La Fascination du pire"-, Florian Zeller est déjà l'auteur de onze pièces de théâtre, pièces très sérieuses ou comédies, alternant le pire -à mon avis, "La Mère"- et le meilleur -sa première pièce, "L'Autre", pièce très sombre, créée en 2004, et surtout -sa plus grande réussite, à mon sens.- "La vérité", authentique comédie de boulevard, sans prétention mais aussi malicieuse qu'admirablement construite et qui fut, sans doute, la meilleur pièce comique de l'année 2011 avec la version proposée alors par la Comédie-Française du petit chef d'oeuvre de Feydeau, "Le Fil à la patte".

Sa dernière pièce, "L'Envers du décor",présentée au début de l'année 2016, et à la construction alambiquée (déjà...),  n'avait pas grand intérêt. D'où l'attention encore plus grande portée à cette nouvelle création

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