BIGRE

C'est bête, mais bougre que c'est bon!
De
Pierre Guillois, Olivier Martin-Salvan et Agathe L'Huiller
Mise en scène
Pierrre Guillois
Avec
les auteurs avec, en alternance, Jonathan Pinto-Rocha, remplaçant Olivier Martin-Salvan, Bruno Fleury à la place de Pierre Guillois, Eléonore Auzou-Connes ou Anne Cressent en alternance avec Agathe L'Huillier
Recommandation

"BIGRE", quelle bonne reprise! Voilà de la créativité, sans prise de tête et pour le bonheur du public. Si vous le pouvez, allez-y, vous passerez un merveilleux moment.

Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre du Rond Point
2 bis avenue Franklin Roosevelt - Paris 8ème
01 44 95 98 21
Jusqu'au 30 juin - du mardi au samedi à 20h30 - le dimanche à 15h. Relâche le lundi 24 juin

Thème

Une farce sans paroles, un  mélo-burlesque selon le mot  des auteurs, à 3 personnages  un peu paumés et dézingués, qui vivent une sorte de cohabitation de fortune (ou d'infortune) dans 3 chambres de bonnes contigües, chacun isolé dans sa cellule, tout au moins au début.

Astuce et originalité de mises en scène : nos 3 clowns se livrent à leurs petites activités quotidiennes dérisoires, maniaqueries obsessionnelles extravagantes, simultanément mais isolément et en toute indiscrétion, sous les yeux éberlués du spectateur qui ne va pas tarder à se tordre de rire devant tant d'incongruités. Dans la première chambre immaculée où pas un fil ne dépasse sauf un vide ordure automatique entre un jeune cadre ventripotent, bien mis  et ...casqué. Il commence par passer un aspi ramasse miettes sur la semelle de ses chaussures puis d'un claquement de doigt fait sortir la cuvette des wc de dessous un coffre lit ; un tuyau d'aération se détache du mur, il plonge la main illico pour piquer un paquet de biscuits du voisin... et tout à l'avenant. Plus tard, pour séduire la voisine sans doute, il chantera en karaoké et en japonais. Il en perdra sa perruque (oui, il y aura une tempête sous et sur les combles, une vraie !) ; tout ceci, sans un mot.

La farce est muette, hors les bruits de craquements de membres manipulés par la copine un peu brutale d'à côté,  d'autres plus suspects (les toilettes communes sont à l'étage, intimité non garantie), d'autres répétitifs, de sonnette,  pour passer d'une pièce à l'autre et qui ne sont pas sans rappeler les scènes de garage et de jets d'eau dans "Mon Oncle" ; le voisin, lui,  baba cool intello ahuri et gentil, essaie de dormir dans son hamac et passe son temps à passer par la fenêtre tandis que, dans la chambre de bonne d'à côté, une pin up bien en chaire récupère son poisson rouge passé au Destop dans les tuyaux de l'évier puis s'essaye à la transfusion sanguine sur le col blanc casqué qui en perd sa perruque... qu'on retrouvera dans l'écuelle du bobo !!! Ouf , un garçon livreur d'Amazon (mais est-ce bien lui ?) laissera un bébé en souvenir. La suite est "à tomber"!

Points forts

  • Les auteurs acteurs, à mi chemin entre Buster Keaton, Charlot ou Monsieur Hulot sont absolument sensationnels. On peut même retrouver une petite note du mime Marceau pour l'un. Mais ils sont, avant tout, bons eux mêmes, , tellement vrais er dérisoires, laissant à chaque fois libre cours à l'improvisation.  C'est fort, c'est frais et ça fonctionne ; artistes funambules, esquissant des pas de danse comme Mickael Jackson et sa "moonwalk", ce sont des virtuoses, des acrobates, des illusionnistes. 3 clowns du désastre urbain  à l'épreuve d'une promiscuité dévastatrice. Leurs gags, mêmes convenus pour certains, resteront des morceaux d'anthologie. C'est bête,  mais bougre que c'est  bon.  Bigre mérite tous les jours son Molière 2017 !

Quelques réserves

  • On est sous les toits et le ciel n'est pas loin, certes. Mais la fresque céleste, si artistique et poétique soit-elle, est trop récurrente. Vue et revue dans tous les sens et sous toutes les couleurs. La perruque du motard vole, les petites culottes virevoltent. La lune brille au milieu du champ étoilé, la vie est belle. Le soleil darde ses rayons sur un corps dénudé, supplice de tantale pour ces messieurs déboussolés.  Puis l'orage fond sur la pauvre femme en larmes, son bébé dans les bras, on est au bord du suicide ! On s'en sortira, mais c'est long.

Encore un mot...

Les malheurs des uns font la joie des autres ; on rit sans cesse sur tous les tons, sous tous les toits , dans chaque chambre de bonne ; on rit de voir nos personnages "rater un peu tout" dans un comique de répétition sans paroles mais non sans les bruits intempestifs du monde, matériels... ou organiques. 

Au delà du faire rire, cette comédie pseudo burlesque a du sens. Elle traite de la solitude et des efforts que chacun d'entre nous fait pour "entrer" en communication avec l'autre, souvent sur un mode pseudo décontracté. Cette métaphore est porteuse d'espoir car elle témoigne de la solidarité nécessaire, et parfois réelle, qui nous anime ou devrait nous animer.

L'auteur

(ET METTEUR EN SCENE)

Pierre Guillois est le responsable artistique de la troupe "Le Fils du Grand Réseau" et artiste associé du théâtre du Rond Point, qui accueille régulièrement ses œuvres depuis "Les Caissières sont moches" en 2003.

Auparavant, il était le directeur du Théâtre du Peuple de Bussang de 2005 à 2011 où il a créé "Le Grand Fracas issu de rien", puis ses propres textes tels que "Les Affreuses" ou "un Cœur mangé", co-écrit avec Guy Bénisty et aussi "Le Ravissement d'Adèle" de Rémi De Vos ou le "Brame des biches" de Marion Aubert.

Pierre Guillois a été de septembre 2011 à mai 2014 le directeur du QUARTZ, la scène nationale de Brest ou il a créé Bigre, co-écrit déjà par Agathe L' Huillier et Olivier Martin Salvan, également interprètes à ses côtés; puis "Le Chant des Soupirs", avec la chanteuse bretonne Annie Ebrel, entre autres. 

Rappelons que Bigre a reçu le Molière de la meilleure comédie en 2017.

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