A chacun ses cendres

De
Alison Svoboda
Mise en scène
Alice de la Baume
Avec
Sylvain Begert, Marjorie Ciccione, Sylviane Goudal, Margaux Gorce, Lucas Henaff, Lisa Livane, Jean-Paul Sermadiras.
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Vingtième Théâtre
20 rue des Platrières
75020
Paris
0148659790
Jusqu'au 15 juin 2014

Thème

"Les familles ça vaut pas toujours le détour..."

La mort subite du père qui laisse derrière lui une ex-épouse, deux filles dont une adoptive, un gendre, une chère amie et un amant hėmiplégique, va déclencher une caravane de situations rocambolesques et de règlements de comptes. Humour noir cher aux anglais garanti !

Points forts

1 N'imaginez rien par avance en lisant le thème. Vous savez presque tout et pourtant vous ignorez à quel point vous serez surpris et déstabilisés même (et c'est bon!), par le spectacle ! 

La pièce est animée par une poignée de talents qui s'en donnent à cœur joie. 
Sur un sujet éternel (la mort et ses conséquences matérielles et psychologiques),  Alison Svoboda complique les choses à l'extrême par la situation familiale (le père ayant quitté son foyer pour un autre homme...) et entraîne la salle dans un tourbillon rêvé où chaque opinion peut être entendue sans que rien ne pèse au final. 

2 Les sept acteurs, quatre femmes et trois hommes, gravitent autour du personnage central qu'est Wit, la fille adoptive, dans un joyeux délire un peu surréaliste, drôle et grinçant. Certains passent d'un personnage à l'autre osant frôler le ridicule (costumes, postures, détails de mise en scène...). Ils ont raison d'oser et je salue la mise en scène qui s'autorise tant de choses dans un décors minimaliste. 

L'amant Gallois en fauteuil roulant, dévasté et manipulateur de génie, est magnifique. 

La mère, figure de la famille traditionnelle, a le cœur sec et divise ses filles pour mieux régner. C'est un monument de perversité trempée dans l'acide de la rancœur. 

La sœur légitime, mariée à un dramatiquement falot et intéressé individu (réjouissant et atterrant), porte avec une présence indéniable sa méchanceté névrosée, ancrée dans une enfance meurtrie.

L'amie voisine des amants qui veillait sur le couple, impose sans mal son personnage lucide sans cruauté, solide et bienveillant, après nous avoir subjugués en infirmière déjantée digne du Grand Magique Circus en son temps...

Quand au croque-mort, notaire et autres hommes en noir comme des corbeaux de cimetières, tous interprétés par le même acteur, ils sont à la hauteur des personnages des livres d'images XIXème les plus caricaturaux. 

Reste la jeune Wit, fille adoptée que l'on suit avec émotion et tendresse. Livrée à la meute des aigris, celle qui fut la plus proche du père se sent "plus à l'aise dans les mondes abstraits, loin du magma" familial. Personnage un peu lunaire, fragile et forte à la fois, elle accepte de subir "les labyrinthes que laissent les morts derrière eux". Elle y confronte ses meurtrissures psychologiques et, grandie par  l'épreuve, s'enfuira au loin.

Quelques réserves

Le parti pris du rêve à travers lequel Wit peut exprimer ses sensations intimes est très bon mais pas perceptible de façon évidente malgré la première scène qui débute dans le noir, les partis pris "extravagants" et la non chronologie des chapitres rythmant la pièce. 

Encore un mot...

Âmes sensibles boire un petit cordial avant. 

Mais que diable, laissez vous donc aller à vous amuser de l'humour British qui sait rire et sourire du pire! Une pièce aux résonances très actuelles.
Une équipe de choc pour un moment formidable !
A voir.

L'auteur

Anglaise, Alison Svoboda est écrivain, comédienne, metteur en scène; elle signe avec "À Chacun ses Cendres", sa première pièce.

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