Le Misanthrope vs politique

Un sacré défi, brillamment relevé
De
Claire Guyot, assistée d’Anne Rondeleux
D'après Molière
Avec
Julie Cavanna, Pierre Margot, Emmanuel Lemire, Edgar Givry, Nastassja Girard, Benoit Du Pac, Denis Laustriat, Annick Roux
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Vingtième Théâtre
7 rue des Plâtrières
75020
Paris
0148659790
Jusqu'au 8 mai

Thème

Alceste est directeur de cabinet, il évolue dans la sphère politique. Avec son ami Philinte, il doit travailler à la campagne d’un nouveau candidat mais ne supporte plus le persiflage, les ronds de jambe et les manœuvres intéressées de ce monde d’ambitieux hypocrites. Paradoxe, Alceste aime et est aimé de la frivole Célimène, parfaitement à l’aise, elle, dans cet environnement. La jolie jeune femme n’a pas son pareil pour médire ou engeôler au gré de ses envies.

Points forts

-       L’originalité de cette pièce, revendiquée dès le titre, « version politique », tient à la fois à la fidélité à Molière quant aux textes et à sa transposition dans la sphère politique contemporaine. Les téléphones portables sont omniprésents, Célimène (Julie Cavanna) est suspendue au sien, plongée dans ses sms plutôt qu’attentive aux tirades moralisantes de son amant indigné. La cour des jeunes loups médisants et arrogants en costume cravates est parfaitement crédible. La mise en scène, dans ce contexte moderne, ne choque pas, preuve de l’intemporalité du propos.

-       Le point le plus réussi de la pièce est pour moi l’interprétation d’Alceste par Pierre Margot : très convaincant et même émouvant. Son écoeurement, son intransigeance, son désir vain d’être toujours vrai, ainsi, enfin, que son puissant amour pour Célimène touchent. Le contraste entre l’ombrageux amant et sa belle, tout en légèreté, est saisissant.

Quelques réserves

- Le nom de la pièce : il aurait pu (dû ?) rester fidèle au titre de Molière, car le « version politique » promet une révolution qui n’a pas lieu. Et tant mieux ! Même si elle fonctionne, la mise en scène est accessoire pour rendre compte de l’actualité du propos. Ce sont les alexandrins de Molière qui frappent, grâce au jeu des comédiens. Ils escamotent le décor et les quelques astuces amusantes de modernisation du contexte. Pour ceux qui ont vu maintes fois la pièce, sans doute cela revêt-il un petit aspect de nouveauté bienvenu… mais pour les autres, on (re)découvre juste "Le Misanthrope", avec un immense plaisir.

- La partition de Célimène (Julie Cavanna) – pourtant sans fausse note et très honorable – aurait pu peut-être avoir plus de relief. Elle m’a convaincu par son côté naturel, léger et joyeux, mais moins par sa maîtrise en l’art de séduire ou de médire.

Encore un mot...

- « Le Misanthrope » est une pièce intemporelle qu’on a énormément de plaisir à (re)voir, d'autant que les comédiens rendent, ici, un bel hommage au texte; en particulier Alceste, personnage touchant, très bien joué.

 - Le choix d’une mise en scène qui transpose, de manière très maîtrisée, l’œuvre dans le monde politique d'aujourd'hui constitue  une cerise sur le gâteau !

L'auteur

On sait que  Molière (1622-1673), acteur, auteur, dramaturge, metteur en scène et directeur de troupe, dénonce sans cesse les travers de son temps, avec humour. C’est l’hypocrisie et les manœuvres des courtisans qui sont visées, dans « Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux », créé le 4 juin 1666 au Théâtre du Palais-Royal. Cette comédie, en cinq actes et en alexandrins, a connu un succès critique immédiat. La voici retranscrite dans le monde d'aujourd'hui.

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