Légende d’une vie

Un texte magnifique mais une adaptation qui manque un peu de rythme
De
Stefan Zweig
Traduit et adapté par Caroline Rainette.
Mise en scène
Lennie Coindeaux et Caroline Rainette.
Avec
Lennie Coindeaux et Caroline Rainette. Et avec la voix de Patrick Poivre d’Arvor.
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théo Théâtre
20 rue Théodore Deck
75015
Paris
0145540016
Jusqu’au 17 février: Les jeudis, vendredis à 21h

Thème

A quelques heures d'une grande soirée mondaine où il doit lire pour la première fois ses poèmes en public, Friedrich Frank se sent écrasé par la célébrité de son père, Karl Frank, transformé en véritable légende par sa femme et par Clarissa, sa biographe, depuis sa mort.

Terrifié à l'idée de s'humilier en étant moins doué que son père, il se confie à Clarissa.

Lors d'un long échange, il apprend peu à peu l'entière vérité sur la vie et la personnalité de son père qui ont été transformées par sa mère et Clarissa. 

A travers ces révélations, il redécouvre ses souvenirs, son enfance, et retrouve ainsi un père soudainement plus proche de lui et moins écrasant.

Points forts

- Caroline Rainette a fait une nouvelle traduction de la pièce avant de l'adapter pour sa mise en scène. Elle n'a ainsi gardé que deux personnages au lieu de six. Friedrich Frank n'a que peu changé, mais Clarissa prend une place beaucoup plus conséquente, regroupant plusieurs personnages. Cette adaptation lui donne ainsi une personnalité plus riche, plus complexe aussi et très intéressante.

- Le texte de la pièce est superbe ! N'étant pas germanophone je ne peux pas comparer avec le texte original, mais j'ai été marquée par la force des mots choisis, par les idées précisément retranscrites tout en gardant une certaine poésie, et un rythme très particulier, par la puissance des idées portées ... Il m'a d'ailleurs été très difficile de ne choisir que deux phrases pour la rubrique finale de cette chronique !

- Les thèmes abordés par les deux personnages, aux personnalités bien différentes,  sont passionnants. La relation d'un fils avec son père défunt et dont la célébrité l'empoisonne, le poids des non-dits et des secrets sur toute une famille, la sacralisation à l'excès de l'artiste quitte à déformer la vérité etc: ce sont des sujets porteurs de réflexion et que l'on retrouve souvent chez Zweig.

- Les deux comédiens jouent très justement et nous entraînent dans leur dialogue et leurs réflexions sans que l'on s'en rende compte. La salle, très petite, aide sans doute à créer cette intimité et cette proximité.

Quelques réserves

- Le personnage de Friedrich Frank peut avoir un côté exaspérant, voir même antipathique à force de se torturer l'esprit et de se complaire dans ses difficultés à être le fils de son père. On aurait presque envie de lui dire d'agir un peu plus et de réfléchir un peu moins pour être enfin heureux...

- J'ai trouvé la mise en scène trop sobre, et ne servant pas toujours très bien le texte.  Par exemple, les alternances d'éclairage m'ont interpelée à plusieurs reprises sans que je les comprenne vraiment. En fait, je crois que ce qui m'a manqué c'est un rythme un peu plus dynamique mais c'est sans aucun doute un parti pris délibéré.

- Le sujet intéressant mais très sérieux rebutera ceux qui viennent chercher au théâtre une soirée de divertissement et de légèreté. 

Encore un mot...

Un texte magnifique et très riche donnant une vraie profondeur à la pièce, qui manque cependant un peu de vie et de dynamisme...

Une phrase

- "J'ai besoin de cette vérité pour comprendre mon père. Lui que je ne suis pas et que pourtant je porte en moi."

- "Elle a créé la légende d'une vie, mais la vie est plus forte que la légende."

L'auteur

Stefan Zweig est l’un des auteurs les plus connus du XXème siècle. Né en 1881 à Vienne dans une famille bourgeoise, il poursuit des études de philosophie et d’histoire de la littérature et voyage à travers l’Europe avant de publier ses premières œuvres. 

Il quitte l’Autriche pour Londres en 1934 en raison de la montée du nazisme. 

Il est connu pour ses nouvelles telles que Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Lettre d’une inconnue, Amok, La peur, Le joueur d’échec, ainsi que pour ses biographies (Marie-Antoinette, Marie Stuart)

Ses pièces de théâtre sont moins célèbres. Il en a pourtant écrit huit, dont Légende d’une vie, publiée en 1919.

Commentaires

Anonyme
mar 18/09/2018 - 21:56

Superbe pièce servie par de grands comédiens .a ne pas manquer !

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