Madame

Un bon texte et une excellente comédienne
De
Rémi De Vos
Mise en scène
Rémi De Vos
Avec
Catherine Jacob
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de l'Oeuvre
55, rue de Clichy
75009
Paris
0144538888
Jusqu'au 20 décembre
Vu
par Culture-Tops

Thème

Octobre 1961. Au soir de sa vie, Madame déroule son parcours et se raconte sans amertume ni attendrissement : ses débuts de petite campagnarde montée à Paris, ses premiers boulots dans une usine d’armement, puis dans un atelier de lingerie, son entrée dans la prostitution, pour finir à la tête d’une maison close très chic dans le quartier de la Madeleine. Elle a croisé beaucoup d’hommes, en a aimé certains. Elle a surtout enduré trois de leurs guerres.

Points forts

1) Les cheveux dans le cou et la tête surmontée d’un énorme chignon à la manière de Madame Mado des Tontons flingueurs, Catherine Jacob, toute habillée de noir, jupe au dessus du genou et haut scintillant, soliloque sur le plateau désert. La regarder est déjà un spectacle. Qu’elle referme son chemisier doucement, qu’elle croise haut les jambes sur sa chaise en bois, chacun de ses gestes concourt au récit, comme une ponctuation.

2) Elle tient la scène, seule, pendant une heure quinze, ne bute sur aucun mot, ne cherche aucune phrase, toujours précise. Le ton général de son monologue est désabusé et ironique. Dans ce registre, Catherine Jacob est à son affaire. Mais bien dirigée par Rémi De Vos, elle sait aussi profiter de chaque méandre du texte pour livrer un jeu plus varié et nuancé.

3) Elle n’est pas de ces comédiennes de one-woman-show qui montent au filet à chaque réplique pour marquer le point. Catherine Jacob est plutôt « fond de cour et balles liftées ». Le rythme qu’elle induit est assez singulier mais, au final, tout aussi efficace.

4) Le spectacle file vite, le texte est drôle, sans longueur. L’itinéraire de cette petite Bécassine devenue patronne d’un claque est cocasse. On y croise Landru, Gustave Eiffel, le docteur Petiot. Et le regard porté sur les hommes, leur monde, leurs sales guerres… est féroce, sans pitié.

5) La langue de Rémi De Vos est chatoyante, riche en images insolites, en juxtapositions saugrenues, en euphémismes rigolards. Un argot réinventé mais compréhensible par tous. On pense à Audiard, à Céline… Du beau monde !

Quelques réserves

1) Une chaise, un rideau moiré, un petit fond sonore. La mise en scène est réduite. Un peu plus de vie sur le plateau n’aurait pas nui au spectacle.

2) Les premières répliques sont dites dos au public dans la pénombre alors qu’il vaudrait mieux ferrer les spectateurs d’emblée. A la fin, un paragraphe est joué, encore dos au public, dans le rideau du fond de scène et donc parfaitement inaudible. Quelles drôles d’idées de mise en scène !

3) Parfois Catherine Jacob baisse le ton sur les derniers mots de ses phrases. Attention, tous les spectateurs ne sont pas assis au premier rang…

Encore un mot...

Un texte vif et une écriture chamarrée, défendus par une Catherine Jacob efficace et nuancée.

Une phrase

Madame confie le secret pour être une bonne prostituée :

 « Garder la tête froide quand le reste est chaud. »

L'auteur

D’abord comédien, Rémi De Vos est venu à l’écriture dramatique en 1994. Ses pièces (Débrayage, Occident, Alpenstock, Jusqu’à ce que la mort nous sépare...) sont représentées en France et à l’étranger ; elles sont traduites en quinze langues. Originaire de Dunkerque, il est auteur associé au Centre dramatique national du Nord-Pas-de-Calais et au Centre dramatique national d’Auvergne.

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