Rabelais

Rabelais: un grand bonhomme pour aujourd'hui
De
Jean-Louis Barrault
Mise en scène
Hervé Van Der Meulen
Avec
Étienne Bianco, Clémentine Billy, Loïc Carcassès, Aksel Carrez, Benoît Dallongeville, Ghislain Decléty, Inès Do Nascimento, Pierre-Michel Dudan, Délia Espinat-Dief, Valentin Fruitier, Constance Guiouillier, Théo Hurel, Nicolas Le Bricquir
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Studio d'Asnières
3 Rue Edmond Fantin
92600
Asnières-sur-Seine
01 47 90 95 33
MARDI, JEUDI, SAMEDI 19H00 / DIM À 15H30 ATTENTION: DERNIERE, LE 23 DECEMBRE

Thème

• Hervé van der Meulen reprend le spectacle ébouriffant de Jean-Louis Barrault, auquel il rend hommage cinquante ans après sa création.

• On parcourt, en deux heures et demie, les cinq livres de l’œuvre de Rabelais, dans une série de tableaux montrant les épisodes majeurs de l’hénaurme saga, où s’illustrèrent Grandgousier, son fils Gargantua, et le  fils d’icelui, Pantagruel.

• La troupe, composée d’une vingtaine de comédiens, passe en revue l’inventaire des « torche-cul », entreprend les guerres Pichrocholines, fait une halte en l’abbaye de Thélème et nous embarque pour l’odyssée de Pantagruel vers l’oracle de la dive bouteille…

• Chemin faisant, le spectacle glisse des parallèles entre notre monde et celui des temps vécus par François Rabelais (la première moitié du XVIe siècle) mais aussi ceux, pas si imaginaires ni si lointains que cela, narrés par l’écrivain.

Points forts

• La difficulté spécifique posée par cet auteur (de la première moitié du XVIe siècle) aux comédiens tient d’une part au respect de sa langue, éminemment expressive et de grande profusion, et d’autre part à sa prononciation de manière intelligible auprès du public. Ces deux défis sont parfaitement relevés, et la matière verbale rabelaisienne vit et jaillit à flots continus sans que nous en soyons lassés.

• Hervé van der Meulen a su optimiser le potentiel de la vaste scène du studio d’Asnières pour faire évoluer de manière fluide une troupe de 19 comédiens qui la parcourt en tout sens dans une chorégraphie (Jean-Marc Hoolbecq) précise et animée. Les décors (Claire Belloc) sont riches et inventifs (mémorable scène de la tempête essuyée par Grandgousier), et si l’on pouvait craindre que costumes (Isabelle Pasquier) et maquillages (Audrey Millon), situés à mi-chemin entre Games of Thrones, Mad Max et Le Pirate des Caraïbes, nous éloignent de Rabelais par une actualisation un peu trop kitsch , en fait il n’en est rien.

• L’énergie dégagée par cette jeune troupe qui s’empare de l’œuvre de Rabelais est contagieuse : mentions spéciales à Pierre-Michel Dudan, qui campe un Grandgousier aussi réjouissant qu’émouvant, à frère Jean, un moine de choc, ou encore à Panurge, auquel Valentin Fruitier donne un ton et une dégaine rappelant Jacques Higelin, chanteur de la démesure et amoureux du verbe cru au meilleur de sa carrière.

• On ne peut qu’admirer la qualité vocale des chœurs produits par une troupe en perpétuel mouvement, et composés par Marc-Olivier Dupin.

Quelques réserves

Il n’y en a guère, sinon peut-être des différences d’incarnation entre des personnages flamboyants et épiques (Grandgousier, Panurge, frère Jean) et d’autres - on pense à Gargantua ou Pantagruel - à l’aise avec le texte mais un peu moins truculents.

Encore un mot...

Un Rabelais tout en exubérance et en tolérance. Une porte d’entrée idéale pour ceux qui, dès l’adolescence et jusque bien plus tard, veulent aller à la rencontre de l’œuvre de Rabelais et de son époque.

Une phrase

« Par le monde, il y a beaucoup plus de couillons que d’hommes… Qu’il vous en souvienne ! »

L'auteur

• François Rabelais (fin du XVe siècle-1533), homme aux talents multiples (philosophe, romancier, astronome, grammarien, médecin et légiste) comme c’était souvent le cas à l’époque (cf. Léonard de Vinci), est l’un des auteurs majeurs de son temps, avec des oeuvres passés à la postérité comme Pantagruel, Gargantua puis les Tiers, Quart et (sous réserves) Cinquième Livres .

• Il y promeut la langue française, vecteur d’un nouveau rire, puissant et transgressif, mais aussi les idéaux de “l’honnête homme“ de la Renaissance, pétri de tolérance et de savoir. Pour toutes ces raisons, Rabelais eut vite maille à partir avec diverses institutions (Église, université) diffusant des dogmes et un obscurantisme par lui condamnés au ridicule.

• Jean-Louis Barrault, évincé en 1968 du théâtre de l’Odéon, s’empare de cet auteur et ramasse son œuvre en 4 heures dans un spectacle novateur porté sur scène à l’Élysée-Montmartre (alors salle de catch…), et qui fit date par son côté éruptif et libéré, en phase avec le mouvement de mai.

• C’est ce spectacle que Van der Meulen reprend et contracte en 2h45, dans le contexte passablement agité que l’on sait…

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