Audience et Vernissage

Le théâtre, voix profonde de la conscience des hommes
De
Vaclav Havel
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Artistic Théâtre
45 bis rue Richard Lenoir
75011
Paris
0143563832
Jusqu'au 17 mars: du mardi au vendredi à 19h, samedi à 20h30

Thème

Les deux pièces se déroulent dans les années 1970 en Tchécoslovaquie, sous le régime communiste. 

Dans « Audience », le double de Vaclav Havel - Ferdinand Vanek ( très bien interprété par Cédric Colas)-  est convoqué par un « petit chef » de la Brasserie où il travaille, pour subir une sorte d’interrogatoire étrange, trop arrosé de bière. Vanek se méfie et garde son calme en dépit des propositions d’avancement. 

Avec « Vernissage », le personnage de Vanek se retrouve dans la maison d’amis, très excentriques et « branchés » qui lui font visiter l’exposition qu’ils ont faite dans leur salon. Ils sont persuadés qu’ils parviendront à le convaincre d’accepter leur mode de vie… sur tous les plans.

Points forts

1- Le décor entre celui de la Brasserie et de l’appartement est astucieusement agencé par François Cabanat. On est immédiatement dans la situation. Le public est installé dans la Brasserie avant de passer dans l’appartement pour le vernissage qui va suivre.

2- "Audience" est une pièce à la fois drôle et inquiétante. On imagine combien il devait être difficile d’être différent, dans cette époque totalitaire. Stéphane Fiévet fait une composition assez saisissante de cet homme abruti par l’alcool, mais fasciné par la réputation d’intellectuel de Vanek.  Il rêve de rencontrer les artistes qu’il connaît puisqu’il est aussi « auteur dramatique ». Cédric Colas, tout en finesse, est inénarrable dans sa manière discrète de se débarrasser de son verre de bière, tout en ne cédant rien aux dangereuses propositions de son chef.

3- Beaucoup de rythme, de fantaisie dans « Vernissage » où l’exposition consiste en une multiplication,  dans toutes les dimensions, du même tableau du grand peintre Miloslav Moucha (hommage rendu par François Cabanat), tandis qu’à la demande, les pendules diffusent des musiques qu’aimait l’auteur. L’absurde qu’Havel a souvent aimé traiter est bien présent. Les deux comédiens, Frédérique Lazarini et Marc Schapira, tentent de persuader leur ami, le toujours discret et circonspect Navek, de vivre comme eux, sur tous les plans. Les moments, où ils tentent, en gardant leur superbe, de lui faire adopter leur sexualité est très drôle. Cette pièce n’a pas pris une ride.

Quelques réserves

Je n’en ai pas noté.

Encore un mot...

Pour ceux qui connaissaient ces pièces devenues des classiques, cette nouvelle présentation est un vrai plaisir. Pour les autres, notamment les plus jeunes, il est intéressant de noter que Vaclav Havel était en prison, tandis que l’on jouait ses pièces à Paris.

Une phrase

« Je voudrais que le théâtre soit la voix de la conscience des hommes et de la société qui tente de poser les questions que les hommes portent en eux mais ne peuvent exprimer. Il ne s’agit donc pas d’imposer quelque chose au public qui lui est étranger mais au contraire de découvrir, présenter, clarifier ce qui le préoccupe » Vaclav Havel

L'auteur

D’une famille aisée, Vaclav Havel (1936-2011) est très vite taxé d' « un ennemi de classe » et donc interdit d’étude. Il publie des articles, découvre Kafka, puis devient technicien et dramaturge dans un petit théâtre de Prague. En 1968, il participe au Printemps de Prague, bien vite  repris en mains par les chars soviétiques. Après la mort de l’étudiant Jan Palach qui s'immole par le feu, il entre résolument en dissidence. Employé dans une brasserie, il écrit « Audience et Vernissage ».

Il contribue à fonder la Charte 77, une organisation de défense des droits de l'homme. Il est alors harcelé par la police et sera emprisonné de 1979 à 1983. Lorsque les manifestations antigouvernementales éclatent à Prague en novembre 1989, Vaclav Havel devient une personnalité de premier plan au sein du «Forum civique», constitué par les groupes d'opposition non communistes qui réclament des réformes démocratiques. 

Après le renversement du régime communiste, Vaclav Havel est élu président par intérim. L'intérim durera 13 ans. Il sera réélu en 1990, puis à nouveau en juillet 1990 jusqu'en 2003. Il fait alors des conférences, aux Etats-Unis, puis rédige « A vrai dire », sorte de Mémoires. Il meurt en 2011.

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