Chroniques festivalières d'Avignon - 6 juillet

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  • WELFARE - mise en scène par Julie Deliquet – D’après le film documentaire (1973) de Frederick Wiseman

Du 5 au 14 juillet 23- Cour d’Honneur du palais des Papes

Avec Julie André, Astrid Bayiha, Éric Charon, Salif Cisse, Aleksandra de Cizancourt, Évelyne Didi, Olivier Faliez, Vincent Garanger, Zakariya Gouram,Nama Keita, Mexianu Medenou, Marie Payen, Agnès Ramy, David Seigneur et le musicien Thibault Perriard
 

Thème

Décembre 1973 à New York, une journée de l’ouverture à la fermeture d’un centre d’aide sociale d’urgence hébergé le temps des fêtes de fin d’année dans le gymnase d’une école municipale. Dans ce refuge républicain aux couleurs de l’enfance, on attend son tour… Les sans-abris, apatrides, travailleurs, mères célibataires et démunis se succèdent.
Les heures passent. Un monde de résistance prend vie. Sur cette île marginale, l’époque et les frontières n’existent plus, seuls les humains sont collectivement en action. Cette terre d’asile abrite un monde imaginaire qui s’invente à chaque récit. Le vrai et le faux ne font que se jouer l’un de l’autre et cette comédie humaine devient le tréteau d’un théâtre où les femmes et les hommes luttent avec force et courage pour la refondation d’une démocratie.
 

Chronique

Débuter le Festival par un éblouissement est toujours le signe d’une vitalité extrême du Théâtre qui ne cesse de se réinventer et de questionner la société dans laquelle il baigne. Hier soir, Julie Deliquet et tout son collectif ont fait résonner un cri déchirant d’humanité.

Nous avons été transportés pendant 2H30 au cœur des réalités et des tourments que notre société inflige aux plus fragiles. Tous ceux qui fréquentent ce centre ont décroché de la vie et errent tels des naufragés en quête d’un radeau de survie au milieu d’un système bureaucratique aux règles souvent absconses. Dans ce tableau de chair et de vie, tous jouent leur partition avec plus ou moins d’honnêteté. D’un côté ceux qui sont là pour aider, trouver des solutions, véritables héros du quotidien, qui tentent de gérer un service public en mal de moyens, de l’autre ceux à qui on doit secours et assistance et qui luttent pour juste vivre.

Toute notre démocratie est là qui hurle avec ses violences, ses contradictions, tous ses maux qu’on n’imagine pas, calfeutrés au chaud de notre confort. Dans ce spectacle pas de bourreaux, ni de victimes mais une juste et honnête peinture d’un monde fracturé servie par une distribution époustouflante d’authenticité. 

Une mise en scène comme toujours dépouillée, laissant la plus grande place à ses acteurs dans une direction où texte et improvisation se fondent dans un réalisme poignant. Une dramaturgie que seule la vie est capable d’inventer. Une magnifique écoute règne sur ce plateau incandescent de douleur et d’espoir. Des questions surgissent : Que faisons-nous des « autres » aujourd’hui ?  L’Etat est-il toujours à la hauteur de ses ambitions ?

Sortons de notre zone de confort et laissons-nous gifler par la force d’un théâtre démocratique, politique mais social, incarné, émouvant, profondément humain. Ce soir Brecht, Hugo, Tchekhov planaient bienveillants au-dessus de la Cour d’Honneur. Un choix ambitieux et courageux de Tiago Rodrigues, une volonté farouche d’un théâtre qui témoigne, d’un théâtre engagé, d’une volonté artistique d’une grande honnêteté.

Bref, vous l’aurez compris, le Festival In 2023 sera un grand cru. Merci à tous pour cette soirée.

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