Dans 5 heures. Conversion d’un condamné

Une conversion un peu fade
De
’après les écrits de prison de Jacques Fesch
Mise en scène
Fitzgerad Berthon
Avec
Fitzgerad Berthon
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre de Belleville
16 passage Piver
75011
Paris
01 48 06 72 34
Jusqu’au 30 janvier. Lun. 19h15, Mardi 21h15, Dim. 20h

Thème

  • On est en 1957, et un homme est en prison, seul dans la cellule des condamnés à mort. Il s’appelle Jacques Fesch et attend la grâce présidentielle ou l’aube funeste où il devra marcher vers l’échafaud. 
  • Il lit, parle et écrit à sa fille de six ans. Il dit la monotonie des jours dans une cellule de cinq mètres sur deux et l’engourdissement des facultés intellectuelles que cela provoque. Il cherche les raisons du crime l’ayant conduit en prison, lui qui rêvait « des merveilles d’une vile libre de navigateur solitaire », ce meurtre quasi-accidentel d’un gardien de la paix lors d’un braquage absurde et mal organisé. 
  • Il a des regrets, des remords, il interroge le sens d’une justice qui fait de l’exemplarité des peines son credo et, progressivement, se convertit au christianisme.

Points forts

  • Le dispositif scénique est parfait dans sa sobriété : le trait blanc qui délimite le rectangle de la cellule suffit en effet à évoquer l’enfermement et la solitude. 
  • On sait gré au comédien (ou à l’auteur ?) d’avoir renoncé à parler de pénitence.
  • Le récit ne s’embarrasse pas non plus de la présence des deux complices de Fesch lors de son braquage, ce qui permet de concentrer l’attention sur le parcours spirituel du jeune homme.

Quelques réserves

  • N’est pas Claudel ou Bernanos qui veut, et l’on peut regretter que le discours sur la foi soit à ce point grévé de banalités. Il faut en saluer sa simplicité bien sûr, mais il souffre néanmoins d’un manque d’ampleur et de profondeur qui fait de ce spectacle un moment finalement assez terne et presque saint-sulpicien.
  • Le registre d’interprétation est assez monotone, ce qui nuit à une véritable incarnation du personnage, et les moments “danse“ sont assez incompréhensibles dans ce contexte, s’apparentant davantage à des gesticulations superflues.

Encore un mot...

  • Une histoire vraie donc, que celle de ce jeune homme de bonne famille qui à 24 commet un braquage brouillon, tue un agent de police presque accidentellement et meurt trois ans plus tard sous la guillotine. 
  • L’originalité de cette trajectoire tient à la rédemption par la foi que vit le criminel, et plus encore son cheminement vers la sainteté. L’Eglise, qui considère Jacques Fesch comme un modèle de repentance, semble y penser. Le cardinal-archevêque de Paris Jean-Marie Lustiger a engagé en 1987 une procédure de béatification toujours en cours d’instruction. 
  • Ce spectacle esquisse aussi une histoire de la justice et de la peine de mort, et l’on peut soutenir l’hypothèse de Mariani (directeur de la prison de la Santé de 1954 à 1960) : Fesch aurait probablement été grâcié s’il n’avait pas tué un agent des forces de l’ordre.

Une phrase

«  L’exemple, quelle monstruosité ! Comme si un homme devait payer pour de futurs crimes hypothétiques…
[…]
C’est alors qu’un cri jailli de ma poitrine, un appel au secours : mon Dieu !
[…]
Je dois mener maintenant le bon combat, le temps est si court… »

L'auteur

  • Le spectacle est issu des lettres écrites par Jacques Fesch pendant sa détention, et publiées post mortem dans Dans 5 heures je verrai Jésus, Cellule 18 et Lumière sur l’échafaud, qui toutes évoquent son cheminement vers et dans la foi. 
  • L’œuvre de réhabilitation est en cours dans toutes les institutions, puisque, sans y consentir pleinement, le Conseil Constitutionnel n’a pas exclu en 2020 la possibilité d'une réhabilitation judiciaire de Jacques Fesch demandée par son fils. 

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