
Et pendant ce temps, Simone veille
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Thème
Une présentatrice au chignon rappelant furieusement celui, célèbre, de la non moins célèbre Simone Veil, nous présente soixante ans de condition féminine au travers de quatre tableaux situés à différentes époques :
au début des années 1950, alors que vient de paraître Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir ;
au début des années 1970, entre les lois Neuwirth (1967) et Veil (1975) ;
dans années 1990, lorsque la chirurgie esthétique fait fureur (et bien des ravages) ;
enfin dans les années 2010, à la recherche d’un féminisme qui parviendrait à mieux y associer les hommes.
Quatre séquences donc, mettant en scène trois lignées de femmes aux statuts et positions variées, évoquant leur condition, récits, exemples et situations à l’appui.
Points forts
Cette comédie aux 1800 représentations se donne depuis 2015, et ce n’est pas sans raison :
les saynètes sont fort bien vues et saisissent l’essentiel de la condition féminine à chaque époque, avec les nuances qui s’imposent, selon les milieux sociaux notamment ;
surtout, elles n’ont rien de pesamment didactiques, et sont portées avec un enthousiasme intact par des comédiennes talentueuses et impliquées.
Les textes des chansons sont particulièrement ciselés et font mouche à tout coup. La mise en scène fait bien corps avec le propos, et tout ce qui aurait pu se transformer en conférence statique et roborative a été habilement écarté.
Quelques réserves
- Une certaine inégalité dans la prestation, avec une présentatrice certes pétulante, mais pas toujours convaincante, d’autant que ses interventions sont mitées par des blagues de comptoir parfaitement dispensables.
Encore un mot...
Un manifeste efficace et nullement pesant pour un féminisme ouvert, non sectaire, qui porte une conception universaliste (cf. la charge particulièrement savoureuse contre le port du voile, voir l’extrait de Oui tchador).
Devant le théâtre, le magnifique portrait de Simone Veil, toute en beauté, en force et en bienveillance, salue les spectateurs et semble exprimer une double gratitude : envers la portraiturée, mais aussi de Simone Veil envers celles qui ont repris le flambeau, même si le message n’est pas encore assimilé par tou-te-s, loin s’en faut…
Une phrase
Simone : « Le port du pantalon par une femme est un délit… A partir de 1909, [il] est autorisé à condition qu’elles tiennent à la main un vélo ou un cheval. […] Paradoxalement, aujourd’hui, quand une fille porte une jupe dans une cité, c’est une…
- Les filles : … pute !
- Simone : D’où le fameux “à poils“…
- Les filles : … salope ! »Oui tchador, sur l’air de Oui j’l’adore :
« Quand je vais faire les soldes
J’m’achète d’abord
Un tchador
A la deuxième démarque
J’achète encore et encore
Toujours un tchador
C’est ma tenue, mon passeport
C’est mon lot, c’est mon sort
Oui tchador, on ne voit pas quand je dors
Oui tchador, ça fait robe et ça fait store
Quand je vais me baigner
Ou quand je fais du sport
C’est en tchador
En tchador. »
L'auteur
Bac en poche, Trinidad Garcia entame des études de psychologie à l’université et suit parallèlement des cours de théâtre au Petit Conservatoire de Mireille, qui voit en elle une comédienne. Viennent ensuite ses premiers sketches, ses premiers cabarets, puis grandes scènes et apparitions à la télévision. Parallèlement, Trinidad Garcia suit des cours de théâtre aux conservatoires des VIe, Xe et XIIIèmes arrondissements de Paris.
Humoriste, imitatrice, chanteuse, comédienne, elle a officié huit ans au Fou du roi, l’émission de Stéphane Bern sur France Inter.
Autrice de l’essentiel du texte ainsi que de la totalité de ses chansons, Trinidad eut l’idée de ce spectacle en 2011, au moment de l’affaire Strauss-Kahn, quand une large partie des soutiens de DSK se montrèrent plus ou moins volontairement aveugles (« Le Dominique que je connais n’est pas capable de… » selon son propre biographe !) et toujours indulgents (« ce n’est jamais que le troussage de domestique » osa J.-Fr. Kahn, avant de se repentir) envers les comportements du champion de la gauche sociale-libérale et des sondages.
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