Et pourtant, j’ai besoin d’amour – des hommes ont écrit à Ménie Grégoire

Le mal(e)-entendu amoureux
De
Etienne Coquereau/ Ménie Grégoire et auditeurs et lecteurs anonymes
Durée : 1H25
Mise en scène
Etienne Coquereau
Avec
Florent Houdu, Sophie-Anne Lecesne, Adrien Michaux (avec la voix de Monique Lecarpentier)
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre Les Déchargeurs
3 rue des déchargeurs
75001
Paris
01.42.36.00.50
Du 02/03/2023 au 25/03/2023 Jeudi, Vendredi, Samedi à 21H00

Thème

  • La masculinité va souvent de pair avec la rétention d’affection, une résistance face aux conversations profondes et intimes. Ce spectacle veut faire entendre des paroles d’hommes et re-questionner leur place dans notre société. Parfois la souffrance vécue par certains hommes peut servir de catalyseur pour attirer l’attention sur la nécessité de changement. 
  • En effet, nous sommes conviés à une vertigineuse immersion dans l’intimité des hommes comme on en parle rarement au théâtre. Par la force du verbe qui s’épanche à travers de nombreux courriers d’hommes blessés de tous âges dans une France qui s’ouvre à la libération sexuelle en 1967 et 1973, on assiste aux cris de l’intime. Ces jeunes gens, ces hommes mariés, ces célibataires handicapés du sentiment appellent au secours celle qui sut apporter réconfort et conseils durant la France gaullienne, catholique et bourgeoise de l’époque, encore largement corsetée par la morale traditionnelle, en dépit de l’explosion de mai 68.
  • C’est au travers des lettres d’hommes envoyées à Ménie Grégoire, animatrice de radio sur RTL entre 1967 et 1981, que vont s’exprimer leur solitude, d’amour blessé et de sexualité.

Points forts

  • Tout au long du spectacle, l’émotion est palpable et elle est portée par une distribution magnifique. Les trois timbres particuliers des interprètes évoquent les univers sonores feutrés de Brahms. L’alternance de leurs voix - relayées tantôt par un micro tantôt à voix pleines - apporte une chaleur, un velouté et offre une mélodie singulière. Avec délicatesse, pudeur, les trois comédiens se font l’écho de ces hommes réservés, dont la tragédie quotidienne nous bouleverse et vient percuter notre humanité. 
  • Soulignons l’intelligence et la sensibilité de la conception d’un projet servi par une mise en scène sobre et chaleureuse. La scénographie, toute de cartons d’archives parsemés, offre aux interprètes une fluidité de mouvement et un espace dynamique qui tient de la salle de documentation comme de la chambre d’enfant. 
  • Il en résulte un spectacle qui rend le désespoir positif par la prise de parole et les réponses d’une femme empathique, qui réconforte et bouscule parfois ses lecteurs et ses auditeurs pour leur ouvrir une porte.

Quelques réserves

  • Strictement aucune

Encore un mot...

  • Au terme du spectacle, on en vient à se demander ce qui a changé depuis cinquante ans. A quels obstacles les hommes d’aujourd’hui sont-ils confrontés par rapport à leur sexualité ? Sur la question du désir, de la connaissance de la jouissance féminine ? 
  • Comment, par ailleurs, ne pas nous repositionner et nous questionner sur notre monde qui s’enferme dans une radicalité de position et construit plus d’oppositions que de convergences ?
  • Avec Ménie Grégoire prévaut un appel à la bienveillance, à l’écoute et non au jugement. C’est un spectacle salutaire, nécessaire. Si tant est qu’il puisse exister des spectacles féministes au bon sens du terme, voici un spectacle « hoministe » qui restera dans vos mémoires. Ne le manquez pas.

Une phrase

« Chère Madame,
Je vous écris aujourd’hui parce qu’il m'est impossible de sortir seul de la situation où je me trouve : j’ai besoin de parler, j’ai besoin d’aide et de conseil pour éclairer mon désarroi et mon ignorance. »
[…] « Chère Madame, 
J’ai 40 ans, j’ai quatre enfants, je suis marié depuis douze ans, j’adore ma femme, je n’ai encore jamais trouvé mieux, mais hélas nous ne nous entendons pas, mais pas du tout. Je n’ai encore jamais vu ma femme toute nue. »
[…]
Ménie Grégoire : « Les hommes écrivent dix pour cent des lettres. Ils n'écrivent pas à Ménie Grégoire, car c'est d'abord à soi qu'on écrit. Une lettre, c'est un moment d'arrêt dans sa vie pour se parler de soi et à soi. On écrit pour savoir ce qui nous habite, autant que pour le faire savoir. […] Pour les femmes la frigidité ne met pas en cause leur féminité, aussi elles en parlent beaucoup et sans difficulté. Pour les hommes, le “plaisir“ est rarement questionné, c'est l'impuissance qui pour eux est infiniment plus grave.  Si la femme est frigide c'est un problème mais si l'homme est impuissant c'est un drame et il veut qu'on le sache. » 

L'auteur

  • Comédien avant tout, Etienne Coquereau joue avec Catherine Delattres, Alain Bézu, Maria Zachenska et sous la direction Adel Hakim, Jean-Marie Villégier et Daniel Mesguich. 
  • Il interprète actuellement Jours tranquilles à Jérusalem de Mohamed Kacimi, mis en scène par Jean-Claude Fall, et La situation (mise en scène de Bernard Bloch).

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche

Théâtre
Aïe !
De
Attica Guedj