EURYDICE

De
Jean Anouilh
Mise en scène
Jean-Laurent Cochet/Sam Richet
Avec
Jean-Laurent Cochet (le père), Sam Richet (Orphée), Norah Lehembre (Eurydice)
Recommandation

Grâce au style d'Anouilh, à l'univers d'Anouilh, et à la présence de Jean-Laurent Cochet, plus qu'au déroulé de la pièce elle-même.

Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre 14
0145454977
Jusqu'au 22 février

Thème

Jean Anouilh a écrit cette pièce en pleine guerre, en 1941. Il n'a que 31 ans mais déjà à son actif une très belle oeuvre, "LE BAL DES VOLEURS", en attendant "ANTIGONE"(1944).

Dans son oeuvre abondante, "EURYDICE" fait partie, comme "ANTIGONE" et "MEDEE", de ce qu'il appelait lui-même "les pièces noires", mettant en scène le drame de gens hors du commun égarés dans la vie des gens ordinaires.

Les deux personnages légendaires, Orphée et Eurydice, sont devenus, chez Anouilh, deux artistes de notre temps, un jeune violoniste et une jeune comédienne, qui se rencontrent dans un café de gare. Thème de la pièce: que se passe-t-il quand on décide de tout quitter pour vivre ce que l'on croit être un grand amour?

Points forts


1 Le ton Anouilh: un voyage hors des facilités convenues de tous les bobo-ismes. Une ironie sauvage et décapante.


2 La sincérité d'Anouilh dans la description d'un monde où il n'y a que très peu de place, à ses yeux, pour la moindre grandeur.


3 Son style, sans fioriture, direct, abrupt, acéré. Sa maîtrise de la langue française, du mot juste.


4 Son sens de la formule. Genre, ce commentaire de la caissière du café, au sujet d'Orphée et Eurydice: "Ils étaient beaux, innocents et terribles comme l'amour".


5 La présence et la force de Jean-Laurent Cochet qui est, comme d'habitude, remarquable de vérité et d'humanité, dans le rôle du père d'Orphée, rôle sans doute le plus intéressant, théâtralement, dans cette pièce qui vaut sans doute plus par les relations entre Orphée et son père que par les relations entre Orphée et Eurydice.

Quelques réserves


1 Le hic, dans cette pièce, c'est qu'à aucun moment Orphée et Eurydice ne donnent vraiment l'impression de former un couple exceptionnel. C'est un peu lié au jeu des acteurs, mais cela tient surtout au texte d'Anouilh lui-même. Orphée et Eurydice parlent beaucoup mais on se demande comment ce couple aurait réagi s'il avait vraiment eu à vivre ensemble, comment il aurait pu supporter l'usure du temps. D'ailleurs si Eurydice croit tant à cet amour pourquoi cherche-t-elle à cacher son passé à Orphée?


2 Il faut dire qu'Anouilh a sans doute forcé la note en rendant à ce point Orphée jaloux du passé d'Eurydice. Il en fait  un fieffé emmerdeur qui passe son temps a piétiné le cadeau extraordinaire que la vie lui offre. A croire que le tandem jalousie-orgueil est plus fort qu'un grand amour. On retrouve là cette névrose de la jalousie, éparse dans l'oeuvre d'Anouilh.
   

3 La mise en scène est froide, statique, rigide. Et nous éloigne des personnages alors que nous devrions compatir à leur malheur, au sens étymologique du mot, cum patein, souffrir avec.

Encore un mot...


Même si cette pièce est loin d'être l'une des meilleures d'Anouilh,

1 on comprend que l'auteur d'"ANTIGONE" y fût très attaché,car c'est l'une de celles où transparaît le mieux sa vision particulièrement sombre de la vie.

2 on respire l'air des grands écrivains. En l'occurrence,  l'univers d'un anarchiste qui prend place dans le Panthéon des grands auteurs de droite du XX° siècle, juste à côté de Jean Giraudoux et de Marcel Aymé.

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