
Honda romance
Infos & réservation
Thème
Le spectacle est organisé en trois séquences.
Un satellite Honda fort bavard, écrase de sa masse une jeune femme qui va se redresser en portant sur sa tête l’énorme machine.
Debout, la jeune femme parcourt la scène en jetant autour d’elle des phrases de tous les jours, souvent inachevées, plus ou moins prosaïques ou profondes, permettant de faire défiler 200 émotions. Elle crie, chuchote, module et affronte vaillamment les assauts imprévisibles de trois canons à air.
Enfin, dix chanteurs et chanteuses marchent sur scène sans jamais s’arrêter, en chantant a capella.
La scène vide est barrée par des pans de rideaux blancs qui permettent aux marcheur(euse)s de disparaître et apparaître, s’encombre, au fil du spectacle, d’objets jetés là, parfois rageusement.
Points forts
La performance de Vimala Pons elle-même, comme colonisée par le bruit du monde qui n’est pas toujours que du bruit, est saisissante. Incarnation de ce que l’on appelle le “flux de conscience“, scandé ici par des sauts associatifs et dissociatifs, ce long monologue dans lequel rien n’est ordonné ni hiérarchisé et où saillent quelques pépites de drôlerie, produit une ivresse séduisante.
De la même façon que la fluidité des déambulations qui donnent à voir quelque chose de l’équilibre et du déséquilibre émotionnel créent, en durant, un envoutement heureux. La marche, la danse, le chant sont autant d’expressions du mouvement intérieur qui est notre condition corporelle et des ajustements constants - émotionnel ou physique - qui ordonnent nos existences. La beauté des voix et de la musique est tout simplement édénique, ménageant des instants de grâce pure et accompagnant la marche qui, comme chez Maguy Marin, est une danse.
Entre, performance, stand-up, haltérophilie, comédie musicale et narration, le spectacle est multiple et puissamment sensoriel.
Quelques réserves
La première scène peut laisser sceptique : certes Vimala Pons est une athlète remarquable, mais on hésite un peu à verbaliser ce que pourrait être le sens de ce portage, tant cela semble élémentaire.
L’ivresse des scènes suivantes produit parfois une vague somnolence en proportion même du caractère hypnotique de ce qui se passe sur scène, un peu comme si l’expérience sensorielle trouvait là ses limites.
Encore un mot...
La puissance des corps mise au service de la dénonciation de la violence de la technique et du rapport fou que les sociétés modernes entretiennent avec la technologie, le jeu avec et sur les émotions recensées et égrenées, c’est désormais un topos des spectacles, particulièrement de cirque. On pense à Face aux murs ou à Machine de cirque donnés à la Scala les saisons dernières qui, peut-être moins ambitieux intellectuellement, fonctionnaient sur un registre sensible plus convaincant.
L'auteur
Autrice, performeuse, actrice, circassienne, metteuse en scène et chanteuse, Vimala Pons sait tout de la scène, de la façon de mettre les corps au service d’un propos et de la performance.
Formée au karaté et au tennis, elle a appris la guitare classique, a étudié l’histoire de l’art, le cinéma et aussi le théâtre dans la Classe Libre du cours Florent et le jonglage, au CNAC.
A partir de 2011, elle tourne régulièrement pour le cinéma français, notamment avec les réalisateurs Antonin Peretjatko et Bertrand Mandico. Depuis 2010, elle crée avec son partenaire de scène Tsirihaka Harrivel des pièces de cirque où la création musicale tient un rôle de premier choix. Après GRANDE — en 2017, Le Périmètre de Denver est son premier spectacle solo. On doit à cette Artiste multimédia Mémoires de l’Homme Fente, livre audio paru en 2020, Eusapia Klane la bande son du Périmètre de Denver en 2022, et le clip de Flavien Berger Feux Follet, en 2023.
Honda Romance est sa quatrième pièce, créée en septembre 2025 à la Comédie de Genève.
Ajouter un commentaire