Je voudrais pas crever avant d’avoir connu

Les poèmes de Boris Vian peinent à convaincre
De
Boris Vian
Création musicale : Guillaume Barre
Durée : 1h05
Mise en scène
Georgina Ridealgh et Jonathan Perrein
Avec
Guillaume Barre, Jonathan Perrein
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Essaïon
6 rue Pierre au Lard
75004
Paris
01 42 78 46 42
Du 25 mars au 14 mai, les lundis et mardis à 21h

Thème

  • La pièce se compose exclusivement de poèmes de Boris Vian, en vers ou en prose.

  • Cela n’empêche pas de voir le génial trublion sous différentes facettes, parfois tendres, parfois surréalistes, parfois malicieuses, mais toujours avec cet envi de se démarquer profondément des sentiers battus.

  • Le spectacle est mis en musique par Guillaume Barre, qui ajoute une touche inattendue aux poèmes de Boris Vian.

Points forts

  • Le répertoire poétique de l’auteur de J’irai cracher sur vos tombes n’est pas forcément le plus connu. Il est pourtant intéressant à découvrir, rassemblés dans les quatre recueils qu’il a publiés.

  • Vian y fait preuve de l’impertinence, l’humour, le sens de la dérision qui ont traversé toute sa production. Certains de ses poèmes furent d’ailleurs mis en musiques et interprétés par les plus grands interprètes de son époque, comme Serge Reggiani, Henri Salvador ou Mouloudji.

  • Les deux comédiens, dont on perçoit bien l’amicale complicité, naviguent entre les eaux tantôt troubles, tantôt calmes, avec agilité et un plaisir évident.

Quelques réserves

  • On ne retrouve pas toujours dans ces poèmes toute la verve débridée de l’auteur de L’écume des jours. Les dimensions comiques, rigolardes, impétueuses et explosives s’expriment moins facilement que dans ses romans, chansons, pastiches et autres œuvres peut-être plus légères.

  • Même si la scène de l’Essaïon n’est pas bien grande, cela n’explique pas l’absence quasi-totale de mise en scène, d’autant plus qu’ils s’y sont mis à deux. Pas de scénographie inventive ni d’inspiration, pas d’élément de décor ou d’artifice qui vienne troubler un spectacle finalement assez convenu dans sa forme.

  • Au final, on reste sans cesse à la lisière de l’œuvre de Boris Vian, on sent parfois qu’on s’en approche mais sans pouvoir la pénétrer pour en jouir totalement.

Encore un mot...

  • « L’enfant libre, créatif, en sécurité, propulsé dans le monde adulte à l’âge de sept ans parce qu’il apprend que son cœur ne le suivra pas très longtemps, et l’adulte torturé, tiraillé, malmené, jamais reconnu à sa juste valeur. Créer, inventer, jouer, chanter, rigoler, écrire, vite, vite, vite … sa maladie de coeur le rattrape. »
    (Jonathan Perrein, metteur en scène et interprète, à propos de Boris Vian)

Une phrase

« Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la Lune
Sous son faux air de thune
A un côté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards. »

L'auteur

  • Boris Vian est né le 10 mars 1920 à Ville d’Avray, et mort le 23 juin 1959 à Paris. Il fut tout à la fois romancier, poète, dramaturge, ingénieur, trompettiste, auteur de chansons et de films, directeur artistique, pataphysicien et … roi de Saint-Germain des Prés.

  • Ce sont bel et bien mille et une vies que Boris Vian sera parvenu à vivre en seulement 39 ans. De cette trajectoire étincelante, le bonheur d’écrire et d’aimer croise la hantise de la mort. Les éclats de rire d’un esprit prodigieusement libre d’accompagner le bouleversement roman d’amour de L’écume des jours aussi bien que Le déserteur.

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