LA CULOTTE

C’est Madame qui porte la culotte
De
Jean Anouilh
DUREE : 1H45
Mise en scène
Emelyne Bayart
Avec
Emelyne Bayart, Christophe Canard, Marc Chouppart, Thomas da Costa, Marc-Henri Lamande, Corinne Martin, Laurent Ménoret, Herrade Von Meier
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Athénée
2-4 square de l’Opéra Louis-Jouvet
75009
Paris
01.53.05.19.19
Du 21 septembre au 7 octobre, du mardi à 20H au dimanche 16H

Thème

  • Les femmes sont au pouvoir, La révolution féminine a eu lieu. Les lois ont changé, et tout homme soupçonné de phallocratie est immédiatement condamné, gare au châtiment suprême : l’émasculation ! 
  • C’est d’ailleurs ce qui guette Monsieur de Saint-Pé, académicien de renom qui s’est permis de faire un enfant à la bonne, ce qui jette toute la famille , Madame en tête, dans un procès où se règlent tous les comptes.

Points forts

  • Une scénographie surprenante aux accents felliniens. C’est dans la comédie, par l’absurde et avec un certain culot, qu’Emelyne Bayrat se déchaîne. Sa mise en scène baroque, inventive, nous assène une bonne paire de claques vivifiante, en déclenchant un rire grinçant, libérateur dans une folie que rien ne semble pouvoir arrêter.
  • Une esthétique singulière ; qui balance entre l’onirisme et le lyrique.
  • Cette guerre des sexes aux allures de cruauté ravageuse est agrémentée de chansons réalistes et populaires, qui offrent des moments de respiration dans ce tourbillon insensé où la grâce le dispute à la lâcheté,  l’amour à la rancœur, le ridicule à l’innocence.
  • Il y a dans cette pièce magnifiquement jouée des interprétations hautes en couleurs, où chacun façonne ses différents personnages avec art et précision. 
  • Le moment du procès est un régal de surprise dont il serait dommage de vous dévoiler l’originalité.

Quelques réserves

Je n’en ai pas trouvé.

Encore un mot...

  • C’est une farce tragique d’une belle envergure et d’une audace sans pareille quand elle fut représentée la première fois, et elle n’a pas pris une ride depuis. Jean Anouilh - alors au sommet de son art par sa plume acide, cruelle et incisive -  décortique ce monde petit-bourgeois avec ses mœurs, et assène leurs quatre vérités aux hommes et aux femmes. 
  • La femme est ici à l’honneur, et le propos du dramaturge résonne encore plus fort aujourd’hui, quand tant de scandales et d’abus sont découverts et dénoncés quotidiennement. 
  • C’est pourquoi, il faut courir au plus vite à l’Athénée pour se prendre une bonne “déculottée“ !

Une phrase

ADA DE SAINT-PE :  « Première expérience… je coche…“plaisir“. Et c’est elle qui a fait le geste ? Tu en es bien sûr ?
LEON DE SAINT-PE : Il y a toujours eu des femmes libérées. C’était une petite pionnière. J’ai fait l’amour pour la première fois avec une petite pionnière. C’est plutôt gentil.
ADA DE SAINT-PE :  Ah j’oubliais… qu’est-ce qu’elle était socialement ?
LEON DE SAINT-PE : … La fille des fermiers de mon grand-père.
ADA DE SAINT-PE : Et tu n’as pas songé une minute à ce que ton geste de petit bourgeois phallocrate et dominateur pouvait laisser comme séquelles dans l’âme candide de cette enfant du peuple ?
LEON DE SAINT-PE : Mais puisque je te dis que c’est elle qui m’avait déboutonné, et qui avait deux ans de plus que moi !
ADA DE SAINT-PE : Ordure ! Répète après moi : “Je suis une ordure bourgeoise“. »

L'auteur

  • Jean Anouilh, dramaturge, metteur en scène et scénariste, est l’auteur de 47 pièces qu’il écrivit entre 1929 et 1981. Dès 1942, il devient un auteur majeur de la scène française avec Le voyageur sans bagage que crée Louis Jouvet puis avec son Antigone.
  • Dès lors Anouilh enchaine les succès, et sera joué par les plus grand acteurs de son temps : Suzanne Flon, Maria Casarès, Bernard Blier, Jean-Pierre Marielle , Brigitte Bardot, Edwige Feuillère, Michel Bouquet !
  • Son théâtre de prédilection est la Comédie des Champs-Elysées, où il créera la plupart de ses pièces. Il est également l’auteur d’une vingtaine de scénarii pour le cinéma et la télévision, mais aussi d’arguments de ballet et de livrets pour l’opéra.
  • En 1961 il obtient un Tony Award et, en 1971, Le prix du brigadier pour trois pièces à l’affiche. En 1980 enfin, il reçoit le Grand Prix du théâtre de l’Académie Française.

Commentaires

Séaphine
jeu 23/05/2024 - 15:24

Je n'ai pas du tout aimé cette pièce que je ne connaissais pas. Je ne reconnais pas l'Anouilh bien sûr persifleur, grinçant audacieux dans ses prises de position mais dont on aime la perfection verbale. Ici la vulgarité l'emporte sur un humour que l'on dit ravageur mais que je trouve excessif et dérangeant, rien à voir avec Pauvre Bitos que j'ai vu il y un mois . Cette reprise de la pièce consacrée au dénigrement du monde phallocrate va évidemment dans le sens de l'actuel mouvement féministe . Ce n'était pas nécessaire.

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