La Scortecata

Bouffonnerie baroque
De
Llibrement adapté du conte Les Deux Vieilles de Giambattista Basile
Adaptation : Emma Dante
Mise en scène
Emma Dante
Avec
Salvatore D’Onofrio, Carmine Maringola
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre national de la Colline
15 Rue Malte-Brun
75020
Paris
01 44 62 52 52
Jusqu’au 28 juin. Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30

Thème

  • Deux individus, qui se révèlent être deux très vieilles femmes et même des sœurs, se sucent frénétiquement le petit doigt pour une raison qui ne tarde pas à être révélée. Il s’agit, par le trou de la serrure, de montrer au roi qui s’est épris de la voix d’ange de l’une d’entre elle sans la voir, ce petit doigt aussi lisse et rose que s’il appartenait à une jeune fille. 
  • La supercherie fonctionne, et la centenaire est invitée à passer la nuit au château, ce à quoi elle consent… pourvu que règne l’obscurité !

Points forts

  • Le jeu incroyable des deux comédiens, tour à tour claudiquant et voutés, ou légers comme des hommes à qui le monde appartient ; leurs voix rauques, perchées, ronflantes qui résonnent comme dans une ruelle de Naples, tout ceci est une incarnation parfaite des enjeux du texte. 
  • La langue vernaculaire et drue du XVIIème siècle, avec son argot, ses sentences et ses invectives salées, rebondit comme une balle sur la scène quasi-nue. 
  • Deux chaises, une porte tombée sur le sol, un drap, des clairs obscurs de masure et de châteaux, des interludes musicaux parfaitement adaptés et la scène est habitée par un monde onirique et fou, et pourtant entièrement crédible.

Quelques réserves

Suivre les surtitres placés très en hauteur demande un véritable effort, puisque le rythme est soutenu. Le spectateur est donc privé d’une partie des mimiques et des gesticulations qui se passent sur la scène, ce qui est très dommage.

Encore un mot...

  • Comme à la comedia dell arte, les deux vieilles sont comme masquées, puisqu’elles sont interprétées par des hommes, conformément à ce qui se faisait au théâtre au XVIIème siècle. • Ce jeu de masquage produit une mise en abîme cocasse et vertigineuse à la fois : ces deux centenaires se jouent l’une à l’autre une comédie naïve, rusée et ingénieuse.
  • La folie et les caprices des deux femmes éclairent et réfléchissent comme en miroir la folie et les caprices des têtes couronnées. 
  • Entre satire, farce, bouffonnerie et tragédie, on est au carnaval. Mais ce carnaval est baroque : car si ces vieilles sont fougueusement vivantes, la vieillesse est aussi, une fois le rêve fini – ou était-ce un cauchemar ? - une raison de désespérer.

Une phrase

« Ah ! le temps ne passe plus.
Tu es le résultat des malheurs. (…) Tu es tellement laide que tu dégoutes même l’obscurité. »

L'auteur

  • En adaptant librement le conte Les Deux Vieilles dans une langue qui fleure bon les traditions orales et populaires du sud de l’Italie, Emma Dante poursuit son travail autour de l’œuvre de l’auteur napolitain Giambattista Basile (1566-1632)
  • Ce texte est tiré d’un recueil de cinquante contes populaires, également connu sous le titre Le Pentamerone, publié à titre posthume en 1634 et 1636, et qui a inspiré Charles Perrault et les frères Grimm. 
  • Directrice de l’école du théâtre Biondo de Palerme depuis 2014, Emma Dante a présenté à la Colline en 2019 le spectacle Fable pour un adieu.

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