
L’affaire Buckingham
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Thème
Louis XIII néglige la Reine pour ses mignons, alors que sa mère, Marie de Médicis, complote pour mettre son fils Gaston sur le trône, et que Richelieu manigance la chute d'Anne d'Autriche, épouse royale déchirée entre sa foi (« Né mé youjé pas ») et des désirs que sa favorite, Brigitte de Chevreuse, attise par ses récits de galipettes.
Dans ce paysage de cour particulièrement foutraque débarque Buckingham, un serial séducteur, chargé de finaliser avec le cardinal le mariage d’Henriette, sœur du roi, avec Charles Ier d’Angleterre.
Mais Henriette en pince pour d'Artagnan, qui n’est encore qu’un apprenti Mousquetaire. Il troque sa titularisation contre une course épique pour sauver le royaume et la Reine, après des aventures rocambolesques et un sacrifice de sa personne que le viril Gascon n’imaginait pas un instant…
Points forts
Dans cette pochade musicale aussi sympathique que bien troussée, on croise des personnages dont la consistance historique se moque de toute vraisemblance (leurs Altesses n’hésitent pas à se rencarder au One Two Two…), pour mieux servir une comédie débridée dans laquelle les comédiens s’en donnent à cœur joie : d’Artagnan, Richelieu, Buckingham, Anne d’Autriche et Marie de Médicis, le roi et son frère se claquent les portes au nez comme dans les meilleurs vaudevilles, et n’hésitent pas à s’envoyer des salves en alexandrins pas piquées des hannetons !
Ce théâtre burlesque s’inscrit dans la ligne des farces du grand Francis Blanche : des vers de mirliton agrémentent la sauce, les bons jeux de mots pétaradent (cf. les Extraits), et des décrochages comiques tout à fait réjouissants (la danse du zafu par une Anne d’Autriche convertie aux disciplines hindoues) surprennent agréablement le spectateur….
Le travail musical est ici particulièrement soigné : les airs sont variés, empruntent à tous les styles (de Purcell au beat le plus lourd), les paroles ajustées et les arrangements tout à fait épatants, ce qui n’est pas sans rapport avec le pedigree de Sophie Jolis (cf. § L’autrice) qui a écrit et mis en musique L’affaire Buckingham. L’adresse finale au public, chantée, est fort bien tournée et prolonge l’esprit de la pièce.
La troupe, sympathique, n’a d’autre but que divertir et touche son public : la présence pétulante de Julie Costanza est un régal, la comédienne composant plusieurs personnages truculents avec une fantaisie communicative, et ses camarades ne sont pas en reste.
Quelques réserves
On se désole que le soir de la représentation, il n’y ait eu dans la salle qu’à peine le double du nombre de comédiens sur scène pour saluer une comédie bien troussée.
Encore un mot...
- [on tente la rime] Lors même que l’été vient s’annoncer, ce spectacle agrémentera vos soirées.
Une phrase
Gaston [se rêvant Gaston Ier, roi de France à la place de son frère] : « Il se réjouit l’organe avec ses écuyers plutôt qu’avec sa femme / A moi la couronne, à lui la disgrâce ! »
Louis XIII [à Richelieu, parlant de sa femme] : « Ainsi donc, elle en pince, Monseigneur ! »
Marie de Médicis [à Richelieu] : « Mon plan se découpe en quatre points, Cardinal
Gaston [la coupe] : … cardinaux !
Marie de Médicis : Que dis-tu ?
Gaston : quatre points … cardinaux ! »
Gaston [à sa mère] : « Mais, mère…
Marie de Médicis [le coupe] : … Ne m’appelle pas mémère ! »Richelieu : « Madame de Chevreuse, toujours désirable et toujours sulfureuse… »
D’Artagnan : « Henriette… du Mans ?
Marie de Médicis : Henriette dûment… mariée ! »
L'auteur
Sophie Jolis commence la musique par la flûte traversière, et remporte une médaille d’or au CRD de Saint-Germain en Laye. Elle obtient ensuite la médaille d’or de chant lyrique au CNR de Versailles, et mène des études de musicologie à l’université, tout en commençant à se former au théâtre.
Au cours de ses dix ans de tournées sur les grandes scènes au sein d'ensembles baroques dans des répertoires d'opéra, elle écrit et compose des spectacles musicaux et des chansons qu’elle met en scène au sein d’un atelier-troupe. Dans les années 2000, Sophie Jolis s'éloigne petit à petit du chant lyrique et baroque pour se consacrer à l'écriture de spectacles musicaux et de projets pédagogiques. Elle fonde la Compagnie Croc-en-Jambe, joue dans des créations pour jeune public qu’elle écrit et compose, se lance dans la mise en scène tout en se formant en “chant musique actuelle“ auprès de Laurent Mercou.
Cette pédagogue, qui a obtenu son DE de chant en 2002, l’enseigne en Conservatoire entre 1997 et 2010. De 1994 à 2010, elle a été formatrice en technique vocale dans le cadre du plan Chant à l’école au Centre Polyphonique de Paris, puis elle a pris la direction du Conservatoire du Pecq depuis 2010.
Depuis 2012, alors qu’elle a fondé les Dézingués du vocal, Sophie Jolis se ne se consacre plus qu’au théâtre musical, en tant qu'autrice-compositrice, interprète et metteuse en scène.
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