Le malade imaginaire

Dans l’ombre d’un homme
De
Molière
Durée : 1h45
Mise en scène
Tigran Mekhitarian
Avec
Tigran Mekhitarian, Anne Coutureau, L’Éclatante Marine, Sébastien Gorski, Cédric Welsch, Isabelle Gardien ou Brigitte Guedj, Camilla Halima Filali ou Mélanie Ferrara, Etienne Paliniewicz
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de la Concorde
1-3, avenue Gabriel
75008
Paris
01.71.27.97.17
Jusqu’au 22 mai 2025
Avignon du 5 au 26 juillet 2025, au Théâtre du Chêne Noir

Thème

  • Argan, mari tyrannisé et père abusif, se livre aveuglément aux médecins qui l'entretiennent dans un état maladif, entre fantasmes et névrose. 

  • Rendu à l'état végétatif, il ne voit d'espoir, pour sauvegarder sa santé, qu'en l'union de sa fille Angélique avec un homme de médecine

Points forts

  • Un Argan jeune : ce malade vulnérable, presque enfantin parfois,  nous touche dans son errance, et la troupe qui l’accompagne s’impose avec force et résistance comme un cri de révolte d’une jeunesse qui aspire à plus de liberté.

  • Tigran Mekhitarian, nous offre une œuvre au noir, une fable urbaine en lieu et place de la farce originale de Molière.  Avec sa vision résolument moderne de s’emparer des œuvres de répertoire mais avec un immense respect de la langue, il dissèque, à travers l’intrigue, les maux de notre société, dénonçant tour à tour le patriarcat, le consentement, la violence d’une société qui s’affranchit des règles du vivre ensemble au profit d’un intérêt particulier. 

  • Une mise en scène décoiffante

Quelques réserves

  • Un rythme parfois inégal au fil des scènes.

Encore un mot...

  • Cette adaptation porte une réflexion profonde sur ce qui nous rend malade au monde : qui serait notre « malade imaginaire » aujourd’hui ? A quoi sommes nous le plus “accros“ ? Quelles sont nos dépendances et nos phobies qui nous dépassent et parfois nous asphyxient, tout comme cet homme en proie à tous les remèdes qu’on lui prescrit  sans discernement, et dont il finit par dépendre aveuglément.

  • Mais dans cet océan de noirceur, on oscille entre cruauté et comédie, avec toujours une intelligence sensible qui donne aux plus jeunes spectateurs l’envie de découvrir ce qu’un texte tricentenaire peut encore parler aux oreilles d’aujourd’hui : voilà le bon remède ! 

Une phrase

  • ARGAN [se met dans sa chaise] : « Oh çà, ma fille, je vais vous dire une nouvelle, où peut-être ne vous attendez-vous pas. On vous demande en mariage. Qu'est-ce que cela? vous riez. Cela est plaisant, oui, ce mot de mariage. Il n'y a rien de plus drôle pour les jeunes filles. Ah! nature, nature! À ce que je puis voir, ma fille, je n'ai que faire de vous demander si vous voulez bien vous marier. 
    - ANGÉLIQUE :  Je dois faire, mon père, tout ce qu'il vous plaira de m'ordonner. 
    - ARGAN :  Je suis bien aise d'avoir une fille si obéïssante, la chose est donc conclue, et je vous ai promise. 
    - ANGÉLIQUE :  C'est à moi, mon père, de suivre aveuglément toutes vos volontés. 
    - ARGAN :  Ma femme, votre belle-mère, avait envie que je vous fisse religieuse, et votre petite sœur Louison aussi…. 
    - TOINETTE [tout bas] :  La bonne bête a ses raisons…
    - ARGAN :  Elle ne voulait point consentir à ce mariage, mais je l'ai emporté, et ma parole est donnée.
    - ANGÉLIQUE : Ah! mon père, que je vous suis obligée de toutes vos bontés !
    - TOINETTE : En vérité je vous sais bon gré de cela, et voilà l'action la plus sage que vous ayez faite de votre vie. 
    - ARGAN : Je n'ai point encore vu la personne ; mais on m'a dit que j'en serais content, et toi aussi. 
    - ANGÉLIQUE : Assurément, mon père. »

L'auteur

  • Le 17 février 1673, Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, joue lui-même et pour la dernière fois (soit quatre représentations !) Argan dans son Malade imaginaire. Triste clin d’œil. Molière se met à cracher le sang puis se retire chez lui à proximité du Français pour rendre l’âme. La messe est dite. 

  • En 1680 naît par ordre du roi Louis XIV la Comédie Française, de la fusion de la troupe de Molière avec celle de l’Hôtel de Bourgogne. Personne n’aurait, parait- il, parié un liard sur la pérennité de cette union et … de son nom !

  • Or une nouvelle carrière de 400 ans démarre alors, et nous saluons en ce mois de mars 2024 une étape supplémentaire de l’incroyable histoire de notre génie absolu avec « Molière, l’Opéra urbain », une saga qui casse les codes. Il fallait que cela fût dit. 

  • Cette adaptation a déjà été donnée aux Bouffes du Nord en mars 2024 et s’est montrée bien digne de l’auteur le plus joué  dans le monde, bien plus en tout cas que le désastreux Molière Imaginaire commis par Olivier Py.  

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