L’Ecole des femmes

A apprécier encore plus "par nous les hommes"
De
Molière
Mise en scène
Stéphane Braunschweig
Avec
Suzanne Aubert, Laurent Caron, Claude Duparfait, Glenn Marausse, Thierry Paret, Ana Rodriguez, Assane Timbo
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon
75006
Paris
0144854040
Jusqu'au 29 décembre: Du mardi au samedi à 20 h, le dimanche à 15 h. Puis en tournée

Thème

Arnolphe, pour s’assurer une épouse fidèle et soumise, recueille une enfant abandonnée de quatre ans, Agnès. Il la place dans un couvent et s’assure que l’éducation qu’elle y reçoit la laisse dans l’ignorance la plus complète et la prépare à une soumission totale à son futur mari… en l’occurrence Arnolphe lui même.

Treize ans plus tard, Arnolphe parachève l’éducation d’Agnès et s’efforce de la séduire pour l’épouser.

Mais l’Amour, comme Agnès, est rebelle. Le bel Horace est passé sous les fenêtres… Il  parle d’amour et de liberté.

A quel prix Agnès pourra-t-elle échapper aux mains et aux étreintes de son barbon de mi-père, mi-époux ?

Points forts

  • La mise en scène. Tout en situant la pièce aujourd’hui, Stéphane Braunschweig respecte Molière à la lettre. Le texte passe à merveille dans un écrin qui le sert et éclaire le propos. 
  • Dans une salle de gymnastique, sur sa bicyclette Arnolphe est un jeune quinqua qui entretient son corps pour paraître plus jeune dans son costume cravate. Il se sait rigide et déclinant.
  • Dans la vitrine dorée, Agnès, faussement candide, allongée, comme promise à une consommation prochaine, joue de ses charmes. Quand elle en sort, en mini short et tee-shirt tombant, elle est toute séduction et souplesse. Avec le zeste d’ambiguïté qu’il faut.
  • Le texte est noir … la mise en scène révèle ce qu’il comporte d’humour, d’ironie, de coquin. C’est juste et drôle.  
  • Ici  le propos sur la condition féminine  choque moins qu’au XVII° siècle. Mais la mise en scène de Stéphane Braunschweig en révèle davantage. C’est  notre obsession de posséder et notre capacité à tout transformer en objet de consommation qu’elle met en lumière.
  • Les acteurs.  Claude Duparfait, l’acteur fétiche de Stéphane Braunschweig confirme son immense talent. C’est pour lui que Molière a écrit cette pièce. Après le Misanthrope, le Tartuffe… Arnolphe ! Un Arnolphe dédoublé qui se voit prisonnier de lui même et de ses obsessions. Le moindre de ses gestes, de ses mots le met à vif et l’on sent la souffrance qu’il entend cacher.
  • Suzanne Aubert, sert le charme supposé ingénu d’Agnès avec subtilité. Son aspiration à la liberté est derrière chacun de ses mots. L’air de rien elle laisse s’instiller un doute… sur la duplicité, sur le cynisme. « Le petit chat est mort ». Oui mais, avec cette Agnès là, on pourrait bien se demander si…. Formidable composition de ce duo inattendu.
  • Le décor : à part deux bicyclettes d’appartement il n’y a rien: ni bruits ni flashs, ni fumées, à l’Odéon cela fait parfois du bien…. Rien,  juste un jeu de grands filtres transparents et dorés qui par leurs reflets, dédoublent les personnages, mais le plus souvent les séparent et les éloignent. 
  • Derrière ces filtres d’or, sur son lit,  Agnès apparaît comme dans une vitrine. Cadeau rêvé, image publicitaire subliminale : Agnès… accessible ? inaccessible ?

Quelques réserves

La diction : Est-ce l’effet du choix de jouer la pièce aujourd’hui ? Est-ce l’acoustique de l’Odéon ? Est-ce le rythme donné à la pièce ? La compréhension des fins de vers est de temps en temps délicate. C’est ponctuel mais cela touche curieusement tous les acteurs. Mais c’est peut être une simple impression personnelle, n’y attachez pas trop d’importance...

Encore un mot...

  • Un mot pour Molière  en pensant à toutes les femmes des pays où cette pièce ne pourrait pas aujourd’hui être donnée.
  • Un mot pour Braunschweig qui nous fait comprendre que cette même pièce a aussi beaucoup à nous dire, ici et aujourd’hui.

Une phrase

« Votre sexe n’est là que pour la dépendance :
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu’on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité »

Arnolphe à Agnès… et aux femmes en général.

L'auteur

Parlons plutôt du metteur en scène, Stéphane Braunschweig:

Fils d'un avocat et d'une mère analyste, il fait ses études au lycée Victor-Duruy, à Paris. Après des études de philosophie à l'École normale supérieure de Saint-Cloud, il rejoint en 1987 l’École du Théâtre national de Chaillot dirigée par Antoine Vitez, où il reçoit une formation théâtrale pendant trois ans.

En 1991, il reçoit le prix de la révélation théâtrale du Syndicat de la critique pour sa trilogie intitulée Les Hommes de Neige.

Premier directeur du Centre dramatique national/Orléans-Loiret-Centre de 1993 à juin 1998, il est nommé ensuite directeur du Théâtre national de Strasbourg et de l'École Supérieure du TNS du 1er juillet 2000 au 30 juin 2008. En 2009, il devient artiste associé au Théâtre national de la Colline dont il prend la direction, en 2010.

Il est nommé directeur du Théâtre national de l’Odéon en janvier 2016.

Il a servi les plus grands auteurs dramatiques : Sophocle, Eschyle, Racine, Molière, Shakespeare, Tchekhov, von Kleist, Brecht, Thomas Mann, Pirandello, Büchner, Tennessee Williams, Ibsen…

Et quelques compositeurs, avec ses mises en scène d’opéra : Mozart, Beethoven, Strauss, Wagner, Verdi, Bartók….

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