Les galets au tilleul sont plus petits qu’au Havre (ce qui rend la baignade bien plus agréable)

Le délicieux inconfort des plages de galet
De
Claire Laureau et Nicolas Chaigneau
Mise en scène
François Michonneau
Avec
Julien Athonady, Nicolas Chaigneau, Claire Laureau ou Capucine Baroni, Marie Rual
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018
Paris
01 46 06 49 24
Jusqu’au 10 mars. Vendredi au samedi à 19h, les dimanches à 15h
Tournée : 6 janvier 2024 : l’Éclat, Pont-Audemer (27) ; 18 janvier 2024 : Théâtre des Charmes, Eu (76) ; 12 mars 2024 : Théâtre du Champ au Roy, Guingamp (22) ; 19 mars 2024 : L’Odyssée, Orvault (44) ; 20 mars 2024 : Le Quatrain, Haute-Goulaine (44) ...

Thème

  • Une succession de saynètes de la vie quotidienne sont rythmées par un gong qui indique le changement de scène et quelques passages musicaux : 
    • un homme parle, comme habité par un irrépressible besoin de rebondir sur les éléments de sa propre logorrhée ; 
    • Marie, quant à elle, a un peu le vertige, et ces deux-là se rencontrent par hasard après un anniversaire fêté sur la plage de Lacanau et, ne se connaissant que de vue, n’ont rien à se dire ; 
    • ces deux autres jouent au ping-pong ; 
    • il y a aussi ceux qui discutent sur le point de savoir si la température est de saison ou s’il est possible qu’une piscine ouverte au public soit dépourvue de chlore ou encore de la différence entre une assiette à soupe et une assiette creuse ; 
    • celui-ci ne peut rester en place pendant une séance de cinéma ; 
    • d’autres encore se racontent leur randonnée en raquettes ;
    •  il y a aussi ces invités qui n’arrivent pas à partir, piégés par l’intarissable bavardage de leur hôte …
  • Autant de personnages, de situations, de dialogues déroutants et évoquant chacun à leur manière une forme de bêtise et de futilité.

Points forts

  • L’inventivité et l’intelligence des situations, mais aussi des gestuelles mises au service de ces éclats si ternes de vies ordinaires.
  • Dans l’espace nu du plateau occupé par dix chaises dont ils modifient la disposition au gré des scènes, les comédiens, qui sont aussi des danseurs, transfigurent les toutes petites choses du quotidien et nous disent quelque chose de ce qui se joue autour de la place à prendre, à occuper, à désirer, et du lien à l'autre. Il s’agit toujours de parler par-dessus, plus vite, plus fort, ou dès que l'autre laisse un espace. 
  • La scène dans laquelle les quatre comédiens changent de places - dans un jeu de départ, de séparation, de retrouvailles - met en visibilité et en corps cette question de la place que nous occupons, que nous souhaitons occuper, que nous ne parvenons pas à occuper.  Leur façon de bouger teinte l’absurde et le trivial des échanges d’une véritable grâce comique et les leste de sens. 
  • Les pauses poétiques, burlesques, parfois méditatives, d’autres fois complètement décalées que les morceaux de musique introduisent dans le fil du spectacle (Bach, Verdi, Dutronc…) contribuent à la profondeur et à l’étrangeté de ce savoureux théâtre de situation.

Quelques réserves

Evidemment, il ne se passe pas grand-chose d’autre sur scène que cette autopsie du loufoque absolu de la vie quotidienne et des relations banales. On peut ne pas aimer...

Encore un mot...

  • « Rien d’intéressant ne sera dit, aucune idée revendiquée, aucune prouesse réalisée, mais nous parions sur le fait qu’il existe dans la banalité une vraie richesse de sensibilité, d’humour et de poésie » disent les créateurs de ce 2ème volet du dyptique du vide, et l’on ne peut que les suivre dans ce pari. 
  • Entre le parti pris des choses, le théâtre de l’absurde, ces scènes font irrésistiblement penser à des jeux d’improvisation, et invitent le spectateur à aiguiser son regard, à scruter les expressions, les regards et les gestes pour saisir quelque chose des états émotionnels que traversent les personnages : l’agacement, l’incompréhension, la solitude, le dévouement…

Une phrase

« Mais quand tu vois l’absurdité des jeux à gratter, c’est délirant ! D’autant plus que j’ai lu quelque part que les gens qui gagnent beaucoup d’argent d’un coup ils pêtent les plombs. »

L'auteur

  • Claire Laureau est chorégraphe et interprète. Formée à la danse contemporaine aux conservatoires régionaux de Caen et Lyon, puis au CNSMD de Paris, elle est depuis 2015, une de deux protagonistes du duo Pjpp avec Nicolas Chaigneau. Ils ont créé leur premier spectacle Les déclinaisons de la Navarre, en janvier 2016.
  • Après des études aux Beaux-Arts de Rouen, Nicolas Chaigneau, chorégraphe et interprète, s’est formé à la danse contemporaine auprès de Peter Goss et Philippe Tréhet, puis au sein de la Compagnie COLINE, et enfin à New York avec Barbara Mahler, Janet Panetta, et au studio Cunningham.
  • Ce premier volet d’un diptyque autour du thème du vide a été créé en juin 2021 au Havre, dans le cadre du Festival Pharenheit organisé par le Phare, Centre chorégraphique national du Havre.

Commentaires

Anne Clarisson
dim 11/02/2024 - 11:13

Nous sommes ce que nous sommes et les comédiens le font tellement bien, avec tellement d'exactitude, y compris dans les silences, que ces scènes nous invitent a la compassion, presque à la tendresse. Pas si absurde que cela, ce théâtre.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche

Théâtre
La peur
De
D’après la nouvelle de Stefan Zweig (librement adaptée)