
Les Mauvais Bergers
Durée 1h20
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Thème
En fond sonore, rauque, lancinant, mécanique, le bruit des machines. Dans une sorte de clair-obscur, on aperçoit des cheminées par une verrière. C’est là que le drame va se jouer : à l’usine.
La grève se prépare et l’on pressent qu’elle sera sanglante : trop de tensions entre les protagonistes, rancœurs, colères sourdes, humiliations accumulées. Le fardeau est trop lourd, les dés vont rouler, chacun ira vers son destin.
Voici les personnages :
Jean Roule, le meneur d’hommes, caractère entier et intrépide, c'est lui qui porte la lutte, la rage au cœur ;
son amoureuse se nomme Madeleine, une petite couturière perdue, généreuse et acquise à sa cause ;
en face se tient l'ennemi de classe, le patron de l’usine, ce Monsieur Hargand, à l’air bonhomme en apparence, mais âprement lié à son milieu social et à ses intérêts financiers ; - son fils Robert enfin, est un transfuge séduit par la fraternité des prolétaires, mais qui peine à se faire accepter par le monde ouvrier.
Fracas des manifestations : iront-ils jusqu'au bout de leur révolte ? Qui suivre? Qui sont les bons ou les mauvais bergers?
Points forts
L’actualité du propos : enjeux de pouvoir, intérêts économiques, inégalités sociales, le texte de Mirbeau résonne avec force dans le contexte actuel.
Des intermèdes musicaux entre les scènes avec des comédiens-chanteurs qui interprètent avec coeur des chants de lutte ou de résistance issus du répertoire français ou étranger.
Quelques réserves
Un spectacle militant trop chargé, voire parfois grand guignolesque (la scène des victimes de la répression est ridicule) qui, sous prétexte de provoquer le spectateur, le prend par la main et multiplie les allusions faciles : un « pognon de dingue » s' exclame ainsi l’un des personnages... A quoi bon forcer le trait quand le texte de Mirbeau se suffit à lui-même ?
Une distribution disparate, de la bonne volonté certes, mais une impression globale d’amateurisme dans l’interprétation.
Encore un mot...
Olivier Charruau, qui a lu la pièce d’Octave Mirbeau en juin 2024, en plein “chaos législatif“, déclare avoir été « renversé par la modernité de l’ écriture et l’ actualité du texte. »
Des similitudes troublantes à condition de les laisser émerger progressivement dans l’esprit du public, sans en rajouter.
Une phrase
« Et même si nous n’avons que nos poitrines nues contre vos canons… Plus jamais nous ne resterons à genou ! »
L'auteur
Né en 1848, Octave Mirbeau est un écrivain (Le journal d’une femme de chambre), critique d’art et journaliste anarchiste français. Redoutable pamphlétaire, il triomphe au théâtre avec des comédies de mœurs au vitriol comme Les affaires sont les affaires ou Le Foyer.
Pour Tolstoï , Mirbeau était « Le plus grand écrivain français contemporain, celui qui représente le mieux le génie séculaire de la France. »
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