Lettre d’une inconnue

Zweig, dans toute sa finesse et sa profondeur
De
Stefan Zweig
Scénographie: Muriel Lavialle
Mise en scène
Laetitia Lebacq
Avec
Laetitia Lebacq
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

A la Folie Théâtre
6 rue de la Folie-Méricourt
75011
Paris
01 43 55 14 80
Jusqu' au 27 janvier: jeudi 19h30, samedi 18h et dimanche 16h30

Thème

C’est une nouvelle de Stefan Zweig, publiée en 1922 à Vienne, et adaptée pour le théâtre en 2015 par Laetitia Lebacq. L’histoire d’une folle passion racontée dans une lettre posthume. L’héroïne est fascinée depuis l’âge de treize ans par son voisin écrivain, elle l’aime d’un amour total, elle devient sa maîtresse à son retour à Vienne à dix-huit ans, pour trois jours: de cette relation naît un enfant, un garçon, qui meurt au début de la pièce. Le père a toujours ignoré l’existence de cet enfant. La passion de l’héroïne continue, et des années plus tard, alors qu’elle vit avec un riche protecteur, elle le suit de nouveau pour une brève rencontre. Il ne l’a toujours pas reconnue. Mais sa vie bascule à la mort de son fils, elle n’a plus de raison de vivre et elle se laisse mourir, après avoir envoyé cette lettre déchirante à l’homme qu’elle a tant aimé.

Points forts

1) Laetitia Lebacq est remarquable: elle sait montrer les moments d’exaltation, de bonheur, d’espoir et plus souvent de désespoir, sans jamais faire tomber le personnage dans la folie.

2) Son jeu évite l’ennui que pourrait susciter une seule actrice en scène. Elle joue, elle danse, elle exprime tous les degrés de l’émotion.

3) Elle suscite l’émotion, l’empathie, la tristesse: le spectateur vibre avec elle, même quand elle pousse l’amour au-delà de la raison. La présence continuelle de l’enfant mort apporte une tension presque insoutenable.

4) La voix off apporte une variété dans le jeu et dans l’action: c’est l‘écrivain qui lit quelques phrases alors qu’elle dit tout le reste du texte.

5) La mise en scène enrichit considérablement le texte: la scène est délimitée par la chambre, où son fils est mort, avec un bureau sur lequel elle écrit et de l’autre côté s’étend un rideau derrière lequel se trouve l’appartement de l’écrivain. Il change de couleur selon les sentiments du moment, des mots s’écrivent dessus  pour compléter le récit. C’est toute une atmosphère de folle passion qui est recréée ainsi, à la frontière de la réalité et de l’irréalité.

Quelques réserves

Je vois peu de points faibles dans ce texte magnifique. Je dirai seulement que je n’ai pas trouvé très clair le rôle du fauteuil que l’actrice tourne dans toutes les positions pour exprimer certains sentiments.

Encore un mot...

Cette pièce est un enchantement: malgré son côté tragique. Elle nous entraîne dans les nuances d’un fol amour sans tomber dans la folie.

Une phrase

Ou plutôt deux:

  • « Je n’ai que toi, toi qui ne m’as jamais connu et que j’ai toujours aimé. 
  • Et le refrain qui revient de nombreuses fois dans la pièce: « Mon enfant est mort hier », « Mon enfant est mort la nuit dernière ».

L'auteur

Est-il besoin de le rappeler? Stefan Zweig (1881-1942) est un écrivain autrichien né à Vienne. il est très ancré dans le milieu viennois, mais aussi tourné vers la culture européenne. Proche de Freud et de nombreux intellectuels autrichiens, ses récits sont marqués par l'analyse des sentiments et le poids du drame. Ses principales oeuvres sont « Amok », « Lettre d’une Inconnue », « La Confusion des sentiments », « Le Joueur d’échecs, « Vingt-quatre heures de la vie d’une femme », "La Pitié dangereuse."

Il est aussi journaliste et biographe. il émigre à Londres en 1934 en raison de la montée du nazisme. Son livre-testament, "Le Monde d’hier; souvenirs d’un Européen » en fait un chroniqueur de l’âge d’or de l’Europe.

Il se suicide à Pétropolis au Brésil en 1942.

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