
Louise
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Thème
Sur un plateau barré d’un gigantesque voile noir, quatre sortes de fantômes habillés de sacs noirs dissimulant leurs visages et leur corps s’emploient à faire tomber ce rideau et organiser le décor, dont les éléments bifaces passent souvent du noir au blanc.
Alors que le fond de la scène se présente comme une coque percée d’ouvertures et forme le bastingage d’un puissant navire, les masques tombent et les protagonistes se montrent enfin : momentanément placées sous les ordres d’un officier de Marine aux allures d’un Village People et qui n’hésite pas, entre deux éructations, à arborer ses décorations (Bérengère Bodin), on découvre Methinee, la prodigieuse acrobate, Marianna la virtuose du hula-hoop, et la fougueuse Rosalba.
Un spectacle étonnant peut commencer.
Points forts
Louise ne se contente pas d’offrir une succession de performances qui frappent les imaginations et forcent l’admiration, il donne à voir la condition féminine contemporaine dans la plupart des ses dimensions. Ce n’est donc pas un spectacle dont la réussite repose seulement, comme au cirque, sur la virtuosité et l’adresse des artistes, il y a un contenu substantiel et un discours passant par le jeu des corps et pratiquement jamais par les paroles.
Le décor et ses divers éléments, très bien conçus, car tout est pensé pour être symbolisé, rien n’est gratuit, tout fait sens. Ainsi de cette séquence où le sommet de l’échelle (sociale, professionnelle, on le devine) se dérobe sans cesse pour celle qui tente de la gravir chaise en main, mais ne parvient jamais à une position stable ni à une ascension accomplie.
C’est donc une pièce au sens plein du terme, avec ses moments comiques bien sentis : le pauvre imaginaire machiste et désolant des « loufiats », qu’ils soient rockeurs ou rappeurs, est tellement tourné en ridicule que n’importe quel membre des confréries citées plus haut, s’il allait voir Louise, n’oserait plus “composer“ ni monter sur scène pour le reste de sa carrière (hélas, ce n’est pas le cas…) ; des séquences touchantes alternent, tel ce « ballet de la vieillesse » où l’émotion affleure et dont la “danse de décrépitude et de mort“ parvient à nous capter et à nous captiver.
Quelques réserves
- De fervents défenseurs du virilisme, du machisme ou du masculinisme pourrait les résumer ainsi : « Pauvres de nous »…
Encore un mot...
Louise constitue un hommage à la sculptrice Louise Bourgeois (1911-2020), dont le prénom rendait hommage à Louise Michel, et qui devint une sculptrice célèbre, notamment Outre-Atlantique, autour de thématiques questionnant le corps et ses organes, l’inconscient et la famille.
Des femmes asservies au tourbillon de vies si souvent imposées, sous des contraintes et des injonctions multiples, des plafonds de verre (ou de matériaux encore plus résistants) omniprésents : tel est le propos de Louise.
Mais cette formulation un peu schématique nous est montrée de manière bien plus subtile et virtuose par quatre artistes aussi complètes que leur spectacle - aux effets visuels épatants et à la chorégraphie millimétrée – est convaincant, sur le fond comme sur la forme.
Une phrase
Extrait de la “saillie“ d’un rappeur à mirlitons : « Allez, move up ! Wild(e) ton corps ! »
« Louise Bourgeois était une exploratrice incessante, non seulement des sculptures et de matériaux, mais aussi d’elle-même. Notre Louise partage ce même esprit… Nous travaillons de l’intérieur vers l’extérieur… Nous cherchons la vérité… Pour elle le medium était la pierre ; pour nous ce sont les corps sur scène. »
(Martin Zimmermann, metteur en scène et chorégraphe de Louise)
L'auteur
Créatrices et interprètes de Louise les quatre artistes qui forment cette troupe ont un pedigree impressionnant que l’on résumera à leurs spécialités sans développer leurs très nombreuses collaborations :
Bérengère Bodin est danseuse, chorégraphe et metteuse en scène ;
Marianna de Sanctis est comédienne, directrice artistique et pédagogue ;
Rosalba Torres Guerrero pratique toutes les danses ;
Methinee Wongtrakoon, venue du cirque, est acrobate, danseuse et chorégraphe.
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