M. comme Médée

L’amour pour toute raison
De
Astrid Bayiha
Mise en scène
Astrid Bayiha
Avec
Fernanda Barth, Jann Beaudry, Valentin de Carbonnières en alternance avec Anthony Audoux, Swala Emati, Daniély Francisque, Nelson-Rafaell Madel, Josué Ndofusu
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre de la Tempête - Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012
Paris
01.43.28.36.36
Du 3 au 25 novembre Du mardi au samedi à 20H, le dimanche à 16H

Thème

  • Femme, sorcière, magicienne mais avant tout femme amoureuse, prête à tous les sacrifices pour Jason, l’homme qu’elle aime, Médée l’infanticide est dévorée d’amour et pour accomplir son acte irréversible, nous assistons au lent cheminement d’une femme désespérée, refusant son sort. 
  • Nous sommes plongés dans le tréfonds de son cœur et de son âme. La trahison des hommes et, à travers son histoire, celle de son homme, nous est exposée par ce mythe universel.
  • La question du mal d’amour et de ses conséquences, du sort de la femme bafouée dans un monde (encore aujourd’hui) emprunt d’un patriarcat et d’une masculinité toxique. L’histoire d’une femme amoureuse, un cri qui déchire le silence des passions.

Points forts

  • L’intelligence de cette adaptation est d’avoir pris toutes les versions de Médée à travers le temps pour nous offrir une version contemporaine qui nous traverse et nous bouleverse sans ménagement.
  • Une direction d’acteurs sobre, petit chef d’œuvre d’orfèvrerie théâtrale. C’est une plongée bouleversante au cœur de cette figure mythique qu’Astrid Bayiha nous propose, dans un cadre scénique empreint de majesté classique et de sobriété contemporaine.
  • Une interprétation bouleversante : c’est une Médée multiple qui traverse le plateau pour épancher son cœur sur les tourments d’un amour-passion pour un homme charismatique, lâche et veule dans les choses de l’amour. Le plus envoûtant dans ce spectacle réside avant tout dans la polyphonie vocale de toutes ces interprètes, du chant hypnotique par Swala Emati , au lyrisme mélodique de Fernanda Barth, à la violence rauque de Daniély Francisque et la juvénile révolte de Jann Beaudry. Chaque voix de chaque Médée (formidablement incarnée  par les trois comédiennes) véhicule les chemins qu’emprunte désespérément Médée pour garder sa raison, mais qui s’engloutit inexorablement par les mensonges et les lâchetés de Jason. Vénéneux à souhait, Valentin de Carbonnières nous propose une interprétation terrifiante par son désarmant et insupportable égoïsme et son double, Josué Ndofusu, irrise la traitrise du  bien-aimé avec une désinvolture ordinaire.
  • Une modernité du propos qui fait frissonner, servie par une écriture tranchante, déchirante, lyrique. Par sa forme, chantée, psalmodiée, empruntant parfois d’autres langues cette Médée raconte tout à la fois les chemins de l’exil (qui résonnent si fort aujourd’hui), la relation amoureuse, le regard des autres et du monde sur notre identité. 
  • Et, malgré tout, un humour dans la tragédie qui forme un contraste étonnant. Le Chœur, incarné par un être hybride en la personne de Nelson-Rafaell Madel nous interpelle avec humour et humanité pour nous guider dans les méandres d’un mythe ou réalité et imaginaire se confrontent.

Quelques réserves

Absolument aucun.

Encore un mot...

  • Si la figure de l’homme n’en sort pas grandie, elle n’est jamais stigmatisée et c’est là toute l’honnêteté du propos.
  • Médée c’est aussi l’ineffable sensualité de corps meurtris, bafoués mais qui se tiennent debout jusqu’au point ultime. 
  • C’est un spectacle qui a la force des tragédies dans une langue d’aujourd’hui et qui mérite qu’on s’y précipite pour son humanité, son esthétique, son incandescence.

Une phrase

MEDEE : « Je sais encore exactement le jour où je t’ai vu la première fois. Tu remontais la rue du village; le soleil était dans ton dos. De tes contours jaillissaient des feux, ton visage était sombre. Tu étais le premier de la longue liste de ceux qui dans notre village arrivèrent fuyant la guerre, avant que la guerre n’arrive jusqu’à nous. »

L'auteur

  • Comédienne, autrice, metteuse en scène et chanteuse, Astrid Bayiha se forme au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris avec Andrzej Seweryn, Guillaume Gallienne, Mario Gonzalez, Michel Fau, et bien d’autres. 
  • Depuis sa sortie en 2010, elle travaille – entre autres – sous la direction de Catherine Riboli, Irène Bonnaud, Gerty Dambury, Eva Doumbia, Paul Desveaux, Bob Wilson, Mounya Boudiaf, Jacques Descorde, Hassane Kassi Kouyaté, Julie Kretzschmar, Arnaud Churin, Françoise Dô, Stéphane Braunschweig, Elemawusi Agbedjidji, Nelson-Rafaell Madel, Sébastien Bournac, Pierre-Marie Baudoin... 
  • En 2018, elle crée la Compagnie Hüricáne et son premier spectacle, Mamiwata, dont elle signe aussi l’écriture. Sa deuxième pièce, Je suis bizarre, parue aux Éditions Koïnè en 2020 est lauréate du prix “Coup de cœur des lycéens des rencontres Comète“, finaliste du prix “PlatO“ et finaliste de “Text’Enjeux“. 
  • Durant la saison 2022-2023, Astrid Bayiha tourne avec Angela Davis, une histoire des Etats-Unis, Seule en scène crée par Paul Desveaux. Elle joue également dans Fictions d’asile de et par Pierre-Marie Baudoin et Welfare par Julie Deliquet, créé en 2023 au Festival d’Avignon.

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