Ma vie de ténor (est un roman qui m’intéresse beaucoup)

Tout (commence et) finit par des chansons
De
Hector Berlioz
Mise en scène
Olivier Broche
Avec
Jean-François Novelli et Romain Vaille au Piano

Adaptation: Olivier Broche, Jean-François Novelli

Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre des déchargeurs
3 rue des déchargeurs
75001
Paris
01 42 36 00 50
Mercredi, Jeudi, jusqu’au 28 octobre 2021

Thème

• Un ténor raconte sa vie, ses débuts difficiles, ses premiers succès, l’inévitable séjour en Italie, « patrie du beau chant », la gloire enfin qui lui fait atteindre l’Olympe, les femmes et la fortune. Ses exigences alors deviennent folles, il tyrannise les compositeurs, demandant des vocalises, ajoutant des broderies au texte, « s’arrêtant sur les syllabes brèves, courant sur les longues, détruisant les élisions, mettant des h aspirés où il n’y en a pas, respirant au milieu d’un mot. » Tout est bon, « pourvu que cela favorise l’émission d’une de ses notes favorites ».

Puis vient le déclin, la voix qui lâche. Le ténor « doit décapiter toutes les phrases et ne chanter que dans le médium ». Il s’efface dans l’obscurité de l’indifférence et de l’oubli. « Tout est consommé ! le dieu n’est plus ! »

 • Le récit est ponctué d’airs – poèmes harmoniques, extraits d’opéra - d’Antoine Albanese (« Les tendres souhaits », magnifique !, dans lequel les plus âgés reconnaîtront l’indicatif de Bonne nuit les petits), de Hyacinthe Jadin (« Romance à la Lune »), de Rossini, de Niedermeyer, de Donizetti, de Tchaikovsky, de Bizet et, bien sûr, de Berlioz lui-même.

Points forts

• La voix de Jean-François Novelli est superbe, formée à la musique baroque et à l’opéra du XIXe siècle et parfaitement soutenue par le remarquable pianiste qu’est Romain Vaille. • L’engagement et la sincérité de ces deux artistes méritent d’être salués.

• Le travail de clown par lequel il est passé donne à ce spectacle une légèreté bien plaisante comme du reste, les changements de costumes qui, dans leur extravagance et leur élégance, rehaussent les couleurs du récit.

Quelques réserves

• On ne comprend pas bien le sens du premier costume (une chemise de nuit, une fraise autour du cou et des patins à roulettes aux pieds) si ce n’est qu’il installe d’emblée la pièce dans la dérision voire la farce, ce que confirment l'emprunt à ABBA et la sérénade du comte Almaviva façon pop star, heureusement la qualité de ce qui suit l’emporte sur la pochade. 

• On peut regretter surtout l’absence de ces « tubes » qu’on a toujours plaisir à réentendre : d’autres extraits, plus connus - mais oui pourquoi pas ? - , du Barbier de Séville, de L'élixir d'amour ou d’Eugen Onegin, et même quelques airs de Carmen ( " La fleur que tu m'avais jetée " ) eussent été bien savoureux.

Encore un mot...

Ce moment de théâtre musical permet de découvrir des pépites lyriques et de suivre la vie d’un ténor que sa vanité candide et son talent rendent vulnérable à tout ce qui, dans l’art et dans la vie, peut égratigner l’ego et blesser les rêves. La distance, voire la dérision avec laquelle Jean-François Novelli donne corps et voix à ce parcours en font un bien joli spectacle, amusant et émouvant qui mérite le déplacement.

Une phrase

 « Après mon premier rôle, qui me vaut un éclatant succès, j’en essaie quelques autres avec des fortunes diverses. J’en accepte même de nouveaux, que j’abandonne après trois ou quatre représentations si je n’y excelle pas autant que dans les rôles anciens. Je peux briser ainsi la carrière d’un compositeur, anéantir un chef-d’œuvre, ruiner un éditeur et faire un tort énorme au théâtre. »

L'auteur

• Adapté de la 6ème soirée des Soirées d’orchestre publié par Berlioz en 1852, Étude astronomique, révolution du ténor autour du public. Vexation de Kleiner le jeune, le texte est transposé ici à la première personne.

• Ce spectacle a été créé en résidence à la cité de la voix à Vezelay, au théâtre de la Manekine et au théâtre de l’usine à Éragny dans le cadre du festival de Pontoise.

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