Madame Marguerite

Stéphanie Bataille, à la hauteur d'Annie Girardot ou presque, c'est pas peu dire
De
Roberto Athayde
Mise en scène
Anne Bouvier
Avec
Stéphanie Bataille
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Le Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006
Paris
0145445734
Jusqu'au 2 janvier 2018: du mardi au samedi à 19h.

Thème

Madame Marguerite est professeur d’élèves de CM2, à la transition si essentielle entre l’école primaire et le lycée, cette sacro-sainte classe de 6ème accessible alors par un examen. 

Ecrite en 1970, en écho aux dictatures qui frappaient l’Amérique du Sud, cette pièce répond aujourd’hui, dans sa manière baroque, agressive et tendre à la fois, à l’immense problème de l’éducation d’enfants dont une grande partie hélas, ne savent encore ni lire ni écrire une fois passés en 6ème. 

La force du Théâtre, c’est d’être capable de nous tendre des miroirs divers, selon l’évolution de nos sociétés.

Points forts

– On sent une très forte cohésion entre les deux femmes qui sont à la base de cette présentation, dans une traduction nouvelle à laquelle semble-t-il l’auteur a participé. Anne Bouvier le metteur en scène et Stéphanie Bataille y ont mis tout le cœur.

– J’appartiens à la génération qui a pu applaudir Annie Girardot. Stéphanie Bataille a le don de s’approprier totalement le personnage. Elle n’est pas une écorchée vive, elle est vaillante, battante, ardente, agressive, même si parfois, dans son enthousiasme, surgissent des émotions et des lueurs étranges dans ses regards aigus. Ses propos parfois grivois sont violents, souvent drôles, mais d’une drôlerie acide et quelque peu cruelle.         

– L’éducation est au cœur du propos. Les enfants sont secoués, aimés, maltraités, menacés, dans ce monologue qui tente de les persuader de ce à quoi ils peuvent prétendre. Elle incite à l’obéissance, surtout à la discipline, essentielle pour l’individu en formation. La manière est forte, quelque peu dictatoriale.

– L’évocation du Directeur tout puissant et mystérieux, m’a fait cette fois-ci penser à l’inquiétant « Big Brother» de George Orwell. Là encore réside la puissance de ces sensibilités d’Amérique du Sud, ou sacré et profane se côtoient. 

Quelques réserves

Franchement, je n’en ai pas trouvé.

Encore un mot...

Nous assistons à une réelle performance de Stéphanie Bataille qui recrée le personnage, à sa propre mesure et selon sa nature profonde de femme engagée et ardente. 

La pièce s’oriente indéniablement vers l’immense problème éducatif dans nos sociétés multiformes, où les chances ne sont plus les mêmes, du fait que nombreux sont les enfants qui ne parlent plus le français dans leur foyer. Elle nous fait réfléchir à cette responsabilité majeure : l’école aide à conduire hors de l’enfance, les êtres humains en devenir.

Une phrase

« Maintenant, qu’est-ce qu’un enseignant ? A quoi sert Madame Marguerite ? A qui ? Parce que vous, on ne vous a pas demandé votre avis. Vous, vous êtes là et… (Avec la main, elle fait le geste qui signifie : vous la fermez.)

Ce sont vos parents qui vous ont fait le coup. Est-ce qu’il il y quelqu’un qui est venu tout seul ?... Bon. Et pourquoi ? Il doit y avoir une explication. Très simple. Et Madame Marguerite va vous la donner tout de suite. Vous remarquerez qu’avec moi, c’est toujours comme ça : Madame Marguerite vous expliquera toujours tout. Aucun problème. » 

L'auteur

Roberto Athayde  est un cinéaste, écrivain poète et dramaturge brésilien né à Rio de Janeiro en 1949. Il est essentiellement connu pour sa pièce « Apareceu a Margarida » devenu « Madame Marguerite »,  la célèbre pièce qui incita de nombreuses grandes  comédiennes du monde entier à incarner cette institutrice si particulière.

Egalement auteur de livres historiques, tant sur le Portugal que sur le Brésil, Roberto Athayde a publié aussi de nombreuses œuvres littéraires et poétiques.

Francophone, il a revu, lui-même, l’adaptation de "Madame Marguerite" sur la scène du Lucernaire.

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