Orgueil et préjugés… ou presque

It’s a kind of magic !
De
Isobel Mac Arthur (adaptation française par Virginie Hocq et Jean-Marc Victor)
Mise en scène
Johanna Boyé
Avec
Emmanuelle Bougerolle, Lucie Brunet, Céline Espérin, Magali Genourd, Agnès Pat’, Melody Linhart (guitare)
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre Saint-Georges
51, rue Saint-Georges
75009
Paris
01 48 78 63 47
Jusqu’au 28 juin 2025. Du mercredi au samedi à 21 h, le dimanche à 17h

Thème

  • Mrs Bennet se désole et s’inquiète pour l’avenir de sa maisonnée : si aucune de ses cinq filles ne trouve un bon parti, l’ensemble de ses biens ira, au décès de son mari, vers son frère, le lubrique Pasteur Collins.

  • C’est dire si l’enjeu des bals municipaux ou familiaux qui s’annoncent n’est pas mince, d’autant que de riches et jeunes célibataires viennent d’arriver, en la personne du charmant Charles Bingley, venu avec son meilleur ami, d’Arcy, un noble taciturne et arrogant.

  • Si Bingley tombe immédiatement sous le charme de la belle Jane, l’aînée des filles Bennet, on ne peut pas dire que le premier contact entre d’Arcy et Elizabeth, la plus vive, intelligente, mais aussi orgueilleuse des filles Bennet, se déroule sous les meilleurs auspices. 

  • Le spectacle prend le parti de raconter l’intrigue conçue par Jane Austen depuis un narrateur collectif, constitué du petit monde de la domesticité qui évolue aux côtés des jeunes filles en émoi de la bonne société britannique du début du XIXe siècle.

Points forts

  • Pas simple (du tout) de faire rire toute une salle ni de surprendre le public d’un bout à l’autre du spectacle. C’est pourtant la gageure accomplie par cet Orgueil et préjugés… ou presque : grâce à une adaptation remarquablement menée, on a droit à des dialogues percutants, parfois assez épicés, mais qui, l’air de rien, rappellent ce que fut la condition des femmes (y compris dans la bonne société britannique) au XIXe siècle, des situations interprétées à bride abattue par cinq comédiennes, qui se passent parfaitement d’homologues masculins, y compris pour endosser les rôles de Bingley ou d’Arcy. C’est à juste titre qu’au final, elles peuvent lancer leur « Nous sommes les championnes » sur un air de Queen !

  • L’énergie circule, des accélérations de récit surprennent agréablement, le rythme ne se perd à aucun moment, la mise en scène est d’une grande efficacité, qui sert parfaitement l’intrigue et la fluidité de la circulation sur le plateau, comme dans les changements de rôle (chaque comédienne, épatante, campe deux personnages, voire plus).  

  • L’ensemble est agrémenté des grands titres de la pop anglaise des années 1960 à 1990, de All you need is love à All by myself, en passant par Queen, Bowie etc, choisis avec soin et interprétés au chant, en délicats arpèges ou en riffs furieux à la guitare électrique par la talentueuse Melody Linhart, venue en voisine puisque formée au conservatoire du 9e arrondissement de Paris... 

Quelques réserves

  • On passe bien volontiers notre tour pour nourrir cette rubrique. 

Encore un mot...

  • C’est à une relecture particulièrement réjouissante et parfois dessalée (sans être vulgaire) de l’une des œuvres majeures (et les plus adaptées) de Jane Austen que nous sommes invités à assister. Nul doute que l’illustre femme de lettres anglaises - qui avait publié Pride and Prejudice en 1813 sans faire figurer son nom sur la couverture pour cause de convenances de l’époque - eut goûté cette adaptation particulièrement décapante !

  • On passe donc une soirée mémorable en compagnie des Bennet mère et filles, don’t we ?

Une phrase

  • Mrs Bennet mère [de cinq filles, parlant de son mari]: « Dieu tout puissant, pourquoi n’y avait-il pas dans ses bourses molles de quoi me faire un fils ? »

  • D’Arcy [à Elisabeth Bennet] : « Miss Elizabeth, savez-vous respirer par le nez ?
    - Elizabeth [interrompue dans sa tirade et décontenancée] : Euh…oui 
    - d’Arcy : … Alors fermez votre bouche et laissez moi parler ! »

  • Lydia [à la conquête d’un sémillant officier de passage] : « J’suis ta Vénus / R’garde pas ailleurs / Mon tirailleur ! » [sur l’air de I’m your Venus I’m your Fire des Schocking Blue].

L'auteur

  • Orgueil et préjugés… ou presque est l’adaptation française par Virginie Hocq et Jean-Marc Victor de celle qu’Isobel McArthur fit à partir du roman de Jane Austen. Produite en Ecosse en 2018, Pride and Prejudice… sort of rencontre un vif succès public et critique et part en tournée, avant de se donner à Londres à partir de 2021. Depuis, la pièce accumule les représentations, les tournées, les éloges et les distinctions, dont le Laurence Olivier Award de la meilleure pièce de divertissement en 2022. 

  • La base d’Orgueil et préjugés… ou presque comme de son adaptation repose sur le deuxième des six romans publiés par Jane Austen (1775-1817). Son œuvre ne commença à être reconnue qu’une dizaine d’années après la mort d’Austen, alors qu’outre ses qualités littéraires, elle nous apporte un éclairage passionnant sur la vie, les hiérarchies et les moeurs au sein de la noblesse terrienne britannique au tournant des XVIIIe et XIXe siècles.

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