Savannah Bay

De
Marguerite Duras
Mise en scène
Didier Bezace
Avec
Anne Consigny, Emmanuelle Riva
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre de l'Atelier
1 place Charles Dullin
75018
Paris
01 46 06 49 24
Jusqu'au 9 mars 2014

Thème

Marguerite Duras a écrit Savannah Bay, pour le théâtre, en 1982. Cette pièce est entrée au répertoire de la Comédie Française en 2002. Le thème:  Une très jeune fille s'est donnée la mort par amour, 20 ans auparavant, après avoir mis au monde une petite fille. Celle ci, dans un face à face renouvelé chaque jour, va aider sa grand mère, qui fut actrice de théâtre et dont la mémoire sombre progressivement, à se souvenir du drame de Savannah Bay. 

Elles apprenent à s'aimer au fur et à mesure que la trame de leurs deux vies se dénoue.

          Nous sommes spectateurs du mystère qui entoure les souvenirs, la vieillesse, l'amour et         
          la mort.

Points forts

1 Le texte de Marguerite Duras est éblouissant ! Il vous embarque loin vers le passé qui fut lumineux et si douloureux qu'il n'a laissé derrière lui que solitude et vide. 

La langue admirable et si particulière de Duras sert avec une intensité rare ce travail répétitif et décousu nécessaire pour accéder au souvenir. On va, on vient, entre hier et aujourd'hui, dans une construction poétique qui mêle les épisodes du temps.  
Elle écrit l'absolu de l'amour et la mort indissociables, la fragilité et la violence, la comédienne de théâtre "splendeur de l'âge du monde" qui s'enfonce dans la vieillesse et aussi la naissance au quotidien et au delà de la souffrance insondable des souvenirs, d'une relation d'amour entre les deux femmes.

2 Les comédiennes, bouleversantes, servent le texte au delà de ce dont on peut rêver. Madeleine, Emmanuelle Riva, et sa petite fille, Anne Consigny, nous offrent un moment inoubliable: 

- La première nous subjugue par la force de son talent. Il y a dans son jeu, une vérité et une profondeur qui nous font voyager vers l'essence même de l'être. Elle en explore les facettes les plus secrètes et au fil des souvenirs mêle nostalgie et distance, souffrance voilée et espièglerie. Emmanuel Riva est intense jusque dans le regard vide de Madeleine, vibrante indéfiniment, libre sans limites.

- La seconde, Anne Consigny, lui offre une résonance sans failles dans sa séduisante et intemporelle féminité. Il y a la musicalité particulière de sa voix qui s'accorde si bien à celle de Madeleine, sa grâce solide et la tendresse des gestes qu'elle fait si facilement jaillir. Un tempérament sous la légèreté, un élan dans la douceur. Une belle comédienne qui va au fond des choses, des rôles, sans s'épargner.

3 Il ne faut pas manquer d'être à l'écoute des mains des deux actrices:
- Celles d'Emmanuelle Riva, sur son vêtement noir, sont animées d'une vie propre et en disent autant que son visage sur l'intensité de ses émotions. Regardez les serrer, caresser les étoffes et les animer de vie.…
- Celles d'Anne Consigny  l'accompagnent aussi dans la tendresse et l'intense attention à l'autre. 

4 Superbe travail de Didier Bezace. Il a inséré dans l'intimité des scènes de rencontres entre les deux femmes des mouvements scénographiques (l'arrivée de Madeleine, majestueuse dans son manteau pourpre, puis son départ pour retrouver Savannah Bay; le passage éclair de la jeune fille en maillot) qui donnent une réalité à des souvenirs fugitifs.

Le décors blanc immaculé baigné de soleil est aussi inattendu que séduisant.

On peut y rêver sans entraves....

5 Et toujours le piano, le saxo et la chanson de l'amour fou de Piaf et le bruit de la mer........

Quelques réserves

Je n'en vois pas

Encore un mot...

En deux mots
Alors que la salle applaudit à tout rompre et crie son admiration, on sent les spectateurs encore bouleversés par l'intensité de ce qui leur a été donné de voir et d'entendre.

Aux deux comédiennes qui nous saluent nous ne pouvons que dire merci !

Ne manquez pas ce moment de pure grâce. Vous vous priveriez de l'inoubliable ! 

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche

Théâtre
La peur
De
D’après la nouvelle de Stefan Zweig (librement adaptée)