Tom na Fazenda (Tom à la ferme)

A corps et à cri
De
Michel Marc Bouchard
Traduction : Armando Babaioff
En brésilien, sur-titré en français
Durée du spectacle : 2h
Mise en scène
Rodrigo Portella
Avec
Armando Babaioff, Gustavo Rodrigues, Soraya Ravenle, Camila Nhary
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre Paris-Villette
211 Avenue Jean Jaurès
75019
Paris
01 40 03 74 20
Jusqu’au 1er avril Les mardi, mercredi, jeudi et samedi à 20h Les vendredis à 19h Les dimanches à 15h30

Thème

  • Après la mort de son amant, Tom, dévasté, se rend au fin fond de la campagne pour les funérailles. Homme de la ville - costume-cravate et chaussures lustrées - Tom arrive dans la ferme familiale de son amour, qui ne l’a jamais présenté à ses proches. 
  • Il y rencontre la mère, qui ne sait rien de l’homosexualité de son fils défunt, qui avait quitté la ferme il y a déjà longtemps. Et puis le frère, un paysan violent qui lui, sait, mais impose à Tom le mensonge pour protéger la mère.
  • Le mensonge est la condition de survie dans cette ferme. Tom va être pris au piège par ce frère brutal, qui va s’inventer bourreau et avec lequel un jeu de fascination-répulsion s’instaure rapidement. Par cette mère éplorée ensuite, qui, sans comprendre, voit en Tom la présence de son fils, et ne peut plus s’en passer. Et enfin par cette ferme où son amant a grandi, vécu, et où la vraie vie existe, dans le sang et la boue.

Points forts

  • Le plateau est recouvert d’une bâche pleine de terre. Au centre, une seule ampoule pend du plafond. Des seaux en métal éparpillés un peu partout, que la mère et le frère déplacent et reposent le temps que les spectateurs s’installent. La mère est en bottes de caoutchouc et tablier bleu, le fils en jeans et chemise sale.
  • La simplicité de ce décor nous plonge d’emblée dans une atmosphère brute et sensorielle. La terre ocre et rouge, emplit nos poumons d’une odeur d’argile, et l’air est chargé de poussière fine.
  • L’engagement absolu et viscéral des comédiens nous prend aux tripes. Il est rare au théâtre d’assister à une telle force d’incarnation et d’un total engagement physique. Les hommes ici, comme des bêtes, se cherchent, s’effraient, se torturent et s’aiment… Nous assistons à un combat comme un ballet, où les corps, les chairs, se déchirent dans la terre et la boue.
  • Bien plus qu’une pièce sur l’homophobie, c’est une réflexion sur la conformité de l’individu par la société qui voit la différence comme une chose à “néantiser“. Et à force de taire nos envies, de s’enfermer dans le mensonge, on devient des bêtes prêtent à mordre, à exploser, avec la sauvagerie comme unique forme de libération.
  • Une expérience théâtrale de ce genre est rare et confine au sublime.

Encore un mot...

  • Si le public se lève d’un seul et même mouvement, comme happé par une émotion profondément commune, c’est qu’il est impossible de ne pas rendre un peu de cet engagement brutal et inouï que nous offrent les comédiens.

Une phrase

« Avant d’apprendre à aimer, les homosexuels apprennent à mentir. »

L'auteur

  • Une des voix les plus importantes de la dramaturgie québécoise, auteur de plus d’une vingtaine de pièces, Michel-Marc Bouchard jouit d’un important rayonnement international, grâce à ses pièces magistralement construites, lesquelles explorent le plus souvent la condition homosexuelle à travers des fictions passionnelles où mythologie et Histoire sont sollicitées. 
  • Parmi ses principaux textes, mentionnons Les feluettes (1987), Les muses orphelines (1988), Le chemin des passes dangereuses (1998), Christine, la reine-garçon (2012) et La Divine Illusion (2015). 
  • Créée en 2011, Tom à la ferme a été adaptée au cinéma par Xavier Dolan en 2013. Déjà traduite en neuf langues, la pièce a connu à ce jour quinze productions, ici et à l’étranger.
  • Michel-Marc Bouchard déclarait, à propos de la présente adaptation : « Hier j’ai assisté Tom na Fazenda à Rio de Janeiro. Une des plus belles et puissantes mises en scène de ma pièce, signée par Rodrigo Portella avec la traduction de Armando Babaioff. Deux heures de pur bonheur théâtral. Une interprétation d’une grande sensibilité et d’une rare intelligence. Un plateau nu, d’immenses acteurs, une violence qui atteint le sublime, une sensualité unique sans parler de la tendresse et de la beauté. Le plus beau cadeau que l’on puisse donner à l’auteur d’une pièce c’est de lui faire oublier que c’est lui qui l’a écrite et j’ai eu droit à ce cadeau ce soir. Et le public a applaudit à tout rompre au final. Merci ! »

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